c'est beau avec argumentation !
...
Cobalt 60 a écrit:Tu veux que j'essaie d'argumenter ?
Moi, ça m'agresse les yeux depuis toujours, toutes ces hachiures.
Mais ce que j'ai du mal a m'expliquer c'est pourquoi j'admets parfaitement cette esthétique chez un George Grosz, par exemple, et pas dans une BD. Il faudra vraiment que je me penche sur la question un jour.
Un premier élément de réponse serait qu'Il est évident que les références graphiques de Sfar sont à chercher ailleurs que dans la BD, c'est peut-être cela qui me perturbe au fond et qui perturbe beaucoup de ses détracteurs.
Sfar s'est toujours élevé contre ce cloisonnement qui ferait qu'un dessinateur de bande dessinées doit s'insérer dans la tradition du dessin de bande dessinée à tendance académique. Ce qui conduit à une démarche artistique incestueuse et figée qu'on ne peut certes pas lui reprocher quand on voit sa production.
Cobalt 60 a écrit:azertyuiop1 a écrit:Il me semble que ces trois images peuvent clouer le bec à pas mal de détracteur qui nous balancent du "c'est moche" sans plus d'argumentation.
Tu veux que j'essaie d'argumenter ?
Moi, ça m'agresse les yeux depuis toujours, toutes ces hachiures.
Mais ce que j'ai du mal a m'expliquer c'est pourquoi j'admets parfaitement cette esthétique chez un George Grosz, par exemple, et pas dans une BD. Il faudra vraiment que je me penche sur la question un jour.
Un premier élément de réponse serait qu'Il est évident que les références graphiques de Sfar sont à chercher ailleurs que dans la BD, c'est peut-être cela qui me perturbe au fond et qui perturbe beaucoup de ses détracteurs.
Sfar s'est toujours élevé contre ce cloisonnement qui ferait qu'un dessinateur de bande dessinées doit s'insérer dans la tradition du dessin de bande dessinée à tendance académique. Ce qui conduit à une démarche artistique incestueuse et figée qu'on ne peut certes pas lui reprocher quand on voit sa production.
Cobalt 60 a écrit:Toute la littérature, ou peu s'en faut, qui traite de la BD n'aborde qu'un seul sujet : le récit et ses possibles interprétations. Tout simplement parce que ces bouquins ne sont pas écrits par des praticiens, mais par des intellectuels (n'y voir aucun sens péjoratif) qui ont pondu des doctorats d'esthétique, de philosophie, de linguistique, de tout ce que vous voulez, mais qui n'ont jamais tenu un crayon de leur vie. .
thyuig a écrit:Tout ça est aussi faux que de vouloir dire que seuls les footballeurs ou anciens footballeurs seraient à même de parler football...
Mais passons, si seulement les critiques et ouvrages de réflèxions étaient écrits par des gens autres que des amateurs du genre et qui avaient une réelle culture de l'image (et pour moi, les "pondeurs" de doctorats d'esthètique et de philosophie sont largement habilités à voir au-delà du simple sujet) alors ces critiques aborderaient autre chose que la simple linéarité d'une histoire.
Cobalt 60 a écrit:Je suis persuade que les artistes sont les mieux places pour parler de leur art. Il suffit de leur donner la parole ou qu'ils osent la prendre. Mais pour cela, il faudrait que leur exégètes soient suffisamment humbles.
Cobalt 60 a écrit:Je n'ai aucun mépris pour les intellectuels, bien au contraire puisque je lis autant d'essais universitaires sur divers sujets que de bandes dessinées. Je regrette simplement que la quasi totalité des études consacrées a cet art ne traite que d'un aspect, le récit. Alors qu'on entre dans une BD par l'image. Il y a un réel manque de ce cote-la me semble-t-il.
Et dire que sous prétexte qu'on dessine on a rien besoin d'expliquer, c'est un cliche qui affiche un certain mépris pour le savoir-faire et l'intelligence de l'artiste. C'est prêter une fin de non recevoir a tout ce qu'il pourrait dire sur son art.
En plus c'est complètement absurde. Puisque l'artiste n'a pas besoin de parler, d'autres le font a sa place. Et ils ne s'intéressent qu'a un seul aspect en raison de leurs propres limitations. Cela revient donc non seulement a dénier a l'artiste le pouvoir de s'exprimer, mais en plus a ne lui laisser d'autre choix que de déléguer sa parole a des gens qui sont dans l'incapacité de parler de son art.
On se demande des lors pourquoi Vinci, Van Gogh, Delacroix, Kandinsky et tout le Bauhaus ont été aussi diserts sur ce point si leur tableaux parlaient pour eux-mêmes.
Je me demande aussi pourquoi les dessinateurs de BD ont des conversations aussi passionnantes sur le dessin quand ils sont entre eux. Je suis persuade que ces sujets intéresseraient de nombreux lecteurs.
Pourquoi par exemple n'analyser le blanc dans "Tintin au Tibet" que sous un angle psychanalytique ? Parce que ça permet d'être invite sur France Culture ? Croyez-vous qu'Herge s'est dit : "Tiens, je vais mettre du blanc la plutôt que la, ca fera parler les jungiens." D'autres cheminements, intellectuels ou pas, sont possibles.
Je suis persuade que les artistes sont les mieux places pour parler de leur art. Il suffit de leur donner la parole ou qu'ils osent la prendre. Mais pour cela, il faudrait que leur exégètes soient suffisamment humbles.
Antoine B. a écrit:J'ai toujours pensé que l'illustration était une tache infiniment moins ardue que la bande dessinée. Merci Mr Sfar de nous l'avoir confirmé.
Antoine B. a écrit:Tout le plaisir est pour moi
thyuig a écrit:Pourquoi ne jamais achever une histoire monsieur Sfar ?
flocon a écrit:thyuig a écrit:Pourquoi ne jamais achever une histoire monsieur Sfar ?
en effet, de temps en temps, ce serait agréable
je ne me souviens plus où il évoquait cette difficulté à conclure, à tourner la page avec un personnage (le reportage Arte ou les commentaires audio sur le DVD de Gainsbourg)
Joann Sfar a écrit:D’abord je voudrais revenir sur les séries auxquelles je n’ai pas encore donné de suite. C’est une vraie chose psychanalytique chez moi, je déteste qu’une histoire se finisse. Donc je marque toujours (à-suivre) à la fin de mes albums. Mais je ne parviens pas à me contraindre à donner des suites régulières aux histoires, je ne veux pas forcer les personnages à parler quand ils n’ont rien à me dire. Et si je ne mets pas le mot fin, c’est parce que dans mon esprit, ils reviendront. Très souvent, je ne sais pas quand et c’est une notion très abstraite, mais si je ne mets pas le mot fin, ça a du sens pour moi. Peut être que c’est même la seule raison pour laquelle j’aime écrire des histoires: dans un récit imaginaire, on a le droit de décider que les choses resteront suspendues. je me suis construit dans le rejet rageur de la mort, mes histoires jamais finies en sont le témoignage le plus limpide je crois. Mais ainsi que je l’ai dit à chaque fois qu’on m’interroge sur le sujet, les personnages voyagent d’un livre à l’autre. Je crois que Klezmer est la suite des Olives Noires, je crois que Gainsbourg est la suite de Pascin, je crois que Hava et Zlabya et la fille que vous verrez dans Chagall sont interprétées par la même petite voix que j’ai en tête, et j’ai l’impression que le chat et grand vampire et Yaacov sont un peu la même voix, comme si ces voix étaient des comédiens et que je les déguisais autrement à chaque fois. L’homme arbre et le rabbin, le Malka des Lions et le Baron de mes Fesses.
thyuig a écrit:Pourquoi ne jamais achever une histoire monsieur Sfar ?
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