J'aurais tendance à y croire, perso.
Il a dû y avoir un bras de fer entre Tardi et son éditeur (rappelons-nous son dernier pavé, Elise, paru chez Delcourt, cette défection pourrait être liée à ce bras de fer si Casterman avait promis de ne plus rien vouloir éditer tant que Tardi n'aurait pas accouché du dixième Adèle) et cet Adèle pourrait en être le dénouement. Tardi s'est peut-être lancé à contre-cœur dans ce bouclage, mais rien ne permet de l'affirmer malgré quelques déclarations anciennes ; il aurait tout aussi bien agir spontanément en fonction des circonstances.
Il ne faut pas écarter l'hypothèse de l'artiste épuisé par une succession ininterrompue d'œuvres majeures (
Le Cri du peuple,
Putain de guerre,
René Tardi,
Elise et les nouveaux partisans) qui peut mettre un point final au dernier Adèle dans un mode semi-automatique
(je dis bien semi-automatique, car il y a quand même du boulot pour un ABS, mais c'est 44 planches et la couleur peut être déléguée), un peu comme un grimpeur, chez les cyclistes professionnels, se créée une simili journée de récupération en s'abritant dans le peloton lors d'une étape de plaine après une succession d'étapes de montagne.
Et enfin, même si Tardi est avant tout un homme de convictions qui ne place pas le fric au dessus de tout, il se peut que la parution d'un ultime ABS soit, sur le plan financier, une opération à ne pas négliger ou qui tombe opportunément. Avec un nouvel opus, il y a tout le réassort qui suit, le film qui trouvera un second ou troisième souffle, etc... De probables retombées en cascades. Le tirage d'un album de 44 ou 46 planches dans une série qu'on met habilement en lumière n'est en rien comparable avec celui d'un album comme
Elise. Les
Moi, René Tardi et
Elise, à plus de 25 euros le volume et avec des thèmes moins cocasses qu'ABS, ça touche un lectorat moins large qu'Adèle. Quand la clientèle de base est servie, que l'intégrale est parue, les ventes de ces pavés doivent décliner davantage que celles d'une série grand public et en couleurs à 12 ou 14 euros le volume.
Dans les arguments de poids de l'éditeur, la parution ou le blocage d'une intégrale d'Adèle peut y figurer.
Donc, l'une dans l'autre, et même si Tardi semblait rechigner dans des déclarations et postures plus ou moins récentes ou anciennes, on peut trouver tout un tas de raisons à ce que ce dixième ABS finisse par aboutir.
Un autre argument, toujours d'ordre pécuniaire, serait la possibilité pour Tardi de vendre sa série après avoir mis un point final à l'histoire en cours et exigé que les aventures postérieures soient nommées "Les nouvelles aventures d'ABS" par exemple. Mon petit doigt me dit que l'éditeur aurait pu revenir régulièrement à la charge sur cette question. Quand on voit comment Nestor Burma est devenue une série qui paraît de façon métronomique (ce qui n'était pas le cas lorsque Tardi en était l'auteur unique). Casterman a tout intérêt à ce que Tardi passe la main sur Adèle.
Pardeilhan a écrit:--- Bon, j'ai achevé le pavé rouge cette nuit.
Quel talent.
Quel boulot.
Immense.
Tout le monde en prend plein la gueule ; ça part dans tous les sens : un véritable régal !
Après, heureusement que la couverture est souple, car le bouquin est beaucoup plus épais que l'annuaire de la Creuse : lire au lit, c'est musculation garantie !
Même si je n'ai que les pavés cartonnés pour faire de la tonification musculaire.