Zartan bis a écrit:Plus de 50% de l'album est du recyclage (...) Il faut donc considérer cet album comme une rétrospective de l'œuvre d'Uderzo reliée par un mince fil conducteur...
Houla ! Je n'avais pas vu autant de réutilisations ! J'ai bien reconnu quelques "pilotoramas" et autres illustrations, mais pas celles pour le parc Astérix, par exemple (je les croyais dessinées pour cette occasion)...
Donc je l'ai lu aussi (surtout pas acheté) et j'ai vraiment cette
impression de "magazine".C'est à dire un joyeux fourre-tout, relié par des scènes-alibi, selon un fil-rouge artificiel. Sauf que l'ensemble est réalisé par la même personne de bout en bout (un peu comme le Spirou dessiné entièrement par Bercovici). D'ailleurs tous les emprunts du journal Pilote viennent justement de cet esprit "magazine", avec des à-côtés distrayants sans importance, pour remplir le journal. Et ne parlons pas des pubs, faux making-off et autres hommages !
Comme je l'avais prédit, les personnages ont perdu leur qualité de héros de BD en devenant leurs propres acteurs (quand ils vieillissent, ils parlent de l'histoire elle-même et voient apparaître leur "papa-créateur") tout en se caricaturant eux-mêmes à n'en plus finir... Et certains personnages-secondaires ont pris une importance colossale illogique (les jolies filles notamment).
En fait, Uderzo semble avoir totalement abandonné l'idée de copier les scénarios de Goscinny pour tenter d'imposer les siens... Depuis "La galère d'Obélix", je dirais (puis "La Traviata", "le Ciel lui tombe sur la tête" et "le Livre d'Or"). Il n'essaye même plus de le faire et écrit entièrement à sa manière, en utilisant les personnages tels qu'il les voit (gimmicks artificiels répétés et non déclinés). Il ne raconte plus une histoire, mais met en scène ses personnages dans leurs situations favorites autour d'un thème lui-même pensé pour exprimer l'amour que le public est sensé avoir pour les dites marionnettes (il faut retrouver l'ami Obélix
qui nous fait tant rire, pourquoi Falbala n'est plus
l'amoureuse éternelle telle qu'on l'apprécie, nos
bonnes histoires franchouillardes qu'on aime tant attaquées par la culture étrangère, fêtons l'anniversaire de ces personnages
si proches de nous, même après 50 ans ).
Au niveau du dessin, il y a quelques belles périodes avec des personnages "en pied" (un peu comme le début du Ciel jusqu'à l'arrivée de la boule) mais aussi d'horribles gros-plans ou de grandes cases de plus d'une bande de hauteur qui ne conviennent absolument pas à Astérix (parce que ce ne sont pas des vues d'ensemble).
Les repreneurs, en particulier, semblent les affectionner et ça me fait peur. Leur style à eux, d'ailleurs, fait vraiment "
qui a appris à dessiner selon un style précis sans étudier le dessin réaliste ni la caricature qui en découle", un peu comme tous les copieurs de Franquin ou les Français qui dessinent du manga. Les yeux pétillants, par exemple, sont tous les mêmes : il n'y a pas l'oeil endormi d'Obélix, bouffis du gladiateur, retors du méchant, ou béta du romain.
C'est plutôt bien fait, en règle générale, mais il y a encore du travail avant de maîtriser l'esprit caricatural d'Uderzo, dans les nouveaux personnages par exemple (parce que oui, effectivement, on reconnaît bien les héros habituels, un peu comme on reconnaît leurs réactions traditionnelles quand c'est Uderzo qui scénarise).
Bref, pas de surprise si ce n'est cette forme éditoriale très bâtarde.
Le plus drôle, c'est qu'
Uderzo, qui semblait avoir compris l'importance d'une reprise d'Astérix pour éviter le Musée Eternel façon Tintin... a condensé dans cet album tout ce qui aurait été fait dans un esprit "Musées" !C'est à dire qu'on tourne autour des héros, on reprend les sempiternels mêmes clichés, on "illustre" des scènes classiques sur base de beaux dessins reliés à l'actualité, on fête tous les anniversaires possibles et imaginables, sautant sur toutes les occasions pour faire de l'événementiel
... mais sans raconter de véritable histoire puisqu'on n'en a pas le droit ! C'est assez effarant...