nono54 a écrit:j'ai rencontré francis nicole en 2006 a un festival bd et j'ai été franchement étonné et surpris de voir comment il réalisait ces dédicaces!
en fait , on choisissait un calque parmi 3-4 (de mémoires) avec un dessin dessus préparé a l'avance, que le dessinateur n'avait plus qu'a reproduire sur l'album ...
1ere fois que je voyais ça
et je n'ai pas trouvé cela terrible d'avoir la même que tout le monde ... ( y'en a bien avec des tampons
)
Oui, je sais, mais Francis, à qui j'en avais parlé au début, m'avait répondu : "C'est ça ou rien". Il appelle ces modèles des "poncifs", et ils servent surtout à dessiner au mieux les avions, avec leurs bonnes proportions, ce qui évite d'avoir des avions ratés, tordus, disproportionnés. Mais ces "poncifs" servent juste de brouillon, si je peux dire ; après, Francis repasse au noir et met un mot et une signature de sa main.
Contrairement à ce que tu as l'air de dire, je suis persuadé que c'est une manière de ne pas se moquer des lecteurs : d'une part, Francis remet, à ceux qui souhaitent avoir une dédicace, des dessins techniques aux formes et proportions correctes, et d'autre part cela va plus vite pour les autres lecteurs, derrière dans la file d'attente, qui n'attendent pas trop longtemps. Combien de fois, à la fin d'un festival, d'autres auteurs nous font des réflexions sur le fait que nous avons eu moins de monde que les autres auteurs. C'est en partie vrai - je n'ai pas de série vedette - mais en partie, ce n'est qu'une impression : en fait, ce sont les autres auteurs qui sont lents et provoquent des files d'attente plus longues...
Toutefois, un jour, un lecteur a insisté pour avoir un hélicoptère dans sa dédicace. Or, Francis n'en avait pas de "poncif". A force d'insister, le lecteur a obtenu son hélicoptère. Francis l'a dessiné, à main levée, sans modèle. Et ce fut très bien (j'en suis témoin). Donc, poncif, pas poncif, ça revient au même et c'est le résultat qui compte.
Je précise, au risque de me mettre à dos tout le monde - mais pour ça, ça m'est totalement égal - qu'à mon sens, la question des dédicaces est fort négligeable. Je suis créateur de scénarios et d'albums d'abord et avant tout, et pas créateur de dédicaces. Si un jour un de mes dessinateurs me dit qu'il refuse désormais de faire des dédicaces et de participer à des festivals, je l'approuverais à 100% ; et donc, dans ce cas, il n'y aurait plus jamais de dédicaces pour la série que ce dessinateur et moi réalisons ensemble. Point final.
J'ai vu des dédicaces d'albums de Tanguy et Laverdure, signées par JM Charlier et Jijé (auteurs) et par Jacques Santi et Christian Marin (les deux acteurs jouant le rôle des héros à la télévision). Pas un seul dessin, pas un mot, juste quatre signatures. Et alors ? Et alors, très bien, et largement suffisant.
Les romanciers qui dédicacent mettent juste un mot rapide et leur signature ; personne ne leur demande un dessin. Vous connaissez sans doute l'origine des dédicaces ornées d'un dessin ? Sauf erreur : alors qu'autrefois c'étaient de simples signatures, un jour Franquin a fait un p'tit crobard, pour s'amuser, son crayon le démangeant. D'autres lecteurs ont voulu la même chose, et l'affaire a fait boule de neige : depuis, tous les lecteurs veulent leur dessin de la part de tous les auteurs. Maintenant (et depuis longtemps), les lecteurs prennent ça comme un dû, et une dédicace dessinée devient quasiment obligatoire, au risque de fâcher les lecteurs qui n'obtiennent pas leur dessin personnalisé. Dangereuse dérive.