Angel Heart Alan Parker - 1987
Attention SPOILER !!
Adaptation du roman Fallen Angel de William Hjortsberg.
Le film commence comme un film noir classique avec bureau minable, perso secondaire pittoresque, bar enfumé et zic jazzy ( en plus ça se passe dans les 50's ) avec un premier plan des bas fonds New yorkais bien dans l'esprit :
on va donc suivre Rourke, un détective de seconde zone spécialité dans les filatures car c'est sans risque mais vu la somme d'argent qu'on lui propose il va enquêté sur la disparition d'un gars, ça commence donc comme du film noir avec enquête à tiroir, personnage secondaire très intriguant et ambiance nocturne puis plus l'enquête avance plus elle devient nébuleuse et glauque ( les meurtres dans le genre cradingue se pose là ) pour virer dans le fantastique pure, le script se révèle habile ( diabolique même :mg: ) car même si on sait que De Niro est le Diable, le jeu auquel il joue avec Rourke est bien foutu, un jeu vicieux et ou le gagnant est connu d'avance, le twist final on le voit peu à peu arrivé mais il est vraiment amener de façon intelligente ( avec tout ces flashs sur des images un peu bizarre comme ce plan récurrent sur le monte charge, l'hélice d'aération, les rêves de Rourke ) souvent on parle du héros qui vit une vrai descente aux enfers, ici cette expression n'aura jamais été aussi vrai au propre comme au figuré.
On passe de la grisaille de New York à la moiteur du sud qui comme dans Mississippi Burning est palpable, Parker arrive bien a capter la chaleur ambiante et poisseuse de la Louisiane,
a ça on rajoute les rites vaudou très envoutant ( ça fait tout drôle de voir Lisa Bonnet et son poulet ) et on obtient un vrai film à l'ambiance plus que travaillé ou chaque plan magnifié par une photo sublime est vraiment une pure réussite ( j'ai peu de souvenir de Midnight Express donc en attendant Angel Heart c'est de loin le film de Parker le plus réussit d'un point de vue technique, c'est vraiment stylisé, je trouve qu'il y a un petit coté Blade Runner dans cette ambiance ).
La reconstitution d'époque est vraiment une grande réussite, avec un sud avec des cul terreux bien crasseux :mg:
Parker arrive a rendre ces scènes vraiment angoissante et oppressante ( putain la scène de cul elle déchire, ça commence comme un truc de cul normal quoi pis ça vire au glauque d'un seul coup avec des ébats qui deviennent très sanglant et ou la sueurs le sang et la pluie ne font plus qu'un, une scène qui prend encore plus d'impact lors de la révélation finale pour devenir vraiment malsaine, a noter que lors de sa sortie au States Parker a du coupé un peu la scène car qu'il avait écopé d'un classement X ).
Mickey Rourke dans un rôle qu'il ne peut plus tenir, un détective miteux, toujours la clope au bec, éternellement mal rasé, cynique ( faut le voir allumé sa clope contre un cadavre encore chaud ) et désabusé, vraiment un de ces meilleurs rôles ( depuis qu'il est devenu un gros mastoc, y bouffe l'écran de façon évidente, limite il a pas besoin de jouer, juste sa présence suffit alors qu'avant avec son physique "normal" il devait vraiment joué pour être le personnage ), Robert De Niro est grandiose ( dans un rôle refusé par Brando ), pas seulement parce que c'est Bob De Niro, non il est vraiment bon dans un rôle pas facile ( vraiment une de ces meilleurs interprétation ), là ou Pacino en fait des tonnes dans l'avocat du diable, De Niro est ici tout en sobriété ( terrible son look avec ces ongles long, sa canne et ces cheveux tiré en arrière ), et il a un putain de regard terrifiant :
il est campe un Lucifer élégant et glacial, qui choisit ces mots, très économe dans ces mouvements , il a que 4 scènes dans le film, toute avec Rourke et il vampirise les scènes à chaque fois, bon Rourke s'en sort très bien face à ce monstre et ça donne des scènes aux dialogues juste parfait ( c'est le genre de dialogues ou on voit que chaque mot a été bien réfléchis ) magnifié par les acteurs qui les récitent ( j'ai pas fait trop attention mais me semble bien que les 4 scènes sont à chaque fois des plans séquences, bon y a des insert sur les ongles et l'oeuf quand même ), c'est le genre de séquence ou le talent des comédiens fait tout le travail et ou le réalisateur a juste a poser sa caméra.
Lisa Bonnet est juste
elle fout la trique rien qu'en parlant ( putain de tension sexuelle quand on la voit ), très loin de son rôle du cosby show ( ça parlait pas trop vaudou dans cette série ), bizarre qu'elle ai pas fait une meilleure carrière parce que à part High Fidelity elle a rien fait, sinon on a Charlotte Rampling dans une scène très marquante.
La BO de Trevor Jones est envoutante et l'ambiance jazzy colle bien au rythme du film qui prend son temps ( l'enquête est pas des plus palpitante quoi ).
A noter que Parker est porté disparu depuis 1988, depuis il a fait que dla merde, son dernier film en date étant le thriller mou du genou La vie de David Gale.
Une belle rencontre entre le film noir et le fantastique, et y a finalement peu de film qui marrie aussi bien les 2 genres, l'autre exemple qui me vient en tête est Le Maitre de l'illusion.
8,5/10
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L'impasse Brian De Palma - 1993
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SPOIL
Je profite de l'excellent blu ray pour me refaire le meilleur film de De Palma et en HD c'est encore plus grandiose. Le dernier chef d'oeuvre de De Palma ( même si dans Femme Fatale y a des beaux restes de son talent ).
De Palma le génie réussit l'exploit a nous faire croire que Carlito va réussir à s'en sortir alors qu'on voit sa mort dès la première minute du film, pendant un moment on oublie qu'il meurt dès le début, toute la virtuosité de De Palma est aussi service du film, dès l'intro avec l'image qui bascule on sait qu'on va en prendre plein les yeux et De Palma joue avec nos nerfs.
C'est une putain de tragédie Grec à laquelle on assiste, un putain de film noir, un putain de chef d'oeuvre.
On peut considérer le film comme une suite de Scarface avec un Tony Montana sortant de prison et ayant changé ( même si vu le psychopathe que c'est, un changement aussi radical est impossible
), on suit donc Carlito Brigande qui veut se retirer du bizz pour pouvoir vivre sa vie tranquille mais tout ne sera pas si facile, il est otage de son passé, le script évite à merveille le truc cliché de la rédemption, non Carlito ne la cherche pas, il essaye pas de se racheter, y veut juste changer de vie, bon certains pisse froid diront que le déroulement est trop linéaire et alors ? depuis quand c'est un défaut un script linéaire surtout que c'est aussi bien rythmé et qu'on ne s'ennuie pas une seule seconde et que le script se révèle plutôt riche et dense ( de loin le meilleur script de David Koepp ).
Un film profondément mélancolique et au ton très crépusculaire dont la fin est toujours aussi bouleversante.
Comme dans tout De Palma qui se respecte, la caméra est toujours en mouvement et on a donc des scènes d'anthologie, une fois de plus il mérite sa réputation de maitre du suspens, ici on a donc la scène du billard ( véritable mise en abime ou De Palma nous annonce la couleur a travers le perso de Carlito quand il dit un truc du genre "je vais vous faire un coup comme vous avez jamais vu" c'est De Palma qui nous dit " Attention les gars, voilà tout mon talent qui va vous gicler à la gueule ), modèle de découpage ( ou le regard de Carlito nous fait comprendre la situation en un rien de temps ) et de dilatation du temps, le plan ou on voit passer le tueur dans les lunettes ça tue avant le déchainement de violence ( le tout jeune John Ortiz ( oui le bad guy du Miami Vice ) se fait égorger ) et il y a cette dernière demi heure de folie, qui commence avec la visite de Brigande à son avocat et là c'est un enchainement de scène qui tue : la mort de Penn avec ce plan sur le gun et les balles jeté à la poubelle, ce plan séquence dans la boite ou Brigande gère toute la situation ( avec l'éternel mouvement 360 ° sur les acteurs entrain de parler et les monologues intérieurs vraiment bon ) puis le début de la course poursuite morceaux de bravoure ultime ou De Palma enchaine les plans séquences de virtuose ( alors que dans un film comme Outrages son plan séquence c'est la pure esbroufe ici c'est vraiment parce que c'est le meilleur moyen de rendre la scène immersive ), on sait très bien que cette course est inutile que c'est juste un baroud d'honneur, une course contre la fatalité.
Le dernier plan est magnifique avec Carlito qui s'en va en paix, qui sait que Gail élèvera très bien son fils.
Et même dans un film comme ça il arrive a refourgué ces obsession de voyeur ( Carlito qui espionne Gail ou quand il se retrouve sur le pas de la porte
) mais il délaisse sa vulgarité légendaire de Body Double et Pulsions, il recycle ces scènes des Incorruptibles comme le meurtre de l'ascenseur ou le final dans l'escalier, par contre il se calme avec ces gimmick ainsi on pas de split screen et sauf erreur il utilise la double focale une seule fois ( lors de la scène de la libération de Carlito ).
Al Pacino amha dans son meilleur rôle ici pas de faute de gouts, pas de surjeu ( comme dans une scène de Heat ) et il est merveilleusement mis en valeur par De Palma qui adore sa façon de bouger, Pacino quand il se déplace c'est juste la classe, Sean Penn méconnaissable trouve lui aussi dans un de ces tout meilleurs rôle, faut dire que son perso d'avocat c'est de l'or en barre a jouer ( lui aussi est très sobre dans un rôle ou il aurait largement pu cabotiner, chose qu'il sait faire à merveille pourtant, il est dans l'excès juste ce qu'il faut ), John Leguizamo campe un Benny Blanco from the Bronx inoubliable dans son rôle de grande faucheuse ( j'adore le gros plan sur sa tronche lors de son face à face avec Pacino dans la boite de nuit
), Luiz Gusman c'est du second rôle solide ( flic ou gangster il joue que ça ), Viggo Mortensen prouve en 2 minutes que c'est un putain d'acteur, et Penelope Ann Miller au corps parfait dans le film de sa carrière dont elle peut vraiment être fier,
La photo est a tombé avec des éclairages magnifique, rouge sang, bleu nuit et noir comme la mort.
Le seul léger bémol que j'aurais c'est sur la BO, c'est moins convaincant que d'habitude Patrick Doyle n'a clairement pas le talent d'un Morricone ou d'un Pino Donaggio, enfin on entend de la bonne zic et Joe Cocker ça le fait toujours.
Mon De Palma préféré, celui ou j'ai l'impression que tout son talent se marrie à merveille avec une histoire très touchante.
Son score au BO fr est assez surprenant seulement 275 000 entrée c'est vraiment peu pour un film de ce calibre.
Dans le top 3 des polars des 90's avec Casino et Heat, d'ailleurs
les Cahiers du Cinéma l'ont élu meilleur film des années 90 ( comme quoi y dise pas que dla merde ).
10/10