de Olaf Le Bou » 25/05/2016 20:41
nan mais Brian, c'est complètement utopique de croire que donner plus de pouvoir décisionnaire aux salariés au détriment des syndicats va permettre d'améliorer le rapport de force entre patronat et salariat.
vu le chômage institutionnel qui règne depuis "la crise", soit une quarantaine d'année désormais, le moindre chantage à l'emploi va trèèèèès rapidement faire rentrer dans le rang les salariés un peu trop revendicatifs.
(bon, je parle pas des PMI-PME, là l'interdépendance est plus forte entre entrepreneurs et employés, mais pour les ceusses qui poussent à la roue pour libéraliser le système, les multinationales, c'est open bar pour détricoter les zakissocios)
je vais parler d'exemples concrets, les boites que je connais :
quand chez moi il s'est agit de fermer un site européen pour sacrifier quelques têtes sur l'autel de la crise de 2008 et augmenter les dividendes par actions, comment c'est fait la décision ? sur la position stratégique des sites, leur vétusté, leur équipement, leur compétence particulière ??? zobi, le site sacrifié fut celui qui avait connu une grève quelques années auparavant, et pour cette raison. un message clair envoyé aux 40000 employés du groupe. Détail croustillant, le salaire cumulé des 300 employés remerciés (quelle belle expression !) correspondait tout juste à la rémunération de notre CEO.
autre exemple, la boite de ma femme. petite grève l'an passé lors des négo salariales avec le nouveau boss, un tantinet psychorigide, qui venait d'arriver. conséquence : arrêt de tout investissement sur le site, horizon industriel bouché, projets réattribués à d'autres sites du groupe, avenir incertain...
dernier exemple, encore ma boite. tensions et réunions houleuses il y a deux ans suite au négo salariales. Zéro virgule zéro offert par la direction, qui venait d'annoncer des bénéfices records. Les syndicats montent au front (et encore, chez moi c'est la CGC qui est majoritaire, pas vraiment des extrémistes, hein), tensions derechef, menace de mouvement de protestation (on parle même pas encore de grève)... là dessus des bruits de couloirs indiquent que la direction là-bas-aux-states verraient d'un mauvais œil cette fronde, que le site pourrait fermer, les emplois partir, ceci-cela. une poignée de salariés décident de faire un référendum pour voter sur la question, et bien évidemment dans le secret de l'isoloir chacun de défendre son bifteck français plutôt que de le voir délocaliser en Pologne...
alors bon, le droit de grève, le pouvoir aux salariés, hein, je suis sceptique
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux
En toutes choses, subordonner le désir de juger au devoir de comprendre.