Dupuis, du temps où les actionnaires majoritaires du capital portaient aussi ce nom, est l'un des premiers et certainement le principal éditeur à avoir popularisé des recueils réunissant trois albums unitaires, dans l'ordre de parution de ceux-ci.
Ça remonte au milieu des années 60 et ce type d'omnibus, chez Dupuis, a commencé avec la plus populaire de ses séries depuis l'après-guerre, Lucky Luke.
En 1967, ça donnait ça, pour les principales histoires rassemblées dans l'album qui vient de paraître. Mais hormis les pages des albums unitaires, il n'y avait rien, à l'exception de gravures à la plume du XIXe plus ou moins en rapport avec le contexte du récit. Morris, au sommet de son art, se fendait aussi d'un très joli dessin original pour orner ces recueils intitulés Lucky Luke Spécial (le nombre d'étoiles correspondant à celui du tome dans la collection).
En 1978, sortait en librairie le tome 11 se clôturant par Tortillas pour les Dalton.
Fort logiquement, Dargaud qui était un concurrent (dont les parts sociales n'étaient pas détenues par une holding mais par un actionnaire majoritaire du nom de Georges Dargaud) a voulu se lancer dans la réalisation de ce type d'album. Car Dupuis avait rencontré un certain succès avec cette formule et l'avait étendue à Buck Danny et Gil Jourdan.
C'est ainsi, qu'en 1983, Dargaud a mis sur le marché une collection dite Omnibus (avec dos noir en tissus synthétique) pour plusieurs séries à succès (Lucky Luke, Valérian, Achille Talon). Mais ce concept n'a pas été poursuivi.
Le tome 11, qui reprenait (hormis le dos noir toilé synthétique) plus ou moins la maquette des Lucky Luke Spécial chez Dupuis, n'a pas connu de successeur.
Tomes 9, 10 (Dupuis) et.............................................................. 11 (Dargaud)



La maison Lucky Comics a entretemps été créée et a repris le concept de trois albums (en principe consécutifs au catalogue) rassemblés, avec leur gravure XIXe légendée (illustration qui existait déjà dans la version unitaire) et a successivement proposé ce tome 11 sous ces deux aspects visuels (seule la couverture varie, le contenu BD étant strictement le même, à ceci près que les films se sont peut-être usés davantage au fil du temps). Autrement dit, une intégrale à l'ancienne. Dépourvue d'un véritable dossier élaboré par des historiens de la BD, riche en informations et en documents inédits ou rares.
Pour moi, quand on possède déjà l'une de ces intégrales, il n'y a aucune raison de les jeter (je garde mes Dupuis Spécial LL), chacune représentant l'équivalent de trois albums, avec un gain de place.
Mais si on vient de se lancer dans la nouvelle intégrale de Dupuis, ça ne présente aucun intérêt de vouloir faire la jonction avec ces intégrales Lucky Comics totalement dépassées et obsolètes en comparaison.
Si celle de Dupuis va à son terme, il y a des chances que Lucky Comics rajeunisse aussi ses albums pour réduire le grand écart qui se creuserait dans leur contenu respectif
(BD moins drôles et percutantes, et absence de dossier pour les albums post-Dupuis Goscinny ; le handicap d'une fraction de série par rapport à l'autre serait ainsi aggravé.).
Un des problèmes auquel l'éditeur sera toutefois confronté, c'est que l'intérêt de la série chute sérieusement après le tome 16 et l'éditeur Lucky Comics doit en être conscient. Mais comme la série bat de records avec les nouveautés de Jul et Achdé, ce projet serait peut être viable... Sachant qu'une partie du marché est déjà servie avec les collections presse
(une récente chez Hachette, pas vraiment chronologique, qui se termine, et une plus ancienne chez Atlas dont Diddu pourra te parler plus en détail).