artemus dada a écrit:En effet, Geoff Johns, apparemment traumatisé par l'influence de Watchmen (influence qu'il pense être négative compte tenu de ce qui suit) sur le sense of wonder et l'optimisme (disparu) des comics, a décidé de faire du Docteur Manhattan (l'un des protagonistes de la Maxi-série Watchmen écrite il y a plus de 30 ans quand même), le seul et unique responsable de l'ambiance grim'n gritty (sinistre et sordide) de ce qu'on appelle chez DC le New 52.
Ça en serait presque drôle. Sans même parler de la façon dont il a, par ailleurs, puisé à pleine main dans les
Tales of the Green Lantern Corps de Moore pour alimenter son propre run acclamé sur le personnage, Johns n'est certainement pas le dernier à avoir pataugé dans le
grim'n'gritty, d'
Infinite Crisis au bien nommé
Forever Evil, en passant évidemment par
Blackest Night (sans doute l'un des pires titres DC en la matière) ou encore son
Batman: Earth One, et plus généralement de par son goût marqué pour les tombereaux de violence plus ou moins gratuite option mutilation bourrine que l'on retrouve régulièrement dans ses séries. De plus avec son titre de "
chief creative officer" depuis 2010 il a quand même été l'un des principaux architectes des New 52, et supervise les adaptations DC sur grand écran dont on ne peut pas exactement dire qu'elles respirent l'optimisme et la joie de vivre. Rejeter la faute sur l'influence de
Watchmen, c'est quand même fort de café.
J'avais quelques espoirs concernant ce "
rebirth" -- pas tant le one-shot dont tu parles, à côté duquel je suis passé pour l'instant, mais la ligne éditorial subséquente -- notamment du fait de l'implication de certains auteurs (retour de Rucka sur Wonder Woman, etc.) et de quelques grandes lignes directrices que j'avais pu lire -- la volonté affichée de revenir, justement, vers des choses un peu moins universellement sombres. Mais là... on va formuler ça pudiquement en disant que ça commence par une grosse faute de goût. Johns a peut-être éprouvé le besoin de se confronter au totem
Watchmen mais à première vue la manière est particulièrement lourde alors que le combat, pour ainsi dire, n'est pas particulièrement neuf.
La part néfaste de l'héritage de
Watchmen a été interrogée depuis un bon moment déjà, y compris, au bout d'un moment, par Alan Moore lui-même. Johns ne peut pas l'ignorer, d'autant qu'il n'a rien d'un créateur enfermé dans une tour d'ivoire et a plutôt une réputation de fanboy de l'univers DC aux connaissances pointues et aux enthousiasmes communicatifs (l'homme est complexe et on ne peut pas non plus le réduire à ses penchants de boucher-charcutier). Il va falloir que je lise ce
Rebirth pour avoir une vision plus globale de la chose, mais il m'a tout l'air d'y être allé au char d'assaut pour enfoncer une porte qu'il savait pertinemment ouverte. C'est assez troublant.
Pour mémoire, la plus belle "réponse" à
Watchmen que je connaisse est un numéro de
Flash de 1998, "La vie tranquille à pleine vitesse", coécrit par Millar et Morrison (que l'on peut lire dans l'Anthologie Urban consacrée au personnage).
Par ailleurs, c'est HS mais :
artemus dada a écrit:Deux événements viennent de se dérouler cette semaine dans le paysage de la bande dessinée étasunienne.
D'un côté la relance de la totalité ou presque de l'univers de papier de
DC Comics sous le titre évocateur de
Rebirth et de l'autre, un
cliffhangeur dans le plus pur style le la "leçon d'anatomie" d'
Alan Moore (
Cf. The Saga of Swamp Thing #21) (
Pour en savoir +) dans le numéro 1 d'une nouvelle série (mais qui met en scène un personnage bien connu et plutôt ancien). [...]
Pour ma part entre les deux événements (
Rebirth et le
Captain America : Steve Rogers #1) mon choix est fait.
Ça fait deux fois sur ce forum que je te vois citer la "leçon d'anatomie" de
Swamp Thing à propos de ce numéro et franchement je trouve la comparaison assez nettement abusive.