Un jeune garçon du Yorkshire trouve un bébé faucon crécerelle et décide de lui apprendre à voler. Son hobby de fauconnier l'éloigne de sa vie difficile, mais la réalité le rattrape vite.Mon expérience passée de la filmographie de Ken Loach n'était guère probante ( Souvenir d'
Un vent se lève chiant et d'un
Looking for Eric sympathique mais anecdotique). Je sais avoir vu d'autres films du réalisateur mais je suis incapable de me souvenir desquels sans regarder le listing et les résumés wikipedia. C'est dire mon enthousiasme jusqu'ici.
Le commentaire dithyrambique sur Kes de Michel Gondry lors du dernier videoclub Konbini m'a donné envie de voir ce long métrage. Ma curiosité était d'autant plus forte que je ne conçois pas deux visions du cinéma plus opposées que celles du réalisateur anglais et français. La découverte n'en a été que plus belle !
J'ai impression d'avoir visionné la matrice de tant de films anglais ultérieurs (
Les virtuoses, Full Monty, Billy Elliot, etc). Dans ces derniers, la comédie adoucissait la représentation dure de la chronique sociale. Ken Loach n'use pas de cet artifice. Il plonge la tête la première dans la pauvreté, l’âpreté du milieu ouvrier anglais des années 60. Le réalisateur n'était pas encore le chantre de la lutte des classes. Il se contentait alors de brosser le portrait du milieu ouvrier. Un milieu qui n'épargne personne même les enfants. Pas besoin d'aller chercher "l'ennemi" ailleurs. On se pourrit très bien entre nous. Alcoolisme, parent absent, travail des mineurs et dureté du système éducatif ( complément à If sorti un an auparavant). Châtiments corporels, brimades du corps enseignant et des camarades, etc. L’école de 1969 ne donnait pas envie. Ce n'est pas mieux dans la sphère familiale. L'échappatoire ne peut être qu'extérieure et personnelle.
Billy se découvre seul une passion: s'occuper d'un jeune faucon-crécerelle. Ce jeune ,harcelé à l’école comme à la maison, considéré comme un cancre par la majorité des professeurs, apprendra par lui dans les livres comment faire. Livre qu'il devra voler car l'institution refuse de lui prêter à cause de sa saleté . Il s'investit à fond, se découvre une opiniâtreté qu'il ne soupçonnait pas. Ses moments avec le faucon sont des bouées d'oxygène dans une vie anxiogène et merdique toute tracée. La scène ou mis en avant pour la première fois, il décrit à la classe son hobby, passionnant un auditoire qui habituellement ne cesse de le dévaloriser, est magnifique. L'éclaircie n'est que passagère et contrairement à un autre Billy sortant de la galère par l pratique de la danse, le Billy de Loach sera ramené à sa sinistre condition de la plus triste des manières. Le film réussit à raconter cela sans être doloriste ni plombant. un exploit !
C'est encore une fois la direction d'acteurs de Loach qui est admirable. Tout le casting est impeccable. La réalisation sans aucune recherche d’esbroufe est parfaite de simplicité et de limpidité. Le monde décrit est moche mais l'image est belle devant même poétique lors des Scènes de fauconnerie. Sans savoir pourquoi j'ai souvent pensé à un été chez grand père de Hou Hsiao-hsien. Peut être car j'adore ce film et qu'il était un de mes préférés sur l'enfance. Kes le rejoint.
Un très beau film.