fleur a écrit:yannzeman a écrit:Où sont les oeuvres d'aujourd'hui qui cherchent à plaire au plus grand nombre ?
Non ce n'est pas plus difficile de plaire au plus grand nombre.
Et il y a des éditeurs dont c'est l'objectif prioritaire.
Une oeuvre "mi bouc mi bique" comme on dit chez moi, c'est quelque chose qui n'a guère de personnalité.
C'est quelque chose qui s'appuie sur ce qui a déjà plu, c'est quelque chose qui n'ouvre pas à d'autres univers, à d'autres émotions que ce qui a déjà marché. Si bien que quand on lit beaucoup de BD, il y a certains nouveaux albums qu'on a l'impression d'avoir déjà lus, dont les structures narratives sont copiées-collées sur d'autres, dont les personnalités de héros ne sont que clichés, dont il est tellement facile d'anticiper le dénouement que même si le dessin est grandiose, l'album peut engendrer l'ennui.
Ceci dit ces albums peuvent faire passer de bon moments de lecture et ce n'est pas ridicule. Mais le rôle d'un festival n'est pas de les promouvoir, aussi beaux soient-ils et avec tout le respect dus aux auteurs qui y consacrent tant d'énergie.
espe01 a écrit:Pabelbaba, c'est exactement ce que je dis, ils s'appuient sur la bd mainstream (auteurs en dédicaces+expos) pour faire venir le public, et en même temps, ils montrent bien que la VRAIE BD, pour eux, c'est pas ça, c'est le truc hyper élitiste. C'est un choix, une orientation culturelle, un positionnement, un peu aussi du parisianisme pour montrer la "voie" aux bouseux de province. Mais très franchement, personnellement, je m'en moque complètement. Je n'ai vraiment, vraiment, vraiment pas besoin de ce salon pour vivre et exister dans le monde de la BD. D'autres, si, c'est eux qui morflent le plus.
la sélection pose simplement la question de la place du FIBD comme référent annuel pour les récompenses en bande dessinée. que le FIBD ait un parti-pris quand à sa ligne artistique, sa sélection, ses expositions, pas de soucis. mais alors, il ne peut plus représenter la bande dessinée publié en France dans son ensemble.
Au contraire. C'est précisément ce qu'on attend d'un festival quand on est journaliste ou lecteur : un parti pris. Demande t-on à Cannes de parler de tous les cinémas, aux César de remercier le plus avant-gardiste des films produits cette année? Certainement pas, chacun sa ligne. D'ailleurs, si le FIBD est le référent annuel, c'est en grande partie parce que sa sélection continue de mobiliser le plus grand nombre de médias et de lecteurs. Si un autre festival devient plus convaincant dans son offre, il prendra naturellement sa place. Personne n'a pris les journalistes ou les amateurs de bande dessinée en otage. Bref, le festival tend à l'exhaustivité, mais elle est par nature impossible à cause de la quantité des oeuvres publiées.
je reçois également mon lot de critiques inverses, de ceux qui pensent que la sélection du Festival se vend de plus en plus aux gros acteurs ☺.
C'est un débat sur lequel vraiment aucun professionnel n'est jamais d'accord et se divise en deux camps égaux. Au fond, selon moi, il s'agit surtout de comprendre le rôle d'un festival à vocation culturelle, d'obédience étatique et du rapport qu'ont les médias avec un support comme la bande dessinée.
Sur la fonction du festival : le problème de la bande dessinée, c'est que les professionnels n'ont jamais crée d'évènement à vocation industrielle, comme Les Molières dans le théâtre, Les Césars dans le cinéma. Or, une industrie culturelle a besoin de ses deux jambes : un événement piloté en partie par l’Etat sans considération industrielle, et un événement piloté par l’industrie qui cherche le bon compromis. Du coup, tout le monde attend qu’Angoulême joue les deux rôles. Ce qu’il essaie de faire tant que possible, parfois même au delà du raisonnable, si tant est que la schizophrénie a ses limites, surtout si l’on veut rester crédible et plus encore lisible.
Ainsi Angoulême accueille tant que possible la diversité, cette année encore. Quant au Fauve d’Or de l’année dernière, imprévisible, c’est un bon exemple. Il faut savoir qu’il a été décerné à l’unanimité par des profils du jury diamétralement opposés, avec des scénaristes de science fiction grand public, des humoristes grand public. Assister aux débats, c’est réaliser à quel point les résultats ne sont pas le fruit d’un calcul politique, et qu’une fois dans les jurés, acteurs de la bande dessinée grand public ou acteur d’une ligne plus sophistiquée votent tous, unanimement ou presque, pour les mêmes livres. En fait, si je voulais imposer une ligne plus grand public, il faudrait que je torde le bras aux jurés pour aboutir au résultat désiré. Alors que l’inverse se fait naturellement. Ca, que les professionnels ne comprennent pas, ou ne veulent pas entendre. Les résultats échappent totalement à la direction artistique. Et nos membres sont un équilibre entre professionnels chevronnés et d’autres choisi précisément dans le grand public pour sortir de notre entre soi.
Surtout, entre les attaques de ceux qui pensent que la sélection est vendue aux gros navires, et ceux qui pensent que la sélection est pointue, preuve en est qu’une seule sélection n’est pas capable de satisfaire l’intégralité d’une profession. Et personnellement, je me satisfais de cette idée de balle au centre, en l’état actuel des choses.
Le rapport d'Angoulême aux médias, ensuite, qui est d'ailleurs le seul qui ait fait ses preuves à ce jour, tend à prouver qu'une sélection exclusivement populaire (un terme qui reste à définir car dans les nombreux débats qui reviennent sur la table, la définition n'est jamais la même), n'attirerait pas la lumière. Le problème d’un argument comme le votre, c’est qu’il présuppose que le rapport médiatique est acquis. Que nous pourrions défendre tous les livres sans entamer notre écho média. Or, c’est vraiment pas ma conviction.
Car le Festival d'Angoulême a instauré un rapport aux médias qui fonctionne exactement sur le même modèle que celui qu’utilise le prêt-à-porter avec la « fashion week », l’automobile, ou l’aviation avec leur salon. C’est à dire pour faire parler du leur industrie dans la presse, le salon de l'automobile ne met pas en avant la dernière berline familiale qui fera le CA du constructeur, la fashion week ne flatte pas la dernière ligne de prêt-à-porter qui fera le gros des vente des grandes chaines de fabricants de vêtements. Pourtant, le salon de l’automobile fait décoller les ventes de voitures familiales, et tous les Zara de France font le plein pendant les défilés Chanel. Je force un peu le trait, car le Festival d’Angoulême ne fonctionne pas sur une dichotomie si extrême. Pourtant, l’idée derrière reste la même. Si la bande dessinée veut faire 1300 pages de presse, plusieurs heures de télé et de radio, durant 4 jours, il lui faut aussi se doter d’une programmation capable de percer la couche des grands médias. Et l’histoire prouve que les médias ne sont jamais aussi nombreux et bavards que lorsque le Festival joue la carte de la découverte et de la création. L’année dernière, Kamimura a fini largement en tête des sujets, loin devant Hermann, alors que nous ne poussions pas du tout Kamimura. Et c’est comme ça chaque année. Il est donc faux de croire que nous pouvons communiquer sur tout. Cette année, je pressens déjà les mêmes problèmes avec les sujets les plus populaires. Tous les médias nous sollicitent sur les sujets les plus pointus.
Jusqu’à preuve du contraire, c’est seulement avec une sélection un peu sophistiquée que la bande dessinée a réussi à s’imposer dans des médias qui ne souhaitent pas parler d’elle. Les autres festival concurrents, quels que soient leur succès, n’arrivent pas à reproduire le même phénomène. Japan Expo le premier. Il serait donc fou de croire que les gens ne parlent du Festival d’Angoulême que par habitude, ça serait sous-estimer le rapport de force que nous entretenons. Notre rayonnement médias n’est pas du tout acquis, les journalistes n’acceptent pas tout ce que nous leur proposons.
Donc au final, pendant le festival d’Angoulême, l’important est que l’on parle de toutes les bandes dessinées, le plus possible. Le Festival, si vous regardez bien, n’est d’ailleurs qu’une part modeste des articles consacrés à la bande dessinée, durant les 4 jours qu’il dure. C'est ainsi que le rapport de force s'entretient entre média et sujet ostracisés, en bande dessinée comme ailleurs – et ça, c’est ma conviction de critique pour la presse culturelle avec 15 ans d’expérience, je ne me fais pas d’illusion sur la fragilité d’Angoulême s’il devait affaiblir sa capacité à séduire les grands généralistes culturels en jouant trop la carte du grand public. L’Histoire comme l’expérience, en bande dessinée comme ailleurs, montre qu’on n’a pas trouvé pour l’instant d’autres formule efficace pour faire du bruit lorsqu’on était un support sous le radar des médias et des annonceurs. Ce qui ne nous empêche pas de parler de Titeuf, sélectionné, et dont la sélection a déjà été très largement critiquée par les libraires jeunesse comme un affaiblissement de notre programmation. Les avis sont tellement contradictoires qu'il faut se faire une raison. La sélection d'un évènement si visible est fatalement vouée à être un sujet de débat.
yannzeman a écrit:Le festival ciné de Cannes récompensait autrefois de bons réalisateurs, avec de bons films, que les gens allaient voir en salles.
Aujourd'hui, il ne réunit plus que les copains, et récompense les copains des copains ; les films primés ne sont vu par personne, la mention "sélectionné à Cannes" sur l'affiche dessert le film.
icecool a écrit:yannzeman a écrit:Le festival ciné de Cannes récompensait autrefois de bons réalisateurs, avec de bons films, que les gens allaient voir en salles.
Aujourd'hui, il ne réunit plus que les copains, et récompense les copains des copains ; les films primés ne sont vu par personne, la mention "sélectionné à Cannes" sur l'affiche dessert le film.
Dire qu'un prix à Cannes nuit au film est une aberration : bien au contraire, c'est un label qualitatif supplémentaire, notamment quant il s'agit des prix Un certain regard, du Jury ou de la Palme d'or (Pulp Fiction en 1994, Dancer in the Dark en 2000, Entre les murs en 2008, The Tree of life en 2011 ou Dheepan en 2015 n'étaient pas forcement des évidences sur le moment pour le public lamba... et pourtant !)
tiburce oger 2 a écrit:On peut toujours discourir longtemps pour endormir le lecteur et servir la même cuisine. Du blabla, du blabla. Bastien Vives a encore un album dans la sélection, tant mieux pour lui. Sans doute est-ce mon ego sur-dimensionné, mais moi, en 25 ans , pas un album. Alors ne parlez pas de faire découvrir des auteurs un peu dans l'ombre!
yannzeman a écrit:
Je maintiens que le label "sélectionné à Cannes" est plus souvent un boulet qu'une aide pour les films sélectionnés. Pour beaucoup de gens, dont je fais parti (mais je ne suis pas le seul, interrogez vos connaissances), c'est une boussole qui indique le sud.
(un peu comme quand je lisais Télérama : quand un film leur plaisait, je le fuyais, et quand un film leur déplaisait, j'allais le voir ! véridique ! Ils avaient adoré "Highlander 2" !!!!!!!)
tiburce oger 2 a écrit:L'année dernière, Buffalo runner a été nommé meilleur scénario sur ce forum, par les lecteurs. Et bien pas une sélection ou que ce soit. Je ne bouffe pas avec les bonnes personnes sans doute.
crepp a écrit:
Va dire ça aux producteurs des films, même aux réalisateurs si c'est un boulet d'y être sélectionné à cannes. Ca permet même à certains films d'être diffusé dans certains pays. Ca ne permet pas un succès mais ça permet tout simplement à certains films de vivre.
Ta boussole indique le contraire, et oui tu n'es pas le seul, mais il existe aussi des gens qui suivent cette boussole tout de même. Des gens vont voir un film car il a eu la palme d'or, d'autres vont lire un bouquin car c'est le Goncourt etc etc etc...
personne ne peut réellement dire qui a tort ou qui à raison. La seule chose importante, le seul truc c'est de lire, de voir etc etc avant d'en parler.
crepp a écrit:tiburce oger 2 a écrit:L'année dernière, Buffalo runner a été nommé meilleur scénario sur ce forum, par les lecteurs. Et bien pas une sélection ou que ce soit. Je ne bouffe pas avec les bonnes personnes sans doute.
Je vais dire "et alors ?", ce n'est pas bon signe de voir des choix et des propositions différentes selon les endroits, ce n'est pas bien cette diversité ?
yannzeman a écrit:A propos, et toujours pour le Goncourt, savez-vous que le "Goncourt des lycéens" garantie plus de ventes que le "Goncourt" ?
Je l'ai entendu l'autre jour à la radio (France Info, je crois).
Peut-être parce que le "Goncourt des lycéens" est décerné par de vrais lecteurs, lycéens, et pas des copains des copains ?
Et, attention, le "Goncourt des lycéens" ne récompense pas des auteurs pour enfants ou ados, mais bien de vrais auteurs, comme le "Goncourt".
yannzeman a écrit:crepp a écrit:tiburce oger 2 a écrit:L'année dernière, Buffalo runner a été nommé meilleur scénario sur ce forum, par les lecteurs. Et bien pas une sélection ou que ce soit. Je ne bouffe pas avec les bonnes personnes sans doute.
Je vais dire "et alors ?", ce n'est pas bon signe de voir des choix et des propositions différentes selon les endroits, ce n'est pas bien cette diversité ?
Je pense que M Oger veut surtout souligner le fait qu'un Bastien Vives est sélectionné 2 fois, en très peu de temps, quand d'autres, comme lui, ne le sont pas en 25 ans de carrière.
nexus4 a écrit:yannzeman a écrit:crepp a écrit:tiburce oger 2 a écrit:L'année dernière, Buffalo runner a été nommé meilleur scénario sur ce forum, par les lecteurs. Et bien pas une sélection ou que ce soit. Je ne bouffe pas avec les bonnes personnes sans doute.
Je vais dire "et alors ?", ce n'est pas bon signe de voir des choix et des propositions différentes selon les endroits, ce n'est pas bien cette diversité ?
Je pense que M Oger veut surtout souligner le fait qu'un Bastien Vives est sélectionné 2 fois, en très peu de temps, quand d'autres, comme lui, ne le sont pas en 25 ans de carrière.
Le gout du chore (2009, Prix révélation)
Pour l'Empire (2011)
Polina (2012)
La grande Odalisque (2013)
LastMan (2014)
LastMan (2015, Prix de la série)
Olympia (2016, Sélection Polar SNCF)
Une soeur (2018)
On va dire que 2010 a été une année creuse.
C'est comme à Cannes où l'on te selectionne un obscur Ouzbèke au nom de la découverte mais toujours d'office Les frères Cohen, Les freres Darden et Almodovar.
yannzeman a écrit:icecool a écrit:
Dancer in the dark : 293 000 entrées. Sans commentaire.
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