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( je ne savais pas ou mettre ce que j'en pensais !)
( En plus ça fait Spoil, un peu !)
Pourquoi j’ai tué Pierre
D’Alfred et Olivier Ka
Trop rapidement l’œuvre des auteurs fut affublées de termes comme bouleversant, émouvant, pathétique.
D’autre ayant une connaissance plus accrue du sujet voulait de quelque manière que ce soit, que le titre n’entre pas dans le voyeurisme. Ou d’entrer dans les lassés de la vie de tout poil qui se fiche de la vie des autres, et ne regarde que leur nombril.
Bref, à mon sens il fallait reconsidérer la globalité du titre pour en faire sortir les viscères collées aux sensations.
[spoiler]Dès le départ, et ce sans ouvrir la BD, je savais à quoi m’attendre.
L’image sur la couverture m’a fait tout de suite penser à une forme d’étouffement, d’inhibition, mais surtout c’est le dernier mot au verso : « qui chatouille ». On le pratique couramment mais on oublie ( trop souvent !) que chatouiller, c’est ( aussi !) caresser un enfant.
Première page. Premier texte.
Ce qui m’a frappé c’est de solutionner le meurtre de Pierre par la froide mécanique arithmétique.
Là dessus s’ajoute une répétition et une précision d’horloger.
On pourrait prendre des conclusions hatives et penser que les sensations et impressions seront absentes de la BD. Il n’en est rien heureusement.
Le premier événement que rencontre notre jeune héros est celui de la structure chrétienne, et de sa culpabilité morbide et mortifère inculquée par les grands parents, et son utilisation des mondes imaginaires pour faire culpabiliser dans le réel.
Le contraste est saisissant lorsque notre jeune Olivier a un an de plus, et vit un instant de bonheur, à la campagne, en compagnie du couple Baba cool qui vit d’amour et d’eau fraiche ( joli cliché !), et de ses parents.
Une légère forme de culpabilité réapparaît lorsqu’ils vont se baigner dans le lac. ( le rapport au corps…)
Puis Pierre apparaît, ainsi qu’une forme de fierté d’avoir comme proche et ami : « un pretre ».
Est-ce réellement une ouverture d’esprit ?
Une apparition qui se révèlera fugace, celle d’Ottavio. A force de regarder au travers de la fenetre, n’est-il pas le premier aventurier rencontré ?
D’aventure en aventure le père D’Olivier est devenu un père absent.
Le jeune enfant se raccrochera évidemment à celui qui vient le voir le plus souvent c’est-à-dire Pierre.
Par la suite les sentiments à l’encontre de la joyeuse rivière sont plus que positifs.
Et pour cause.
En balade pour la première fois !
Sans sa Famille ! ! !
Avec un substitut de Père.
Quelle Aventure!!!
12 ans.
La préadolescence.
On prend conscience brutalement du monde qui nous entoure.
Un curieux dilemme fait son apparition : « la morale ritualisée et rassurante, ou l’effrayante solitude de la liberté.
La question qui sort de la bouche d’olivier est interessante pour voir comment un adulte réagi à cette question : « De la valeur de la croyance en Dieu (le Père !) ».
Et force est de constater que les réponses de la mère sont pour le moins étranges.
« Chacun fait comme il le sent ». Impossible, il y a trop d’interaction entre le monde extérieur et
« notre monde » sensible.
Par la suite seule la subjectivité ressort : « Je les aime comme ils sont…On peut ne pas etre d’accord sur un sujet, ça ne change rien. Ce n’est pas grave ».
Le conflit reste en suspend, plutot que de le réguler, il ressortira avec encore plus de brutalité et de rancœur.
Juste après, c’est le pompon.
« Et Pierre, t’es contente qu’il soit curé ».
Réponse : « Pierre, c’est quelqu’un de bien. Je me fiche qu’il soit curé ou pas. Si c’était un con je ne l’aimerais pas. »
Dément !
Un peu plus loin : « le mieux c’est de ne pas en parler comme ça, on ne risque pas de leur faire de la peine ».
De quoi ? Et le tout avec le sourire !
La dernière réplique enfonce d’une manière brillante les portes ouvertes.
Les 2 dernières cases mettent, ce jeune garçon, en proie en une effrayante et violente solitude.
Ce sentiment de solitude réapparait lors de la rando à vélo.( mis à part les betes de compèt et quelques perles qui n’en a jamais chié en sport !)
Pire encore le jeune Olivier dit que cela lui convient d’etre seul au bord de l'eau.
Retour de Dieu le Père ( je rappelle qu’il est omniscient !) Pierre, un dialogue s’ensuit.
Meme structure que précédemment avec la mère. ( Adulte-enfant !)
Plus que la descente aux enfers dans le noir total quelques pages plus loin, c’est ces 4 cases, page 42 qui furent brillantes, poignantes, touchantes, et extremement sincères.
Un bond jusqu’à 16 ans.
Là encore 4 cases ou on flirte avec la solitude, le suicide, et la mort.
La tendance anarchiste: une structure encore plus abstraite que la démocratie.
Sans affects, sans amour, sans haine, sans rage, sans colère.
Olivier Brise le tabou devant sa mère, elle lui fait le coup de la maturité à rebours comme si elle ne voulait rien entendre de plus.
La solitude encore.
Puis la rencontre avec Brigitte. Une forme d'espoir.
29 ans.
Premier Roman.
Une conversation entre amis ou c’est la question de la « normalité » qui est en jeu.
Soyons-nous meme en étant tous pareils!!
Nos œillères nous sautent aux yeux.
Une Brouille
Aucun entregent.
La solitude encore.
34 ans.
Introspection.
Une nouvelle confrontation avec l’Eglise.
Cette fois-ci un cri de rage étranglé sort des tripes.
Sentiment d’une structure inhibée.
Jusque là, il y avait eu une tentative de le palier par un gel affectif ( d’ou le titre répétitif comme une horloge. « J’ai tué Pierre parce que j’ai X ans. »)
Mais au final ce n’est pas faisable. On se rend compte qu’ il aura fallu plus de 20 ans pour qu’Olivier puisse faire une ébauche de son récit.
Le dernier passage brille par les retrouvailles avec Pierre, et par son absence ( ça cogite un max !) de plus de 3 heures.
La solitude ?
Non, il y a Alfred…Le dessinateur a un role minime mais important, par là-meme il modifiera la perception.
Page 100 :Un arbre en contre plongée. Superbe.
Un plan minimaliste.
Une conclusion, un arret brutal de la blessure ?
Non, elle saignera longtemps...[/spoiler]
Au delà de l’acte, c’est bien l’effarante, et banale solitude qui pave le récit d’Olivier en accord avec le monde dans le quel nous vivons. Au final, c’est une œuvre probe, poignante, terriblement sincère mais encore un brin maladroite du point de vue de l'écriture. ( Je suis légèrement exigeant,là
!)
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