gill a écrit:Tiens ? Yann et Schwartz se sont lancés dans une aventure à la Batman, avec une Cat-Woman en titre. Laquelle est habillée comme un personnage de Tintin au Congo.
Et Spirou, là-dedans ? Bah, on va bien trouver un lien...
icecool a écrit: A la Batman, oui, car ce héros là aussi est né il y a 75 ans (en 1939) et que Spirou n'est pas éloigné d'un super-héros à certains égards dans la vision des auteurs...
En tout cas il n'en a pas très éloigné dans ma vision de lecteur. Ça commence à faire des années que je clame çà et là que Spirou est le personnage franco-belge qui se rapproche le plus de ce qui se pratique dans le monde des comics, dans lequel un personnage peut être interprété de façon très différente, scénaristiquement et, plus encore, graphiquement, par différents auteurs (voire par le même auteur à quelques années d'intervalles).
Alors que d'autres grands noms de notre "patrimoine" sont figés et parfois sclérosés dans une présentation qui se doit d'être immuable, ce qui nous vaut à l'heure actuelle des reprises sous contrainte plus ou moins convaincantes (d'Alix à Boule et Bill, de Blake et Mortimer à Lucky Luke, ou encore, cette année, Astérix...), entretenant le mythe du "
il ne faut pas que le lecteur voit la différence avec...." (Jacobs / Morris / Uderzo / etc.), Spirou, lui, n'a jamais été vraiment figé dans un canon, puisque Franquin lui-même n'était qu'un "repreneur", et que chacun des suivants ont d'une manière ou d'une autre pu faire jouer leur différence.
Les one-shots ("romans graphiques" ?
) et bientôt les "one-shots en plusieurs parties" (mini-séries ?
) n'ont fait qu'accentuer ce phénomène déjà présent dans la série-mère (les "
runs" de Jijé, Franquin, Fournier, Nic & Cauvin, Tome & Janry....) -- sans parler de l'expérience Chaland.
C'est sans doute la raison pour laquelle ma vision de Spirou n'est pas celle de Gill ou de Brian. Personnellement, je me sens beaucoup moins le besoin de théoriser sur le personnage ("coquille vide" ou pas coquille vide, trop humain ou pas assez...), que l'envie de découvrir ce qu'il va advenir de lui dans une nouvelle version de son univers.
-- Ce qui ne veut pas dire qu'on puisse faire "n'importe quoi" avec lui. Pour continuer à filer la comparaison, j'ai exactement le même type de réserve sur
Le Groom vert-de-gris que sur
Kingdom Come : dessin top, scénario globalement intéressant, avec de très bon passage, mais qui s'écarte vraiment trop de la vision que je peux avoir de Spirou (lorsqu'il tue et plaisante dessus) comme de Superman pour ne pas me gêner. J'ai aussi mes limites
... mais il faut croire qu'elles restent plus souples que celles de certains autres
(et à défaut de pouvoir dire avec certitude que "j'ai raison", je pense pouvoir affirmer que c'est moi qui y gagne le plus, en terme de plaisir de lecture).