de David C » 05/01/2011 10:19
Chose promise, chose due... Parlons un peu du site de celui qui se fait appeler "inspecteur Clouzeau", un pseudo de plutôt bon goût, mais extrêmement mal porté, comme nous allons le voir.
Il se trouve que celui-là, c'est le seul que je connaissais déjà car son cas avait été porté à l'attention du syndicat, pour la plus grande ire de pas mal d'auteurs, qui ont fait suivre le lien du fâcheux à leur éditeur en lui demandant comment il se faisait qu'il ne protestait pas...
Ce monsieur a écrit, sur son site, un texte de justification particulièrement navrant, que je vous livre ici, et ce, sans prendre la peine de lui demander son autorisation. Juste retour des choses, tout le monde en conviendra.
Il s’agit là certainement de ma dernière mise à jour…
Ce blog est mis en stand-by suite aux menaces de poursuites contre le site et moi-même par les éditions Casterman (les mêmes qui ont fait fermé le site de diffusions de parodies des couvertures de « Martine », on sent qu’ils ont de l’humour !). Casterman envisage d’ailleurs d’organiser une action collective avec ses propres concurrents belges pour éradiquer « la menace fantôme ». Faut vous dire Monsieur, que chez ces gens-là, on ne s’aime pas Monsieur, on ne s’aime pas on s’associe (lorsqu’il y a des intérêts communs bien sûr…).
L’idée de ce blog (comme bien d’autres j’en suis sûr) a toujours été de faire connaître certains ouvrages et leurs auteurs, que j’ai eu la chance de découvrir et d’apprécier et en utilisant un moyen simple et gratuit. Je dis bien gratuit, car dans ce mode d’échange je ne gagne absolument rien d’autre que le plaisir de partager ce que j’ai aimé (voir à ce sujet les sites d’upload utilisés).
Si ce monsieur ne gagne absolument rien, il faudra m'expliquer la bannière publicitaire qui s'ouvre sur sa page d'accueil. A tout le moins, elle doit lui payer ses frais d'hébergement...
Avant internet, on se prêtait les BD ou on les prenait à la bibliothèque quand elles étaient disponibles, ça ne coûtait pas plus cher et on n’en achetait pas beaucoup car il y en avait peu en circulation.
Avant internet, il y avait peu de bandes dessinées en circulation. Ah ? Et peu de romans ? Peu de musique, peut-être ? Très peu de film ? Qu'est-ce que c'est que ce charabia ?
Aujourd’hui c’est pareil, mais on en lit beaucoup plus et par effet de masse on n’en achète plus qu’avant.
Si quelqu'un parvient à distinguer ce qui fait sens dans cette bouillie de cerveau, je suis preneur.
Pour ma part (et je ne suis pas un cas isolé) je n’achète que les suites des séries que j’ai découvert en « scan » pour ne pas avoir à attendre une hypothétique mise en ligne.
Donc le dit "inspecteur Clouzeau" va lire des séries piratées sur le net, puis, il en achète les suites en librairie.
Tout ceci n'a aucun sens.
Si la part achetée reste faible face à la part lue, elle reste bien supérieure à ce que j’aurais acheté sans cette découverte gratuite (en fait, je n’aurais quasiment rien acheté…)
Donc si ce monsieur ne trouvait pas de bande dessinée scannée/piratées sur le net, il n'en achèterait pas.
Ce sont les scans qui lui ont fait acheter tout ce qu'il a mis à disposition sur son site, en les scannant lui-même, soit des dizaines et des dizaines de titres qu'il n'avait pas, auparavant, l'intention d'acheter.
Monsieur Clouzeau est extrêmement influençable. Le pauvre.
Et riche, car tous les albums qu'il a mis en ligne, il a fallu les payer.
Soyons objectif, la diffusion des scans sur le net profite aujourd’hui plus aux éditeurs (j’ai bien dit aux éditeurs, car les auteurs restent bien sûr les dindons de la farce) qu’elle ne les lèse.
Les auteurs sont les dindons de la farce.
Je suis un dindon de la farce.
Glou glou glou.
C'est un aveu presque touchant.
Je cours chercher une boite de mouchoirs pour écraser une larme.
Pendant ce temps, partons à la recherche des coupables. Ceux qui ont transformé les auteurs en glougloutant gallinacés.
Le marché de la bande dessinée a fortement progressé en valeur (et non pas en volume, c’est bien le prix qui augmente) depuis le début des années 2000.
Quelqu'un a les chiffres ? Qui peut dire quelle est l'évolution du prix du livre sur ces dix dernières années, comparées à l'inflation moyenne ? Je ne suis pas sûr du tout que le prix de la bande dessinée ait beaucoup augmenté, et certainement pas dans la même mesure, sans quoi le cartonné couleur serait à 25 euros.
Enfin, c'est mon sentiment, il nous faudrait des chiffres, et pas des convictions, les miennes comme les siennes.
Résultat, les éditeurs privilégient les séries à succès et n’hésitent pas à interrompre temporairement ou définitivement celles qui ne paraissent pas rentables : où est le respect du travail des auteurs et où est le respect, messieurs les éditeurs, des acheteurs qui se retrouvent avec une histoire sans suite ?
C'est une bonne question. Reste à déterminer son rapport avec la mise à disposition de nos albums scannés, et ce non pour des séries abandonnées en cours, mais pour tout un tas de séries en cours ou bel et bien terminées, elles.
Pourquoi les éditeurs cherchent-ils aujourd’hui à supprimer ces blogs d’échanges ? Par soucis de protection des auteurs ? (faites moi rire…), pour récupérer la perte financière de « la contrefaçon » ? (voir mon avis ci-dessus, et dans le lot des albums mis en ligne, beaucoup ne sont même plus disponibles à la vente).
Non, en fait les éditeurs ont constaté qu’avec ce nouveau mode de diffusion et son succès, il y avait encore de l’argent à se faire.
Les salauds. Les ordures. Les immondes.
Ils ont accompagné et financé la création de ces albums. Il en ont assuré la promotion. Ils ont gagné de l'argent avec. Ils en ont parfois perdu. Mais globalement, ils en ont gagné, sans quoi ils n'existeraient plus.
Et c'est insupportable. Gagner de l'argent... Brrr brrr... Rien que d'y penser, ça fait me fait froid dans le dos.
Et vous tous aussi, j'en suis sûr.
Leurs droits à exploiter (le terme est mal choisi, j'en conviens, mais c'est le terme légal... Ah poésie de la loi, quand tu nous tiens...) ces albums, ces livres, ces oeuvres et le droit moral des auteurs sont protégés par la loi. On ne peut pas s'emparer du travail d'autrui et en faire ce qu'on en veut.
Et ils voudraient que ça continue.
C'est un scandale. C'est dégueulasse. C'est... Je ne trouve pas les mots.
Auteurs, éditeurs, libraires... Tous des fumiers.
Heureusement, l'inspecteur Clouzeau est là, armé de lumière, pour combattre les injustices et réparer les torts.
Sans avoir investi ou innové quoi que ce soit dans ce nouveau média mais juste en reprenant le concept en place,
Le "concept".
Scanner des livres et les mettre à disposition sur le net, c'est un "concept" ?
"l'inspecteur clouzeau" aurait dû penser à le faire breveter.
C'est trop con.
les éditeurs souhaitent faire vous faire payer la mise en ligne des scans, ceux là même que vous obteniez gratuitement, avec une qualité globalement identique (de toute façons toujours assez loin de la qualité et du plaisir de l’objet « papier »)
Les éditeurs... Encore une fois, je ne trouve plus les mots pour qualifier leur attitude.
Ils ne veulent pas qu'on lise les livres de leur catalogue gratuitement. Non mais est-ce que quelqu'un se rend seulement compte du scandale ? C'est insupportable...
et sans rien posséder au final puisque tout cela sera en mode « streaming ». Une majorité d’auteurs reste à ce sujet assez hostile et méfiant face à ce type de diffusion car les contrats signés avec les éditeurs ne semblent pas clairs sur l’exploitation de leurs droits !
Ils sont extrêmement clairs, monsieur Clouzeau. Et ils ne nous satisfont pas, principalement pour des raisons de pourcentages qui ne regardent que nous et nos interlocuteurs, les éditeurs.
A moins, si j'ai bien compris, que ce ne soit pour nous aider, ou mieux, pour nous sauver, que vous vous torchez avec notre droit moral ?
Bon sang mais oui, tout est clair à présent !!
Les auteurs sont en désaccord avec leurs éditeurs sur ce point : vous avez décidé de mettre tout le monde d'accord : tout gratos sur le site à Clouzeau, et on n'en parle plus.
Miracle de la simplicité, béatitude de l'angélisme...
Si vous souhaitez aider les auteurs, continuez d’acheter les versions papier, et ne payez pas les éditions en ligne ! (sauf celles diffusées à compte d’auteur bien sûr).
Non, monsieur Clouzeau. Si vous souhaitez aider les auteurs, fermez votre site, arrêtez de nous prendre pour des cons, lisez ces bandes dessinées que vous dîtes aimez, prêtez les à qui vous voudrez, mais arrêtez de dire n'importe quoi et de vous faire passer pour ce que vous n'êtes pas, vous et tous ceux qui font la même chose que vous.
Vous êtes des libertaires aux petits pieds, des voleurs et des faux-derche de la plus belle espèce.
Nous niez aux auteurs le droit de vivre de leur travail.
Vous vous asseyez joyeusement sur leur droit moral. Mais peut-être ne savez-vous pas de quoi il s'agit ? Il n'est pas trop tard pour combler cette lacune.
En ce qui me concerne, non seulement vos sites devraient être fermées, mais vous devriez être poursuivis pour atteinte au droit moral.
Au revoir et merci. On peut envoyer les rires enregistrés...