Je ne sens pas l'utilité de revenir sur ce chef-d'oeuvre, revu à l'occasion récente d'acquérir le blu-ray à la restauration parfaite. Crépusculaire et nécessaire, c'est tout ce qu'on rappelera...
Cette édition est accompagnée d'un bonus magnifique, en la personne d'un documentaire d'1h20 sur le style melvillien, par le prisme du film en question.
Ayant été lecteur de revues cinématographiques, acharné absolu, pendant quinze bonnes années ( jusqu'à une dizaine mensuellement
), je savais déjà beaucoup de choses du réalisateur. Mais cela reste passionnant d'écouter et voir ses collaborateurs d'époque raconter un homme, un style...
Réalisateur extrêmement particulier et plutôt invivable, tout d'économie de mots, capable de se faire détester sans que ça lui pose un dérangement particulier. Metteur en scène à l'ancienne capable régulièrement de passer son temps dans sa loge, et de n'en sortir qu'un fois la scène prête à tourner. Cinéaste de génie qui trouvait la bonne idée au moment ou il fallait la trouver. Visionnaire qui dirigeait peu ses acteurs car considérant qu'à partir du moment ou ils les avaient choisi en amont, ils ne pouvaient être qu'obligatoirement bon dans l'action.
2 anecdotes autour du film :
- les rapports entre Melville et ventura étaient absolument inéxistants, emprunts de froideur et de silence : une vieille rancune tenace tenaillait le duo, ayant pour origine........."le clan des siciliens", de Verneuil !
- ce film n'a été vu aux usa qu'en........2006 !
Quelques réalisateurs - Woo, Tarantino, Jarmush, To... - ne cessent de se référer à Melville dans les années 90, ce qui intrigue les personnes de culture dans ce pays. De là naît une vaste lame de fond concernant toute la filmographie du réalisateur, jusqu'à ce que "l'armée des ombres" devienne pour les journalistes spécialisés la découverte d'un film majeur du cinéma mondial.