nexus4 a écrit:C'est dans Annie Hall ou Manhattan que Woody Allen va chercher l'auteur dans la file d'attente au cinoche et qui dit "Non, non, j'ai rien voulu dire de tout ça" ?
Oui, il y a plusieurs exemples de ce genre de constat de la part d'un auteur.
Mais qui ne prouve rien, en fait -- cela fait partie de la nature de l'auteur que de ne pas contrôler l'ensemble de ce qu'il fait (en fait, c'est même totalement humain. Relisez les travaux de Sigmund, avec le Moi, le Surmoi et le Ça). L'auteur fait des choix quand il crée, et une large partie de ces choix se font de manière instinctive, sans forcément qu'il y ait derrière une prise de décision consciente. Et quand bien même il y aurait une prise de décision consciente, celle-ci s'inscrit dans un contexte (de création, humain, sociétal, etc.) et renseigne donc également sur une certaine vision du monde.
Je dis souvent que "le livre que fait l'auteur, et le livre que lit le lecteur sont deux livres différents". Parce que le lecteur, dans une participation active, apporte également sa vision du monde dans son interprétation du livre -- et que celle-ci n'est, en définitive, pas forcément moins valable que celle de l'auteur.
Notre rapport à l'art en général se base avant tout sur une expérience personnelle. Bien, sûr, ce que l'on choisit d'en retirer et d'en communiquer est toujours discutable, mais c'est une expérience personnelle. Donc d'une certaine manière, l'auteur doit laisser la place au lecteur, l'auteur doit s'effacer.