Jeff70 a écrit:Il est certain que notre réaction émotionnelle vis à vis d'une oeuvre d'art en général ( ou notre indifférence), nous appartient en propre.
Elle est le reflet de notre personnalité et de notre vécu, et sans rapport avec les intentions de l'artiste.
Mais c'est précisément le propre de l'oeuvre d'art de faire réagir, de déclencher une réaction subjective chez celui qui la découvre...
Xavier Guilbert a écrit:Bon, ben tu vois, t'es pas tout seul à avoir fait tes devoirs, puisque j'ai lu Katanga. Et je continue à lui préférer, et de loin, le travail de Drnaso. Je m'explique.
Katanga, c'est un récit avec toute la subtilité du film de guerre, quelque part entre Les douze salopards et un volume de SAS. Ca se passe durant les années sombres de la Françafrique (ou pas loin), donc ça donne le prétexte de sortir tout un vocabulaire fleuri et raciste. C'est assez caricatural, on a (forcément) les politiques corrompus jusqu'à la moelle, les mercenaires sans scrupules et bien sûr, la bombasse de service qui use de ses charmes, mais attention, elle n'est pas vénale, elle fait ça pour sauver son frère. Tout cela permet d'enchaîner les scènes de machinations diaboliques, de fusillades bien sanglantes, et une ou deux scènes de sexe, histoire de bien caresser le chaland dans le sens du poil. Le tout saupoudré de répliques qui se veulent cash, mais qui font vraiment Audiard de bas étage.
Le dessin est un peu au diapason de tout cela: il s'inscrit dans une lignée assez codifiée (du Franquin sauce réaliste, on pourrait dire), mais dans une veine qui aurait évacué toute poésie: le trait représente, point barre, dans une mise en page principalement utilitaire. C'est à mon sens assez laid, et à peu près aussi sexy qu'un Largo Winch ou un XIII, en fait.
Olaf Le Bou a écrit:oui mais il y a un moment où la frontière est floue entre l'artiste qui reste volontairement en retrait pour laisser le lecteur/spectateur apporter son propre vécu pour enrichir l'œuvre et l'artiste qui n'a tout simplement pas grand chose à dire.
est-ce que tendre un miroir est véritablement une démarche artistique ?
toque a écrit:Jeff70 a écrit:Il est certain que notre réaction émotionnelle vis à vis d'une oeuvre d'art en général ( ou notre indifférence), nous appartient en propre.
Elle est le reflet de notre personnalité et de notre vécu, et sans rapport avec les intentions de l'artiste.
Mais c'est précisément le propre de l'oeuvre d'art de faire réagir, de déclencher une réaction subjective chez celui qui la découvre...
Bof. Si c'est vrai la plus grande œuvre d'art que j'ai vu de toute ma vie, c'est un nournours en pâte a sel que m'a offert mon fils.
Qu'il y est une part de subjectif et d'affect évidement. Mais a un moment se pose la question du talent. la qualité technique sa compte aussi. Tout ne se vaut pas, la démarche seul ne suffit pas.
Xavier Guilbert a écrit:Olaf Le Bou a écrit:oui mais il y a un moment où la frontière est floue entre l'artiste qui reste volontairement en retrait pour laisser le lecteur/spectateur apporter son propre vécu pour enrichir l'œuvre et l'artiste qui n'a tout simplement pas grand chose à dire.
La question est alors de savoir si ce qui compte, c'est d'avoir ressenti quelque chose toi-même. Encore une fois, l'intentionnalité de l'auteur est à mon sens secondaire. C'est d'ailleurs particulièrement prégnant pour les artistes non contemporains, pour lesquels on ne dispose finalement que du discours des regardeurs, la parole de l'auteur ayant bien souvent disparu.
Quand j'ai mon moment "syndrome de Stendhal" devant le Jugement Dernier de Hieronymus Bosch à Vienne, est-il vraiment important pour moi de savoir ce que voulait transmettre Bosch avec ce tableau? (j'irais même plus loin: puis-je seulement comprendre ce que voulait transmettre Bosch, peintre hollandais du 15e siècle, moi qui suis un français du 21e?)
Je ne cherche pas à dire que la question n'est pas légitime, mais elle indique souvent une lecture qui ne fonctionne pas. De savoir ensuite si c'est l'auteur qui est en cause, ou si c'est le lecteur, c'est un vaste débat, sur lequel repose finalement toute la diversité des opinions sur l'art en général.
Nirm a écrit:Marrant quand même de râler quand quelqu'un explique en quoi il n'accroche pas à une BD en parlant de mépris et derrière parler de la "vacuité totale des autres"
Et sinon, le principe du mot "pendant" ici est temporel, pas géographique.
"Pendant la Françafrique" ça ne veut donc pas dire "dans la Françafrique"...
Cooltrane a écrit:l' histoire comprend de véritables caractères historiques. Le tout étant plausible, si ce n'est la volonté de faire un coté 12 Salopards et Tonton Flingueurs. Bref c'est succulent et jouissif.
Cooltrane a écrit:Balayer cela d'un revers de la main est discutable et montre une pointe de mépris - ou du moins un certain manque de volonté de "rentrer dedans" (histoire et Histoire) avec un vrai début et une fin réelle.
Cooltrane a écrit:De plus l'argument de largo et XIII en dit long sur le coté opposition RG (et pas Hergé ) contre "les petits mickeys". Et c'est bien ce qui est reproché à Angougou et ses petits copains.
Mais le problème, c'est qu'un certain public hipster y voit un sens (et se l'approprie pour se démarquer de la masse, un poseur, quoi!!), là où l'autre partie du public ne voit rien d'amusant ou beau (deux des critères de bases qui reviennent le plus souvent).
Cooltrane a écrit:Mais le problème, c'est qu'un certain public hipster y voit un sens (et se l'approprie pour se démarquer de la masse, un poseur, quoi!!), là où l'autre partie du public ne voit rien d'amusant ou beau (deux des critères de bases qui reviennent le plus souvent).
Xavier Guilbert a écrit: ce "certain manque de volonté de rentrer dedans" est exactement le même que Toque quand il décrit Beverly, en expliquant qu'il ne s'y passe rien et que c'est chiant.
Xavier Guilbert a écrit:Mais sinon, j'ai lu Katanga en essayant d'être le plus objectif possible
Xavier Guilbert a écrit: Angoulême est un festival qui effectivement, cherche à valoriser un pendant artistique de la bande dessinée, et va donc avoir une approche qui est en accord avec cela.
Xavier Guilbert a écrit:Quand j'ai mon moment "syndrome de Stendhal" devant le Jugement Dernier de Hieronymus Bosch à Vienne, est-il vraiment important pour moi de savoir ce que voulait transmettre Bosch avec ce tableau?
Xavier Guilbert a écrit: Angoulême est un festival qui effectivement, cherche à valoriser un pendant artistique de la bande dessinée, et va donc avoir une approche qui est en accord avec cela.
Cooltrane a écrit:Nirm a écrit:Marrant quand même de râler quand quelqu'un explique en quoi il n'accroche pas à une BD en parlant de mépris et derrière parler de la "vacuité totale des autres"
c'est pourtant la preuve par l'absurde... En rejetant une BD populaire, Angougou se veut élitiste et méprisant... même s'il s'en défend bec et ongle par une aura d'intellectualité attentionnée (prêcher le bonne parole et convaincre de rejoindre sa propre chapelle)
Thierry_2 a écrit:Le problème, c'est que beaucoup de "refusés" ont fini de l'autre côté. Que ces tacherons de fauvistes, d'impressionistes et de cubistes ont finalement laissé une marque plus profonde que celle des pompeux pompiers devant lesquels s'extasiaient les pas hipsters.
Xavier Guilbert a écrit:Mais sinon, j'ai lu Katanga en essayant d'être le plus objectif possible, et ce n'est pas ma came. Ce n'est pas une question de mépris -- je n'aime pas la betterave, ce n'est pas que je méprise ce légume, c'est juste que je n'aime pas. Et d'affirmer que je n'aime pas la betterave ne va pas plus loin que cette simple affirmation, et non pas une condamnation plus globale de la filière de production de betterave en France.Cooltrane a écrit:De plus l'argument de largo et XIII en dit long sur le coté opposition RG (et pas Hergé ) contre "les petits mickeys". Et c'est bien ce qui est reproché à Angougou et ses petits copains.
J'ai les mêmes arguments pour Largo Winch et XIII. Le premier, surtout, est aussi à mon sens au niveau d'un SAS, et ne correspond absolument pas à ce que j'attends d'un bouquin. Je trouve le dessin très laid, putassier même, et les scénarios ont bien peu de profondeur. C'est à classer du côté du divertissement, ce qui n'est pas péjoratif, juste un constat. Mais si j'ai à choisir un livre qui marque et qui devrait rester, c'est clair que ce n'est pas ce que je mettrais en avant.
Ensuite, ce sont des bouquins qui se vendent bien, qui n'ont pas de problème à exister, qui donc rencontrent déjà leur succès. Angoulême est un festival qui effectivement, cherche à valoriser un pendant artistique de la bande dessinée, et va donc avoir une approche qui est en accord avec cela.
Cooltrane a écrit:Pendant comme pendantif?? pan dans les dents
"Durant" la FrançAfrique eut été plus temporel, mais bon, j'admets (pour éviter trois pages de dispute) avoir mal lu Xavier sur ce mot-là
Thierry_2 a écrit:Cooltrane a écrit:Nirm a écrit:Marrant quand même de râler quand quelqu'un explique en quoi il n'accroche pas à une BD en parlant de mépris et derrière parler de la "vacuité totale des autres"
c'est pourtant la preuve par l'absurde... En rejetant une BD populaire, Angougou se veut élitiste et méprisant... même s'il s'en défend bec et ongle par une aura d'intellectualité attentionnée (prêcher le bonne parole et convaincre de rejoindre sa propre chapelle)
élististe, on peut discuter, mais insinuer que Angoulême est méprisant, cela en dit long.
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