Je vais répondre point par point, parce que je pense qu'il est important qu'on se comprenne bien... Ce qui n'est pas le cas pour l'instant. J'ai sans doute du mal à exprimer ma pensée.
On fustige de partout le métier de libraire, trop de sorties etc... trop de rotation, pas le temps de défendre les bouquins bla bla bla...Je n'ai jamais fustigé le métier de libraire. Ca ne me viendrait pas à l'idée une seconde. Ce sont les gens qui vendent mes livres. Et si il y a trop de rotation ou pas le temps de défendre les livres, ce n'est certainement pas eux qui en sont responsables.
Oui mais il existe des libraires à l'ancienne qui travaillent le fond, ces titres qui ne rapportent plus une cacahuète peut être mais que certains libraires ont en stock et défendent. Alors oui c'est plus dispo à la Fnac ou ailleurs et du coup ça n'intéresse plus les éditeurs. Que ces éditeurs suppriment alors ces titres de leur catalogue et la je suis OK avec une mise en ligne, mais j'en ai raz le sac de titres que je défends, que je présente à des clients, que j'ai en stock, que je vends et pour lesquels le tome 3, 6 ou 8 n'est plus dispo et ne sera jamais réédité...En effet, c'est un problème et c'est ce dont je parlais.
Mais je crois avoir été mal compris : je ne dis pas que je trouve le piratage formidable. Je ne dis pas que je ne suis pas contre le piratage. Si je dois donner le fond de ma pensée : dans mon monde idéal, il n'y aurait ni pirate, ni lecture sur écran. Que des livres, des bibliothèques, etc... Je ne trouve pas que le numérique soit, pour la bande dessinée, en l'état, un progrès de quoi que ce soit.
C'est un problème.
Et pour tous les gens concernés par la chaîne du livre.
A partir de ce constat, ce que j'ai expliqué, c'était mon sentiment, face aux différentes sortes de livres, parmi ceux que j'ai écris (encore désolé, mais je ne vais pas parler à la place des copains, je vais pas m'excuser à chaque fois...) et aussi la réalité économique que ça induit, pour moi.
Sous l'angle de la possible "perte de revenu" que cela peut engendrer. Sur cet angle là et uniquement celui-là, j'ai voulu dire ma perception de la vérité (voir plus bas).
C'est à dire que je ne perdais rien.
Ca ne veut pas dire que d'autres ne perdent pas quelque chose.
Et ça ne veut pas dire que je trouve ça bien, juste, moral ou souhaitable.
J'ai l'impression d'être pris pour un con et d'avoir "imposé" à un client cette "couillonnade".Il y a clairement un problème si tu vends Arthur tomes 1 et 2 à un client et qu'il n'arrive pas, ensuite, à trouver le 3 (exemple à la con).
On va parler vrai : les enragés, pour moi, c'est des ventes de quelques dizaines d'exemplaires par tome, à l'année. Financièrement, ça ne représente rien. Pour autant, je souhaite que mon éditeur continue à les "exploiter", c'est le mot qui convient. De deux choses l'une, donc, soit tous les tomes sont disponibles, soit il doit
faire une intégrale... Et si les ventes de cette intégrale ne représentent plus rien, on peut envisager un jour de les mettre en numérique à un prix dérisoire, symbolique... Voire gratuitement.
Mais c'est nous qui le faisons et le décidons. Car nous avons le droit moral sur notre propre travail.
Si certains éditeurs ne rééditent pas correctement leur fond et ne mettent pas tous les tomes disponibles, alors il y a en effet un problème, pour vous, libraires, mais aussi pour les auteurs. Qui doivent d'ailleurs se manifester auprès d'eux.
Donc une mise en ligne gratuite de titres je suis 100% pour à partir du moment ou les éditeurs travaillent de façon claire leur catalogue et qu'ils ne laissent pas des séries avec 1 ou plusieurs "manquants" pendants des lustres.
Je ne peux pas être plus d'accord.
A mon avis David, le numérique ne permettra jamais de nourrir de façon durable un auteur. Pour illustrer mon propos, la semaine dernière il suffisait de 44 albums pour être classé au top 50... Sans doute les 44 qui mettront en partage les fichiers A mon avis non plus, le numérique ne permettra pas de nourrir de façon durable un auteur. Carrément pas. Ou pas avant très longtemps, et avant que tout un modèle économique viable se soit mis en place... Et que la création se soit adaptée...
Personne ne peut dire quelle "part" il prendra, dans les années qui viennent, au livre papier, mais je souhaite qu'elle soit la plus basse possible... En attendant des oeuvres 100% numériques qui auront été conçus par et pour ce medium.
Dans mon long post précédent, j'ai voulu dire deux choses :
- Nous ne pouvons pas empêcher le piratage, comment nous y adapter intelligemment ?
- Aujourd'hui, la vérité est qu'à mon niveau personnel, je ne pense pas qu'il représente la moindre perte de revenu, ou alors elle est vraiment dérisoire. Mais demain ???
Voilà. J'espère avoir été bien compris. Et que la discussion continue.
Je reviendrai dès que j'aurai le temps pour dire tout le bien que je pense de ce... Ahem... De ce... Je ne trouve pas les mots... De "l'inspecteur Clouzeau" (et ses amis)...