Mr Degryse a écrit:Sage Homme:
Je serais un peu plus sévère que Thierry mais si il tape plutôt juste dans sa critique. C'est incroyable comme le film est balisé et ressemble à ce qu'on s'attend en le lançant. Tous les figures imposées sont là avec parfois des discours sentencieux face caméra sur l'importance du métier de sage femme. Je ne suis pas sûr non plus que la description des études soit juste. On n'est pas au niveau d'un Hippocrate ou médecin de campagne. Comme souvent dans les films "médicaux", c'est la tentative de faire des péripéties annexes qui virent dans le n'importe quoi. . Plus on avance, plus le film devient romanesque en rajoutant des couches de micro-intrigues ou évènements qui sans cesse le renvoie à sa fabrication, son écriture, son incapacité à penser ailleurs que par son scénario pour faire bon élève et plaire à tout le monde. avec là encore un mini climax totalement hors-sol et ridicule où le stagiaire est envoyé un scooter chercher des poches de sang en urgence pour sauver une patiente...)
J'ai écarquillé les yeux devant une scène totalement hors-sol et ridicule où le stagiaire est envoyé un scooter chercher des poches de sang en urgence pour sauver une patiente ou on rajoute en plus le cortège des flics après un contrôle de vitesse). Déjà dans un film comique, elle serait nulle mais dans là elle est filmée en mode sérieux et cela fait mal dans un long métrage cherchant un réalisme médical.
Il y a souvent une scène ou un dialogue de trop. Exemple : un moment Karin Viard montre un se situe le point G à son élève. On est dès lors persuadé qu'il utilisera ce savoir dans une scène à venir ou il fera jouir sa partenaire. On est d'abord surpris car une première scène de sexe nous montre plutôt une panne car le sage homme ne réussit pas à se détacher de ce qu'il a vu dans sa journée. C'était surprenant et bien vu. On aurait dû s’arrêter là. Malheureusement plus tard on a bien le droit à cette scène attendue ou l'étudiant envoie au nirvana sa conquête grâce au savoir acquis. C'est prévisible, inutile en plus que mal écrit avec ce merci Nathalie" verbalisé durant la scène ( personnage de la chef jouée par Viard) mis là au cas ou on serait trop con pour se rappeler d'une scène 15 minutes plus tôt.
c'est pas faux
ma femme (ancienne infirmière) me confirmait les rapports de forces entre référent et stagiaire ("le petit étudiant" ou "machin" est fréquent). De ce point de vue, elle a trouvé le film très crédible.
Par contre, même moi qui ne suis pas du milieu, j'ai trouvé la scène du scooter totalement improbable (ma femme a d'ailleurs lâché un "n'importe quoi" aussi
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Je suis aussi d'accord pour la scène du point G et sa "conclusion" tardive. Facile et inutile.
le film n'est pas sans défaut, mais au sein de ces produits souvent très balisés, il se démarque plutôt favorablement. Pas vu "Hippocrate", mais "Médecin de campagne" est sans doute plus orginal et possède l'avantage de pouvoir faire exister plus de personnages, d'une consultation à l'autre (puis, Cluzet qui bougonne, c'est toujours un plaisir
![Colère :grrrr:](./images/smilies/grrrr.gif)
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sinon, changement de registre avec le "zero dark thirty" français
![Image](https://fr.web.img5.acsta.net/pictures/22/08/22/12/13/2509103.jpg)
casting impeccable, avec une Lyna Khoudri qui crève l'écran, ce qui n'est pas une mince affaire face à Anaïs Demoustier, Jean Dujardin et Jérémie Rénier et un paquet de seconds rôles qui assurent. La tension est constante, mais au delà de la reconstitution, il y a paradoxalement un manque d'enjeu. On voit des gens s'agiter beaucoup, sortir des pistes de leur chapeau, jusqu'à l'intervention de Samia, qui a permis de localiser les derniers terroristes. Il y a aussi un commentaire étrange en fin de film:
le port du voile islamique par le personnage de Samia répond à un choix de fiction qui ne reflète pas les convictions personnelles de l'intéressée
c'est visiblement le résultat d'une plainte en référé contre le film, intenté par Sonia, qui a inspiré le personnage de Samia. Cette dernière a été choquée d'être représentée voilée, alors qu'elle ne l'est pas dans la vraie vie et y est même plutôt fermement opposée. Cela jette quand même un voile (justement) sur la véracité du film, qui fut l'un des arguments des auteurs:
Ce que raconte le film est vrai dans l'apparition des témoins, l'articulation et la progression de l'enquête
Présenter comme voilée une femme qui ne l'est absolument pas est loin d'être anecdotique. De la même manière, le profil de Hasna est assez simplifiée. Elle est présentée comme SDF, mais sa toxicomanie et sa fragilité mentale sont complètement occultées, alors que cela apporte un éclairage différent sur ses motivations. De petits arrangements avec la vérité qui laisse planer un doute sur l'ensemble du film. Il reste diablement efficace, mais jusqu'à quel point relève-t-il de la pure fiction ?