Alonzo Cabarez a écrit:Jeff70 a écrit:kilfou a écrit:Me suis relu Ici Même, que j'aime beaucoup, car il y a un côté folie douce, absurde que je ne retrouve pas ailleurs (c'est Forest j'imagine, faudra que j'en lise d'autres). Après ça tire un peu à la ligne et la fin est un peu abrupte.
D'accord avec toi sur le fait que Ici Même est un album original dans l'oeuvre de Tardi. J'aime bien ce genre de fantaisie triste, proche de l'absurde.
En fait, les albums de Tardi que je préfère sont ceux qui ont été scénarisés par d'autres...
Ici Même, donc, mais aussi la série des Burma, et aussi Polonius, dans le genre fable sombre et même désespérée ( scénario: Picaret).
D'ailleurs, les femmes de Tardi ne sont pas toujours très réussies, et c'est dans Polonius qu'on trouve les plus belles, à mon avis...
Il faut quand même préciser ceci :
Pour Nestor Burma, les scénarios sont de Tardi, qui fait un travail d'adaptation consistant à transposer en BD des romans de Léo Malet. Ce n'est pas une mince affaire. (Unique exception :
Une gueule de bois en plomb est bâti sur un scénario original de Tardi qui ne doit à Malet que les personnages récurrents, mais l'intrigue est de Tardi.)
L'adaptation par Tardi des romans de Malet est remarquable, car c'est une création très aboutie (reconstitution des décors, pluralité de personnages récurrents et nouveaux à qui il faut donner un physique facilement identifiable) et en même temps fidèle à l'esprit du romancier (ton, ambiance du roman, etc...). Au cinéma, Malet n'a pas été très bien loti. Et à la télévision, la série avec Guy Marchand, certes plaisante et source de revenus tardifs pour le vieil anar, n'est absolument pas fidèle à l'univers de Léo Malet. Tardi est le premier adaptateur ayant réussi cette gageure, tous genres confondus.
Je goûte moins les adaptations des romans de Manchette (auteur que j'aime beaucoup), même si je conviens volontiers que le travail accompli par Tardi est également considérable. Mais je trouve que la mayonnaise prend moins.
En revanche, Tardi s'est également surpassé en adaptant Géo-Charles Véran (
Jeux pour mourir qui ne devrait plus jamais être réédité) et
Le Der des Ders (chef d'oeuvre, d'après Didier Daeninckx). S'il ne crée pas les intrigues (comme pour les Nestor Burma), il parvient à nouveau à se fondre dans les univers décrits par chacun de ces auteurs avec un rare talent.
A signaler que
Varlot soldat (édité par l'Association) constitue une sorte de "préquel" à
Le Der des Ders.
La Débauche, avec Pennac, est également digne d'intérêt, mais il passe quand même après tous les autres bouquins cités jusqu'alors.
Mais les oeuvres signées 100% Tardi valent tout autant qu'on s'y intéresse.
Le Démon des glaces, les six ou sept premiers
Adèle Blanc-Sec,
Le trou d'obus,
C'était la guerre des tranchées,
Le Dernier Assaut et
Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag II-B sont autant de chefs d'oeuvre.
Putain de guerre est une oeuvre particulière. Elle ne s'adresse qu'aux véritables inconditionnels de Tardi ou à ceux qui s'intéressent un tant soi peu à la "Grande guerre". Je l'ai lue avec beaucoup d'intérêt dans sa forme originelle constituée de plusieurs journaux de grand format, avec une superbe titraille aux ornements renouvelés pour chaque numéro.