de Messer » 16/02/2007 15:56
Djinn Djinn - 1 de Ralf König
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je me suis finalement habitué à son style très cru, et, même si certains thèmes me rebutent, j'ai toujours vraiment ri en lisant ces histoires.
j'ai donc découvert avec surprise la sortie d'un nouvel album, chez Glénat.
Au niveau du dessin, rien à redire, König reprend son style trait pour trait, celui qui nous plait - ou pas. très cru, ou voulant être bien clair sur ses intentions, il n'hésite pas à caricaturer et se livrer à des exhibitions parfois dérangeantes.
Evidemment, il faut plus s'attendre à voir se dénuder des corps mâles qu'aux habituelles femmes (je faillis donc à ma réputation en lisant cette oeuvre subversive). En passant outre cet élément important (c'est ce que j'ai dû faire), on rit des situations mises en place.
on rit, ou plutôt, pour cet album, on sourit. je n'y ai pas retrouvé la même démarche que dans "Super Paradise" ou "Les Nouveaux Mecs". Ceux-ci étaient beaucoup plus choquants (vu mon avis d'hétéro, je préfère préciser), mais tellement drôles (pour ceux qui ont un minimum de recul sur la société - et ici, il vaut mieux en avoir) et donc marquants.
Dans Djinn Djinn, König reprend un thème vraiment actuel, l'extrémisme musulman, placé dans une situation actuelle : l'extraversion de l'Allemagne.
Seulement, il a pris une idée idiote à priori, mais finement analysée. que se passerait-il si un extrémiste musulman de l'époque de Charlemagne se retrouvait à notre époque, dans la vie underground allemande ? Ainsi, un bon petit mollah, trop aigri selon les critères d'un marchand - efféminé - de chassures de mode pour femmes se fait transformer en Djinn, génie d'une simple lampe. Il servira désormais et pendant xxxxxx jours, d'objet sexuel pour qui frottera la lampe. Pour l'aider, il a été paré des atours préférés du vendeur, à savoir : corps glabre et bien sculpté, membre vigoureux, et maître dans les arts du plaisirs que sont les massages et le kama-sutra.
Autant dire un changement du tout au tout.
Un quiproquo finit par amener la lampe, et son habitant, à Köln, et c'est une femme qui partage son appart avec un homo qui en hérite. Celle-ci n'apprécie à priori pas trop ce cadeau. Ceci-dit, son collocataire semble apprécier.
Sous couvert de donner des leçons de tolérance, König rate sa cible. En effet, qui, en dehors des gens tolérants, lira tel bouquin ? certainement pas un mollah du fin fond de l'Afghanistan... On retrouve donc dans ce bouquin une succession de situations comiques avec un semblant de fil rouge. Certaines situations font rire (j'aime beaucoup l'explication du pourquoi les musulmans ont besoin de plusieurs femmes), d'autres sourire (le concert engagé), d'autres rien (l'hotel).
Scénario léger, et qui aurait mérité plus d'honnêteté en montrant simplement une suite de mises en situation. 6/10 négatif, König ayant habitué à mieux, beaucoup mieux, d'où le "négatif". Il reste toutefois efficace dans son traitement des idées, la caricature est assez juste dans son ensemble.
Le dessin 7/10, histoire de goûts comme toujours. il ne faut pas espérer de la débauches d'effets, ce n'est clairement pas le but, seule la situation compte. celle-ci, bien faite, permet d'apprécier un dessin clair et concis.
La BD est traitée en noir et blanc, et ne nécessite aucunment le recours à la couleur.
Note générale : 6/10, les situations priment sur le dessin, et celui-ci ne peut rattraper ce qui est perdu.