Brian Norris a écrit:Je réponds enfin à ce topic, depuis le temps. Cette semaine, j'avais rédigé un long message ou je développais plusieurs points. Mais je ne sais pourquoi, au moment de publier, le site a buggé et m'a déconnecté. J'ai perdu tout le message. Il était tard et j'avoue ne pas avoir eu le courage de refaire le message. Du coup j'en donne aujourd'hui une version "short" sur ce que je me rappelle.
Ah ben la version longue, qu'est-ce que ça aurait été... Parce que là, tu as fait assez long quand même, pour un post sur un forum. Merci de cela quand même, surtout que tu as dû recommencer ton texte... ; je vois que tu as l'air accroché par la série.
Sinon, pour ce qui est d'avoir perdu le texte que tu avais préparé : j'ai remarqué que quand on prépare un trop long message, il arrive un moment on est déconnecté automatiquement du forum, et on perd tout. Pour remédier au problème, il faut préparer son texte dans un fichier à part, et ensuite, on se connecte au forum pour le poster.
Brian Norris a écrit:J'en suis rendu à A.M.N. et j'ai enfin trouvé un reproche à la série. (...) le point qui me ferait tilt est le rythme du scénario. Il est très enlevé. Il n'y a pas de pause.
Si ça, c'est un reproche, moi je le prends pour un compliment...! Je calcule toujours mes scénarios pour qu'il n'y ait pas de temps mort, et pour qu'en plus, sauf cas particuliers et rares, les planches soient assez denses. Francis Nicole, le dessinateur de Missions Kimono, me fait aussi régulièrement le même reproche, en disant que d'un de mes albums, on pourrait en faire 3... Peut-être... Mais je ne cherche pas à "tirer à la ligne".
Je suis d'ailleurs furieux car j'ai manqué de vigilance dans le tome 15 de Missions Kimono qui va paraître début 2014 : j'y ai repéré une demi-planche qui aurait pu être réduite à un strip, ce qui fait un petit passage à vide (court, mais ça me déplaît).
Je ne changerai pas ma manière de faire ; c'est ma "marque de fabrique" et ce le sera jusqu'à ma mort, je le crains. Un journaliste BD m'avait même dit un jour : "
Avec toi, on dirait que tes histoires pourraient ne jamais s'arrêter. Il se passe tout le temps quelque chose ; à chaque scène succède une autre scène, ton imagination semble inépuisable, et ça pourrait continuer comme ça indéfiniment...". Sauf que toute aventure, aussi longue soit-elle, s'arrête un jour, quand même... Et après je passe à un autre thème, un autre cycle.
Brian Norris a écrit:Sinon l'atout maître de la BD reste son réalisme. Et c'est souvent lui qui rattrape des passages ou on pourrait se dire: "ça ce n'est pas crédible" ou "ça c'est trop gnangnan". Souvent, je m'arrête après deux trois planches et je réalise que oui, c'est plausible. Je le prends ainsi pour une cohérence avec le thème, le sujet.
Je pense que les lecteurs ne peuvent pas imaginer les prises de tête énormes que j'ai régulièrement - et que j'impose à mes dessinateurs quand je les mets à contribution - pour mettre au point mes scénarios afin que tout soit plausible et réaliste. Il m'arrive de poser des tas de questions à de nombreux spécialistes pour que tout soit plausible. Mes dessinateurs (Francis Nicole pour Missions Kimono, Patrick Dumas pour Allan Mac Bride, et d'autres) m'ont déjà dit que je me complique trop la vie. Mais là aussi, c'est ma "marque de fabrique". Tout (ou presque) est réfléchi, sous-pesé, creusé en profondeur. Il m'arrive de rester "à sec" pendant des semaines sur une scène parce que je ne trouve pas de solution plausible. Mais en général, je trouve des solutions qui rendent les scènes plausibles et vraies.
Surtout en aviation militaire, j'ai souvent l'idée d'une scène un peu hors des clous, mais j'ai l'intuition que ça peut se faire et que ça apportera un "plus" à la BD, que ça me démarquera aussi des autres BD d'aviation, aussi je contacte des pilotes en leur disant : "
Voilà ce qui va se passer, ça paraît tiré par les cheveux, mais je voudrais que vous m'indiquiez tous les éléments favorables au bon déroulé de la scène". Une fois, pour la scène du ravitaillement à trois avions en même temps au début de l'album Scorpion noir, que tu as lu, tout le monde me disait (y compris mon dessinateur) : "
Ca ne va pas le faire !" Finalement, un pilote que j'interrogeai pour finaliser la scène, dépendant de la firme Dassault, m'a convoqué au siège à Saint-Cloud, où devaient transiter deux ingénieurs de la base d'essais d'Istres, et à quatre autour d'une table, on a réfléchi pour savoir comment arriver à la scène telle que je l'avais en tête. Et on y est arrivé (voir le résultat dans les planches 1 à 4 de l'album en question).
Au sujet de la recherche documentaire pour Missions Kimono, je viens de mettre une petite info sur Aéroplanète (voir à la date du 1er novembre 2013), à ce lien :
http://www.aeroplanete.net/forum/viewto ... 174#p23174Brian Norris a écrit:J'ai encore un bon point à distribué, ça sera le dernier, car je risque de me répéter à force. C'est l'utilisation des seconds rôles. Je suis le genre de lecteur, spectateur, qui aime les seconds couteaux et leur utilisation. Le détail apporté à eux et leur importance dans le scénario. J'avais trouvé le personnage de Wibot très bien écrit et bien utilisé dans le scénario. J'avais aimé le fait que des "exploits" aéronautiques ne soient pas le simple fait des deux héros. C'est un des reproches que je pourrais faire sur Buck Danny, le héros réussit toujours tout et dès qu'il y a quelque chose à faire, il n'y a que lui pour le faire. Là on est sur quelque chose de plus réaliste d'une part, mais aussi plus intéressant. Le titre prend tout son sens, puisqu'on se retrouve vraiment à découvrir une flottille, une unité composée de plusieurs pilotes, pas seulement de rôles-titres. J'avais déjà noté le rôle intéressant de Rabbit dans le cycle africain et de Goodi. C'est plaisant de revoir les deux, dont Rabbit (je préfère à Phébus ^^) et qui plus est bien développé.
No Comment. Tu as tout compris de ma façon de voir les choses, ce qui différencie Missions Kimono - au moins sur ce plan-là - de Buck Danny et Tanguy & Laverdure.
"Goodi", tu l'as peut-être compris en lisant deux ou trois albums, est un vrai pilote (maintenant retiré du service, ayant dépassé l'âge) que j'ai connu en flottille et que j'ai tenu à mettre en scène ici et là, dans certains seconds rôles ; il a été l'un de mes nombreux consultants quand il fallait mettre au point des scènes que je voulais réalistes (voir ma réponse à la précédente question). On le voit encore, mais anonyme, dessiné dans une image en bas d'une planche, dans l'album A.M.N.