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Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede Nikolavitch » 14/04/2016 10:00

Message précédent :
EYE OF DOOM a écrit:Le numero 8 est sorti jeudi dernier.
[Révéler] Spoiler:
On s'ennuie ferme dans ce n° qui malheureusement poursuit le schema dejà repeté plein de fois précédemment. Bien sur il y a la rencontre avec le grand homme et l'idée d'utiliser l’anecdote réelle de HPL allant écouter une conférence de Lord Dunsany est plutot astucieuse. Mais in fine toujours pas de réelle tension dans ce n° concluant la seconde des trois parties.
Le lecture du journal perso est aussi bien barbante...
Tout cela tourne en rond malgré une exécution irréprochable de Jacen Burrows.
Bof-bof...

Ps : Je conseille de Dunsany le receuil de nouvelles publié chez Neo "Encore un whiskey, monsieur Jorkens ?" reedité chez Terres de brumes sous le titre Les Fabuleux Voyages de Mr Jorkens. J'ai moins accroché aux delires du Livres des Merveilles et ses suites.


Tiens, puisque tu cites les Jorkens de Dunsanny, le Néo et le Terres de Brumes, c'est le même contenu ? (j'ai le Neo, et il me semble que pas mal d'histoires de Jorkens restent inédites en français)
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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede vark » 14/04/2016 17:48

je viens de le finir, et pour ma part je l'ai trouvé très chouette
[Révéler] Spoiler:
avec la rencontre entre le "redeemer/lovecraft et le "messenger/Black" qui est un point de déclenchement annoncé/redouté par les protagonistes. Et puis un nouveau lien avec Neonomicon puisque Blake rencontre Brears enceinte pendant son rêve. Formellement, il y a aussi de belles idées comme ces lignes de dialogue de Blake et Carver qui se voient attribuées à d'autres personnages dans la case. Je vais faire l'effort de ne pas aller voir les annotations avant de le relire
.
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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede EYE OF DOOM » 14/04/2016 21:15

Nikolavitch a écrit:Tiens, puisque tu cites les Jorkens de Dunsanny, le Néo et le Terres de Brumes, c'est le même contenu ? (j'ai le Neo, et il me semble que pas mal d'histoires de Jorkens restent inédites en français)


J'ai aussi le Neo mais il me semble bien que le Terre de Brumes est le même receuil.
Les 4 autres volumes d'histoires de Jorkens ne sont jamais sortis à ma connaissance... Terre de Brumes a semble t il arrêté de publier les œuvres de Dunsany, le lectorat ne devant pas etre au RV.
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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede vark » 16/05/2016 19:17

Une analyse vraiment intéressante du choix de Burrows pour Providence (doublée d'une critique de son art) : http://www.hoodedutilitarian.com/2016/05/jacen-burrows-and-the-mystery-of-providence/
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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede EYE OF DOOM » 15/06/2016 21:59

Sortie du n°9 dernièrement :
[Révéler] Spoiler:
Ce n° est plus convainquant que les précédents, avec l'arrivée de Black à Providence.
Plusieurs nouvelles ou éléments sont sollicités, avec une bonne continuité et un scenario plus serré.
On rencontre probablement parmi les derniers protagonistes de cette histoire étrange.
Black est fidèle à lui même en délaissant un des protagonistes principaux de la secte sur laquelle il recherche des infos depuis le début et l'abandonne au bout de trois questions pour draguer un jeune homme. Il semble toujours autant à coté de l'intrigue mais on sent que cela va se dénouer sous peu.
Attention une relecture de l’épisode 4 est bien venue pour percevoir la portée du la scène finale entre HPL et sa mère.
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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede vark » 19/06/2016 12:16

Je viens de finir mon article pour décrire l'édition Kickstarter de l'act 1 contenant les 4 premiers numéros (et absolument rien d'autre d'ailleur).
http://myabsolutecollection.blogspot.fr/2016/06/providence-act-1-kickstarter-remarqued.html

J'en profite pour signaler qu'Avatar a mis en vente via Comic Cavalcade ses copies restantes de l'édition kickstarter hardcover de Cinema Purgatorio (et également les sets de photos A3 associés).
http://www.comcav.net/collections/recent-releases
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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede patoleon » 12/07/2016 18:52

Ouais ! le tome 2 est sorti en français. Je comprend toujours pas où les auteurs veulent en venir mais c'est brillant sur le fond et même la forme ; il est fort ce Moore (et ce Burrows).
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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede Oncle Hermes » 14/07/2016 17:21

D'autres retours sur ce T.2 ?

J'avoue qu'après la douche tiède du 1 je ne me suis pas précipité sur la suite pour l'instant.
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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede Donut78 » 14/07/2016 19:36

Oncle Hermes a écrit:D'autres retours sur ce T.2 ?

J'avoue qu'après la douche tiède du 1 je ne me suis pas précipité sur la suite pour l'instant.

C'est toujours dans la même veine. Peu de chance que tu aprécies plus donc.

Moi j'aime bien sans que ça soit fou. Me tarde de lire la fin quand meme, y a moyen que ça soit bien sympa.
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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede Oncle Hermes » 14/07/2016 19:54

Aïe. Le tout premier numéro m'avait donné l'espoir qu'il en aille autrement, mais avec les suivants (je parle de ceux rassemblés dans le 1er tome, n'ayant pas lu la suite) on tourne en rond, et on en revient à l'écueil d'une accumulation de références en lieu et place d'une histoire (plutôt que des références qui enrichissent l'histoire).

L'impression que Moore écrit pour ses annotateurs et non plus pour ses lecteurs. :|
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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede onehmouninehl » 19/07/2016 13:55

En cours de lecture moi aussi, j'avoue apprécier fortement le rythme de lecture lent imposé par le journal de Robert Black, et le contrepoint légèrement ironique qu'il apporte au lecteur. Par contre une lecture en "comics" serait, je pense, plus facile.
En outre, les nombreuses références à HPL de ce tome (Les Rats dans les Murs, Herbert West, Le Monstre sur le Seuil, la Couleur tombée du ciel, Démons et Merveilles, Les Chats d'Ulthar, le Modèle de Pickman et j'en passe) ne sont jamais lourdes et peuvent passer inaperçues, je pense.
Le contexte historique est bien utilisé (je n'avais pour ma part jamais entendu parler de la grève de la police de Boston mais Wikipédia m'a bien confirmé que Moore s'était documenté).

L'histoire est menée comme un scénario de l'Appel de Cthulhu... On enquête, on accumule des infos et on dévide le fil des indices... C'est répétitif, mais il pourra y avoir un final de toute beauté avec tout ce qui reste en suspens -et les indices ou clins d'yeux qui apparaissent à la relecture...

J'avais déjà eu cette impression de stagnation dans ma dernière lecture de Moore

mais la fin de l'histoire avait rattrapé le tout.
Là, je trouve que c'est déjà pas mal bon. Vivement la suite et fin !
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Messagede Oncle Hermes » 19/07/2016 14:24

onehmouninehl a écrit:J'avais déjà eu cette impression de stagnation dans ma dernière lecture de Moore [...] mais la fin de l'histoire avait rattrapé le tout.

Je croise les doigts pour que ce soit le cas, parce que ma lecture du T.1 m'a limite plus fait l'impression d'un sourcebook de jeu de rôle L'Appel de Cthulhu déguisé

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(Genre ça, et je m'empresse de dire que l'obsession du détail d'un rôliste de l'AdC typique n'a pas à souffrir de la comparaison avec celle dont se prévaut Moore !)

que d'un chef-d'œuvre du 9e Art comme le barbu en faisait naguère encore.
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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede anaxarque » 20/07/2016 10:50

J'ai découvert Lovecraft à l'adolescence, avec les quatre recueils "Présence du Futur" publiés aux éditions Denoel, ainsi que ceux publiés par Pocket et par J'ai lu. Par la suite, j'ai trouvé un exemplaire d'occasion de ses poèmes et du premier tome de ses lettres.

J'ai également lu de nombreux livres sur l'homme et son œuvre, comme "le Matin des Magiciens" de Jacques Bergier, Le Cahier de l'Herne qui lui est consacré, l'étude ancienne de Maurice Lévy, "Lovecraft et le Fantastique", les écrits savants de Michel Meurger dans la revue "Le Visage Vert" et les "Cahiers d’études Lovecraftiennes", mais aussi le petit livre de Michel Houellebecq où sous couvert de dresser une biographie de Lovecraft, il dévoilait sa propre psyché. Plus tard, en me mettant à l'anglais, j'ai lu certaines contributions de ce qu'il faut bien présenter comme l'expert du sujet, S. T. Joshi.

Cependant, je ne parviens toujours pas à cerner HPL.

Plus je lis de choses sur Lovecraft, plus je relis ses textes, plus je découvre que son œuvre est complexe, ambiguë, contradictoire. Elle est saturée de références, voire de déférences pesantes à d'autres auteurs comme Dunsany, Chambers, Machen.

Lovecraft était un WASP (White anglo saxon protestant) bien de son temps : en parlant en termes actuels on dirait qu'il est misogyne, homophobe, antisémite, ségrégationniste, raciste, etc. Quoique chez-lui, sa détestation d'autrui confine à une misanthropie absolue et maladive.

Ses relations névrotiques, voire psychotiques, avec sa mère, n'ont pas grand chose à envier avec celles qu'entretient Norman Bates avec la sienne, or, pour rappel, le roman Psychose, adapté par Hitchcock au cinéma, fut écrit par un ami proche et un disciple de Lovecraft, Robert Bloch qui s'est certes servi du profil psychologique du tueur en série Ed Gein pour créer son Norman Bates, mais qui a aussi, on peut légitiment le penser, songé à HPL...

Pourtant, dans le même temps, il va se marier, brièvement certes, et avoir des rapports sociaux intenses avec ses disciples en échangeant de très nombreux courriers où "tonton Théobald", comme le nomment Robert Bloch, Robert Howard, August Derleth et les autres, leur donne de judicieux conseils d'écriture et de vie.

Un misanthrope qui aime les gens, quel bonhomme !

Providence d'Alan Moore, m'est apparu comme un énorme risque pris par le mage barbu de Northampton. Rendre hommage au reclus de Providence, en jouant sur la biographie réelle d'HPL et sur les aspects de "son mythe", tout en livrant une œuvre solide, c'est audacieux.

Je mets l'expression mythe entre guillemets, puisque, si l'on excepte son recueil de poèmes Fungi de Yuggoth, où les grandes entités du « panthéon » sont présentées, Lovecraft n'a jamais tenté d'unifier ou de faire une mythologie : ce seront ses disciples qui s'en chargeront, pour le meilleur et le pire.

D'autant que les deux hommes n'ont guère de choses en commun, si ce n'est leur autodidactisme, et leur érudition : HPL est un réactionnaire névrotique ; Alan Moore est un anarchiste, un libertaire, qui a publié le "pornographique" Lost Girls qui aurait certainement indigné le pudibond HPL.

Je viens donc d'achever la lecture du second tome de Providence chez Panini, puisque, pour une fois, l'éditeur original US, Avatar, n'a pour l'heure sorti qu'une édition deluxe du premier volume, similaire à l'édition Panini, tirée à 6 666 exemplaires...

Avatar n'est pas un gros éditeur de BD. Il s'est spécialisé dans le genre horrifique outrancier réservé aux adultes.
Dans son catalogue, on trouve ainsi Crossed, la version hardcore de Walking Dead. Avatar parvient néanmoins à débaucher le temps d'une mini-série de grands scénaristes, comme Warren Ellis, Garth Ennis ou encore Alan Moore qui viennent s'y défouler. hélas, les dessinateurs ne sont pas aussi prestigieux.

Alors que dire de Providence, après cette trop longue introduction.

Le gros point noir de Providence reste, à mon sens, le dessin.
Jacen Burrows fait ce qu'il peut, mais ses personnages semblent faits de cire et restent statiques, ils ne dégagent que fort peu d'émotions. Certes, on s'y fait, il y a pire, mais quand même, on pouvait s'attendre à un meilleur artiste pour Alan Moore.

L'intrigue est saturée par les références à Lovecraft, Chambers, Dunsany. Parfois trop. Mais comment faire différemment ? L’œuvre constitue un hommage à HPL et à son œuvre, on doit en passer par là. Et puis le fan est content de voire une doublure d'Asenath Waite, où des créatures d'Insmouth, ainsi que moult clins d’œil aux Grands Anciens et à leurs amis.

D'ailleurs, à ce propos, je me demande si le non lovecraftien peut comprendre et déceler ces allusions dans les pages de Providence. Certes, Panini a inséré de petits mais utiles avant-propos et postface aux livres, mais, pour bien faire, il faudrait presque annoter toutes les pages. Or, ces clins d'œil contribuent énormément au plaisir de la lecture de Providence.

Je trouve, comme d'autres dans ce topic, que les pages du journal de Black, sont redondantes, et ne font que redire, en plus verbeux, ce que l'on vient de voir. On note, tout de même une inflexion dans les derniers chapitres, où Robert, commençant à perdre pied, voit son style devenir erratique, troublé, comme celui de nombreux "héros" lovecraftiens quand ils découvrent, trop tard, qu'ils sont mal tombés, je pense à "l’abîme du Temps" ou au "Cauchemar d'Innsmouth".

La vraie et superbe trouvaille de Moore est son héros, Robert Black, (un hommage à Robert Bloch, disciple de HPL mais qui est devenu un auteur réputé indépendant du style et des thémes son maître ?), un journaliste venu enquêté sur l'occulte dans la Nouvelle Angleterre.

Black est, en effet, l'archétype de tout ce que Lovecraft haïssait et qu'il transfigurait dans ses fictions sous la formes d'entités cosmiques dangereuses ou de monstres rendant fou.

Black est un authentique progressiste qui est assommé par la pudibonderie de l'Amérique WASP, la ségrégation lui pose un problème moral et n'a rien contre le metissage qu'abominait Lovecraft. Il a réussi sa vie professionnelle, à la différence d'HPL. Il aime côtoyer des gens, il est séduisant, à l'aise en société, il se montre volontiers séducteur avec la gent féminine, mais n'a pas honte de son homosexualité.

Black est l'anti-Lovecraft. Bref, il est comme un "monstre" au sens de la psyché névrosée de Lovecraft qui se trouve projeté dans le monde monstrueux du reclus de Providence.

Je n'ai, pour l'heure, rien à reprocher à la plume de Moore, mais je pense qu'il faudra attendre la parution du volume final pour savoir si nous tenons-là un chef d’œuvre, ou simplement un excellent moment de lecture, ce qui n'est pas si mal.
Dernière édition par anaxarque le 20/07/2016 10:56, édité 1 fois.
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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede onehmouninehl » 20/07/2016 10:56

...comme l'indique d'ailleurs la dernière phrase du journal de Black...



(et je trouve que Burrow se débrouille pas mal, pour mon compte. Le côté figé (absence totale, je crois de ligne de mouvements par exemple) du dessin est à mettre en parallèle avec le style rigide de Lovecraft.)
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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede patoleon » 20/07/2016 12:10

Le gros point noir de Providence reste, à mon sens, le dessin.


Ah non ! là je suis pas d'accord. A mon sens le dessin est un gros point fort, je m'explique :

Le choix du Jacen Burows est très très étonnant, normalement on s'attend a un dessinateur capable d'exprimer l'indicible, l'horreur, etc. avec un trait flou, lourd, sombre, etc. Or là, on a affaire a un dessinateur avec une ligne claire, pure, quasi hergéènne (si je puis m'exprimer ainsi). En fait Burows est, en apparence, le pire dessinateur possible, pourtant ça fonctionne ; ça cours même (avec moi). Depuis le début Moore a fait du héros, comme tu le dit, un anti-lovecraft tout en opposition avec sa philosophie. Le dessin a mon avis participe de ça, et est en opposition complète avec l'iconographie Lovecraftienne. Franchement je sais pas pas si c'est moi qui "pense" trop, mais faire un hommage qui fonctionne tout en opposition sur le fond et la forme avec la cible, c'est fort et y faut être sévèrement burné.
J'ajoute que, à titre personnel, je déteste les continuateurs/imitateurs de Lovecrat sauf Clark Ashton Smith et Brian Lumley car il ne cherchent pas à faire du Lovecraft (il est unique). C'est ce que fait aussi Moore à mon avis (je suis pas un adorateur lobotomisé de Moore, y'a des trucs qu'il a fait que je déteste).

Cependant, je ne parviens toujours pas à cerner HPL.


Ouais alors là... on a a dit beaucoup sur Lovecraft et parfois clairement dans le but d'en rajouter des caisses pour satisfaire au cliché de l'écrivain maudit (si pas aussi dans un but mercantile).
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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede Oncle Hermes » 20/07/2016 13:48

patoleon a écrit:Franchement je sais pas pas si c'est moi qui "pense" trop, mais faire un hommage qui fonctionne tout en opposition sur le fond et la forme avec la cible, c'est fort et y faut être sévèrement burné.

En même temps, comme le rappelait Anaxarque, Moore *est* en opposition complète avec Lovecraft. Fasciné, sans doute, mais certainement pas fan. Je ne sais pas si le terme d' "hommage" est le plus approprié.

patoleon a écrit:J'ajoute que, à titre personnel, je déteste les continuateurs/imitateurs de Lovecrat sauf Clark Ashton Smith et Brian Lumley car il ne cherchent pas à faire du Lovecraft (il est unique). C'est ce que fait aussi Moore à mon avis (je suis pas un adorateur lobotomisé de Moore, y'a des trucs qu'il a fait que je déteste).

Je ne me prononcerai pas sur Lumley que je ne connais que de nom, mais Clark Ashton Smith c'est au moins autant un prédécesseur de Lovecraft qu'un "imitateur". Comme tous les membres du "cercle de Lovecraft" (qu'on pourrait aussi bien appeler "cercle de Smith" vu que c'est autour de lui que la plupart se sont "rassemblés", épistolairement du moins, et HPL y est "entré" ensuite), il a créé son petit lot de divinités monstrueuses au nom bizarre (essentiellement dans ses nouvelles "hyperboréennes"), divinités qui ont ensuite été intégrées au "panthéon" par les continuateurs, mais ça s'arrête là. Et il est encore plus "unique" que Lovecraft, ne serait-ce que parce que, lui, personne ne l'a imité ensuite. :siffle:

patoleon a écrit:
Cependant, je ne parviens toujours pas à cerner HPL.

Ouais alors là... on a a dit beaucoup sur Lovecraft et parfois clairement dans le but d'en rajouter des caisses pour satisfaire au cliché de l'écrivain maudit (si pas aussi dans un but mercantile).

Et le jour où on tombe pour la première fois sur une photo de Lolo déguisé en cow-boy pour un barbeuq', c'est le drame. :lol:
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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede anaxarque » 20/07/2016 14:52

Patoleon écrit :
Franchement je sais pas pas si c'est moi qui "pense" trop, mais faire un hommage qui fonctionne tout en opposition sur le fond et la forme avec la cible, c'est fort et y faut être sévèrement burné.


Je crois que c'est le but d'Alan Moore dans Providence. J'espère qu'il tiendra la cadence et parviendra à cet objectif !

Humainement, Moore et Lovecraft sont opposés sur leur idéologie et leur mode de vie. Pourtant, tous les deux sont des auteurs de "fantastique". HPL est le vieux maître, Moore le disciple.

Et Moore étant un vrai disciple, il s'oppose au Maître en utilisant contre lui, tout ce qu'il lui a enseigné.
John Carpenter dans film "l'Antre de la folie",en fit de même, il lui rendait hommage, tout en l'exorcisant pour mieux s'en détacher, en le présentant sous les traits de l'écrivain qui rend fou, Sutter Cane.

Quoi qu'on pense de HPL (de sa personnalité, de la lourdeur de certaines de ses oeuvres), c'est lui qui pose les jalons de l'horreur et du fantastique moderne. Machen, Dunsany et Chambers sont certes injustement oubliés, mais c'est ainsi.

Tous les écrivains fantastiques, toutes les BD horrifiques américaines et disons-le occidentales, sont influencées par HPL, dans le sens où leurs auteurs ont lu (cela ne veut pas dire aimer de manière fanatique) Lovecraft et se plient aux règles narratives qu'il a imposées. Sans HPL, il n'y aurait pas eu de Stephen King, de Robert Bloch, de John Carpenter mais aussi de Lone Sloane, de Sanctuaire, etc.
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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede patoleon » 20/07/2016 19:59

mais Clark Ashton Smith c'est au moins autant un prédécesseur de Lovecraft qu'un "imitateur".


C'est vrai j'ai un peu exagéré mais toute façon la seule chose a faire c'est le lire, c'est un super écrivain.

Humainement, Moore et Lovecraft sont opposés sur leur idéologie et leur mode de vie. Pourtant, tous les deux sont des auteurs de "fantastique". HPL est le vieux maître, Moore le disciple.


J'aime beaucoup cette vision des choses mais maintenant j'ai une étrange image dans la tête : un Lovecraft qui dit à Moore "Je suis ton père Alan !"
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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede EYE OF DOOM » 20/07/2016 22:26

Je continue le quasi hors sujet
Cher anaxarque, je ne suis absolument pas d accord avec tes assertions.

anaxarque a écrit:Quoi qu'on pense de HPL (de sa personnalité, de la lourdeur de certaines de ses oeuvres), c'est lui qui pose les jalons de l'horreur et du fantastique moderne. Machen, Dunsany et Chambers sont certes injustement oubliés, mais c'est ainsi.

Tous les écrivains fantastiques, toutes les BD horrifiques américaines et disons-le occidentales, sont influencées par HPL, dans le sens où leurs auteurs ont lu (cela ne veut pas dire aimer de manière fanatique) Lovecraft et se plient aux règles narratives qu'il a imposées. Sans HPL, il n'y aurait pas eu de Stephen King, de Robert Bloch, de John Carpenter mais aussi de Lone Sloane, de Sanctuaire, etc.


Le fantastique moderne ne doit justement rien à HPL qui poursuivrait au contraire une vision plutot 19eme siècle tant dans le style que dans le fond (Dieux, Demons, Possession,folklore nouvelle angleterre, ...). Il est mème franchement en réaction et a pour origine les œuvres emblématiques et fondatrices de R Matheson et PK Dick (pour ne pas remonter à HG Wells et Rosny l'ainé avant et évoquer JG Ballard apres...).

Tu cite Stephen King: je ne vois pas les liens entre l'auteur de Carrie, Dead Zone ou Christine et HPL, par contre la dette est immense envers Matheson (et il le reconnait volontiers).
De même pour R Bloch c'est oublier sa production policière qui de mémoire n'a pas de connexion avec HPL.
Idem pour Carpenter, l'Antre de la Folie est un film d'une filmographie qui parcours un champs et des registres beaucoup plus vastes (Invasion LA, Assaut, ...) sans aucun lien avec HPL.

Quant aux "BD horrifiques américaines et disons-le occidentales"...
Hum, dans les années 50 aux EC Lovecraft est une source tres mineure au sein d'un héritage et d'influences beaucoup plus riches (Bradbury evidement mais aussi Fredric Brown, Harlan Ellison, ...).
Idem dans les années 70 pour les publications Warren, HPL est un élément devenu comme un autre, au sein du corpus de références fantastiques possibles.

Dire que "tous les écrivains fantastiques se plient aux règles narratives qu'il a imposées", c'est méconnaitre la richesse du genre fanstastique pendant et apres Lovecraft.

Quant à Druillet, il a effectivement fait ces plus belles œuvres en traduisant graphiquement les visions de HPL, mais en mixant de nombreuses influences du 19eme telle que John Martin.

anaxarque a écrit: HPL est le vieux maître, Moore le disciple.


Enfin Moore disciple de HPL c'est ridicule. Il n'y a rien de HPL ni dans le fond ni dans la forme dans Watchmen, From Hell ou V pour Vendetta pour citer les 3 chefs d'oeuvres de Moore.
Moore s'est toujours intéressé à l'oeuvre de Lovecraft, cela n'en fait absolument pas un disciple. Il interroge cette mythologie comme il interroge celle de Jack l'eventeur ou celle des comics, ou les mythologies du roman populaire dans La ligue.

Je ne crois pas que l'oeuvre de HPL ait besoin d’être la source et le modelè toute la littérature fantastique du 20eme siecle pour etre essentielle et incontournable.

Pour en revenir à Providence, j'ai donné ma vision pages precedentes au fur et a mesure des publications en EO (attention spolier sur le N°9).
Suite ce mois d'Aout avec le N°10.
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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede lobo » 21/07/2016 00:19

Le fantastique moderne ne doit justement rien à HPL qui poursuivrait au contraire une vision plutot 19eme siècle tant dans le style que dans le fond (Dieux, Demons, Possession,folklore nouvelle angleterre, ...). Il est mème franchement en réaction et a pour origine les œuvres emblématiques et fondatrices de R Matheson et PK Dick (pour ne pas remonter à HG Wells et Rosny l'ainé avant et évoquer JG Ballard apres...).
Tu cite Stephen King: je ne vois pas les liens entre l'auteur de Carrie, Dead Zone ou Christine et HPL, par contre la dette est immense envers Matheson (et il le reconnait volontiers).
De même pour R Bloch c'est oublier sa production policière qui de mémoire n'a pas de connexion avec HPL.
Idem pour Carpenter, l'Antre de la Folie est un film d'une filmographie qui parcours un champs et des registres beaucoup plus vastes (Invasion LA, Assaut, ...) sans aucun lien avec HPL.

Quant aux "BD horrifiques américaines et disons-le occidentales"...
Hum, dans les années 50 aux EC Lovecraft est une source tres mineure au sein d'un héritage et d'influences beaucoup plus riches (Bradbury evidement mais aussi Fredric Brown, Harlan Ellison, ...).
Idem dans les années 70 pour les publications Warren, HPL est un élément devenu comme un autre, au sein du corpus de références fantastiques possibles.

Dire que "tous les écrivains fantastiques se plient aux règles narratives qu'il a imposées", c'est méconnaitre la richesse du genre fanstastique pendant et apres Lovecraft.

Quant à Druillet, il a effectivement fait ces plus belles œuvres en traduisant graphiquement les visions de HPL, mais en mixant de nombreuses influences du 19eme telle que John Martin.


Complètement d'accord avec EYE of DOOM. Le fantastique contemporain n'a pas grand chose à voir avec HPL et son "esprit de sérieux". Etje ne vois pas non plus de filiation entre HPL et Stephen King. D'accord aussi sur l'immense influence de Matheson sur ce même fantastique contemporain. Par contre léger anachronisme avec l'évocation d'Harlan Ellison qui fait plutôt partie de la new wave des années 60.
Druillet effectivement a un imaginaire très marqué par HPL... Entre parenthèses, ça fait des années que j'essaie d'acquérir à un prix raisonnable le Démons et Merveilles de HPL illustré par Druillet mais je l'ai jamais vu partir à moins de 300 euros. Si quelqu'un veut s'en débarasser... Mais c'est une autre histoire.
Pour en revenir à Providence, le blog de Joe Linton est quand même très très utile pour comprendre ce qui se passe. Par exemple, dans le numéro 1, qui avait fait le lien entre le "exit garden" (allusion très elliptique) et l'histoire de Robert Chambers dans The King in Yellow ? Moore on l'aime aussi pour ça.
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Re: Providence - Moore / Burrows / Avatar - Panini

Messagede anaxarque » 21/07/2016 08:17

Eye of Doom écrit :
[Révéler] Spoiler:
Idem pour Carpenter, l'Antre de la Folie est un film d'une filmographie qui parcours un champs et des registres beaucoup plus vastes (Invasion LA, Assaut, ...) sans aucun lien avec HPL.


Autant je comprends certaines de tes réserves sur ma généralisation sans doute un brin excessive, autant là, je ne suis pas d'accord, avec King et Carpenter.

L'antre de la folie, en VO John Carpenter's In the Mouth of Madness est un film sorti en 1995. Le titre évoque "At the Mountain of Madness" !


Que raconte Carpenter dans son film ? Un auteur fantastique connu, Sutter Cane, dont les livres semblent provoquer des graves troubles mentaux chez certains de ses fans (sucides, crises psychotiques et assassinats), a disparu.
Sa maison d'édition Arcane (Arkham) charge un assureur de le retrouver.

Trent, tel est son nom, est un sceptique qui ressemble en cela à beaucoup de héros lovecrafiens.
C'est un rationaliste athée, un scientiste, qui, devant l'impassable, devant une lecture folle, va perdre la raison. Le film est clairement un pastiche réussi de l'œuvre de HPL. Carpenter y rend hommage à HPL de manière constante, sans doute pour mieux aller de l'avant dans sa carrière et se détacher de cette pesante tutelle.

[Révéler] Spoiler:
Trent ne croit pas que la lecture de livres puisse rendre dingue, ni que Sutter Cane ait disparu, c'est pour lui un coup de pub sordide mais bien pensé. Il se lance à la recherche de Cane, dont on attend le prochain bouquin. Il est persuadé que, lui et sa maison d'édition, tentent d'arnaquer à la boite d'assurance qui l'emploie. En effet, si le manuscrit de Cane n'est pas publié rapidement, son éditeur touchera le pactole.
Mais, peu-à-peu, en lisant Cane pour apprendre à le connaître, Trent sombre lentement mais surement dans la folie, comme le monde entier. Car le but des livres de Sutter Cane est de plonger le monde dans le chaos afin de servir ses maîtres qui sont au dehors, des "outsiders". Trent rencontre également un "charmant" couple Pickman.


Le film est traversé par des allusions transparente, à HPL. Comment ne pas voir dans l'Antre de la folie, un hommage, irrévérencieux, à HPL ?

Concernant King, n'oublions pas qu'il a écrit quelques nouvelles hommages envers HPL et que c'est lui qui a signé la préface de l'édition américaine du livre de Houellebecq, il y note : "Je pense qu’il est hors de doute que H.P. Lovecraft est le plus grand artisan du récit classique d’horreur du vingtième siècle".

Après, chacun est libre d'avoir son avis.
Dernière édition par anaxarque le 21/07/2016 14:46, édité 1 fois.
"On Friday night, a comedian died in New York. Someone threw him out a window and when he hit the sidewalk his head was driven up into his stomach. Nobody cares. Nobody cares but me. " Roarshach's Journal, 13/10/1985.
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