Xavier Guilbert a écrit:Olaf Le Bou a écrit:Habiter une métropole, c'est l'assurance d'avoir accès à toute l'offre culturelle. En habitant en province, il faut la conjonction de 3 éléments pour accéder aux publications indés : avoir un libraire, avoir un libraire s'intéressant à la BD, avoir un libraire s'intéressant à la BD alternative. Autant dire que c'est loin d'être gagné.
Oui, mais n'est-ce pas le cas pour les autres types de bande dessinée? Oui, c'est facile de trouver partout le dernier Astérix, mais j'imagine qu'il y a tout un pan de la production des grands éditeurs qui va s'y retrouver peu représentée aussi. Ensuite, comme on l'indique, c'est affaire de curiosité, d'intérêt.
Quand tu dis que "Habiter une métropole, c'est l'assurance d'avoir accès à toute l'offre culturelle", ça ne signifie pas que
toutes les librairies bande dessinée ont
toute l'offre disponible -- ce qui semble pourtant une forme de présupposé quand on attaque la fumeuse intelligentsia parisienne. Pour ceux qui connaissent les Albums de Saint-Michel, on voit bien la différence d'offre qu'il peut y avoir entre celui qui va fermer (au coin de Saint-Germain et Saint-Jacques) et celui de la rue Dante, par exemple: très peu d'indé dans le second, uniquement les têtes de gondole, pas mal de para-BD. Et un tour du côté de Super-héros ou du Monte-en-l'air donnera parfois l'impression de ne pas être sur le même marché, tant l'offre et les mises en avant seront différentes.
Ce que je veux dire là-dedans, c'est que cette question de visibilité implique aussi fortement le lecteur. Et de la même manière qu'il n'existe pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, il n'est sans doute pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Si l'indé ne t'intéresse pas, même si tu es dans une librairie qui en propose, tu n'iras peut-être pas jeter un oeil sur le rayon en question -- et quand bien même, il est très possible que tu n'en retires rien, parce que simplement cela ne fait pas partie de tes envies d'aller vers ce genre de bande dessinée.
si je suis capable de décrire avec précision ce qu'il y a dans les maigres rayonnages des environs, c'est justement parce que je m'intéresse également beaucoup à la BD indé. Et que je sais que si je veux trouver tel manga récent qui m'a tapé dans l'œil, j'ai 90% de chance de l'avoir en boutique, ça doit monter à 95% en comics, et rester au dessus des 85% en francobelgien classique. Des coudées au dessus l'offre alternative.
et il m'arrive heureusement parfois de sortir de mon trou, j'ai mes habitudes chez aapoum, et dans les boutiques environnantes, je connais relativement bien l'offre locale. Même chose avec Toulouse (le paradis du lecteur vu de chez moi).
Thierry_2 a écrit:Le libraire n'est pas seul moyen de découvrir de nouveaux trucs (ce weekend, un libraire m'a remercié de lui avoir fait découvrir l'école emportée, qu'il ne connaissait pas... comme les libraires ne connaissent pas tout... mais il m'avait fait découvrir le Working d'après Studs Terkel) alors que vous êtes tous en train de pavaner sur les forums et les sites spé. Ce n'est pas aussi personnel qu'un libraire, mais vous vous conseillez les uns les autres, vous allez sur des blogs et webzines, il y a des communautés de lecteurs sur des sites comme babelio et d'autres qui servent aussi de passeurs. Vous pouvez même accepter des petits nouveaux qui auront peut-être envie d'écouter vos conseils, voire de vous en donner si vous les écoutez. Voilà pour découvrir comment découvrir des trucs.
Et pour acquérir la chose, vous avez remarqué le beau bouton "Acheter" sur la fiche de la base BDGest ? En plus, ça finance le site. Et si ça vous arrache les tripes de ne pas acheter en librairie, je suis sûr que la majorité des libraires peuvent commander si vous fournissez les informations adéquates à votre libraire local. S'ils refusent, amazon, fnac... et ils n'iront pas se plaindre de la concurrence déloyale d'internet.
Euh, tu crois que je t'ai attendu pour découvrir le principe de la commande chez mon libraire ?? ça doit représenter 50% de mes achats depuis 5 ou 6 ans la commande. (d'ailleurs, en parlant d'école emportée, il y a de l'amélioration dans l'air, mon Furet local a mis son premier Lézard Noir en rayons en mettant Je suis Shingo à l'office, j'en suis resté sur le cul)
Mais si je me languis d'avoir une offre digne de ce nom en librairie, c'est pas tant pour les conseils que pour la possibilité de feuilleter les bouquins. Ce qui fait le sel de l'édition indé c'est précisément l'audace et la singularité des auteurs, d'où la subjectivité encore plus grande des avis des lecteurs que pour le mainstream ronronnant. J'ai eu plusieurs cas d'avis enthousiastes en contradiction totale avec mon propre ressenti (Megg mogg & owl pour rester sur la sélection d'Angougou).
(même si le feuilletage ne fait pas tout, des bouquins (sélection toujours) comme Bangalore, Tes yeux ont vu ou Black project sont interpellant graphiquement parlant mais d'un intérêt très limité sur le plan narratif)