Tardi est de gauche, Tardi est anar, il aime les auteurs talentueux de ce bord-là, c'est certain.
J'ajoute que je tiens Tardi pour un des plus grands auteurs de BD vivants, car même quand certains de ses scénarios sont plus faibles, son dessin et sa mise en page transfigurent n'importe quel récit.
Je précise même que j'aimais beaucoup - je suis peut-être le seul - l'hebdo "B.D." du temps où Dominique Grange en était rédactrice en chef.
Il n'en demeure pas moins que Dominique Grange, comme scénariste et comme univers, ce n'est pas Céline ou Manchette, ni même Léo Malet.
Que le "prière d'insérer" que j'ai qualifié de prêchi-prêcha, gauchiste et soixante-huitard - sainte Dominique, priez pour nous, pauvres opprimés - donne à craindre qu'après le mausolée élevé à son père, et la soporifique histoire du passage de celui-ci au stalag, Tardi dresse une statue idéologique à sa muse et épouse.
Je dis cela en espérant énormément me tromper, car Tardi ne nous donnera sans doute pas encore 25 albums, mais bon, j'ai juste quelques craintes.
Cela dit, le Tardi d'Ici Même, de Griffu, des premiers Adèle, de ses histoires de la Grande Guerre ou de ses adaptations de Malet et de Manchette est un géant.
