Rastein a écrit:nexus4 a écrit:En fait, ca me fait mal au coeur, mais nonobstant la méticulosité du travail de Schuiten, je me demande si ce n'était pas une erreur de casting. Schtuiten est l'exacte antonyme de la Ligne claire. L'idée de la confrontation des deux styles était séduisante, mais ca ne prend pas.
Moi ce qui me fait mal c'est qu'ils s'y sont mis à trois sur le scénario, c'est des gens qui ont du métier, ce ne sont pas des poussins de basse-cour et malgré tout ils arrivent à te sortir un scénar en lambeaux. J'ai les mêmes questions d'incompréhension (il y en a plein d'autres) que se pose Yannzeman plus haut dans le topic et ça gâche mon plaisir de lecture. Le dessin peut casser la baraque mais ça ne me suffit pas et ne me donnera pas l'envie de relire cet album.
J'éprouve le même ressenti que toi. J'ai pu le lire. Mais la relecture est une purge.
A mon tour de poser une (première) question (j'en ai tout un tas, demeurées sans réponse) :
Lisa indique en page 40 que ses parents et elle ont fui la guerre civile en Egypte.
Mais de quelle guerre parlent les auteurs ?L'action de ce
Dernier pharaon se déroule au milieu des années 90
(Schuiten parle approximativement des années 90, en interview mais l'achèvement du SIS Building datant de 1994, ça ne peut pas être avant).
Entre 1950 et 1995, l'Egypte a connu, comme bien d'autres pays, des émeutes et des troubles mais je n'ai pas connaissance d'une guerre civile qui se serait déroulée entre l'époque du
Mystère de la GP (sous le règne du roi Farouk) et 1995.
Nasser a pris sans effusion de sang le pouvoir au moyen d'un coup d'Etat pour instaurer une république. Le roi Farouk, monarque régnant, a abdiqué (en vain) le pouvoir en faveur de son fils Fouad II (né en 1952, le pouvoir sera exercé par un régent), mais la monarchie fut malgré tout abolie en 1953 et le monarque déchu (un bébé) sera finalement exilé en France avant de se fixer en Suisse.
De Gamal-Abd-al-Nasser (1952) à Hosni Moubarak (2009) en passant par Anouar-el-Sadate (qui périra assassiné), l'Egypte a évidemment connu quelques tourments (combats contre la coalition franco-britannique dans l'affaire de Suez, guerres arabes contre Israël, assassinat de Sadate) mais pas de guerre civile. Tout au moins, à ma connaissance.
Certes, les parents de Lisa ont pu être amenés à quitter (voire même à fuir) le pays quand le nouveau régime s'est mis en place, avec l'abolition de la monarchie et de toute forme de féodalité. Mais ils n'ont pas quitté un pays dévasté et ravagé par des guerrillas urbaines, des tirs de mortiers et des bombardements ravageurs.
Mais dans la bouche de Lisa, lorsqu'elle parle de guerre civile et de réfugiés (pages 40 et 44), on songe justement aux situations dramatiques et aux exodes douloureux de certaines populations du monde musulman, postérieurement à la seconde guerre du Golfe. On songe plus particulièrement aux Kurdes, Irakiens, Lybiens ou Syriens. Ou encore aux réfugiés palestiniens survivant dans des conditions précaires dans des camps situés en Jordanie ou ailleurs au Moyen Orient. Et une confusion peut s'installer.
Un jeune lecteur fera facilement l'assimilation alors que la situation de l'Egypte en 1952-53 ne me semble en rien comparable aux guerres avec bombardements et déplacements massifs de populations. Et au milieu des années 90, "la question des réfugiés" en Europe ne se posait pas dans les mêmes termes que depuis une quinzaine d'années.
Lisa, ça fait plus de quarante ans qu'elle vit en "exil" (serait-elle seulement hors-la-loi chez en Egypte ?) à Bruxelles.
Quatre décennies qui justifient pleinement la remarque étonnée d'Arnaze à propos de son apparence presque juvénile, tout au moins l'allure d'une femme sur laquelle l'âge n'aurait pas de prise.