barytenor a écrit:Je me suis posé pas mal de question de savoir pourquoi un BD comme Akira est devenu un chef d'oeuvre incomparable de cinéma d'animation, influençant pas mal de production de nos jours. Et que nous, Européens, ne soyons pas capables de produire quelque chose d'équivalent ( manque d'argent, de volonté, de studio ??? )
Nous, nous devons nous contenter des séries télés
J'avoue n'avoir pas vu la version cinéma d'
Akira, mais si c'est aussi réussi que tu le dis, je gage que le fait que ce soit quelqu'un de la trempe d'Otomo - quelqu'un qui a révolutionné le manga en l'affranchissant de l'héritage de Tezuka et en devenant le "nouveau dieu" du genre -, qui ait lui-même adapté à l'écran sa propre œuvre graphique, forcément, ça doit aider...
Mais il me semble que dans ta réflexion l'arbre cache la forêt. Pour un
Akira d'Otomo d'après lui-même, pour un
Mes voisins les Yamada de Takahata d'après Ishii, pour un pour les deux
Ghost in the Shell d'Oshii d'après Shirô, réussites éclatantes, et peut-être une semi-poignée d'autres, il ne faut pas perdre de vue que le format le plus courant pour les adaptations de manga au Japon reste bien, très très largement (et avec des résultats... variables, disons) : la série animée télévisée. Hier
Dragon Ball,
Les Chevaliers du Zodiaque,
Nicky Larson (
City Hunter),
Kenshin le Vagabond,
One Piece, plus près de nous
GTO,
Naruto,
Fullmetal Alchemist,
Monster,
Death Note,
Black Butler, aujourd'hui
Highschool of the Dead ou
Kids on the Slope, et tant d'autres, sont autant de BD qui ont été déclinées sur le petit écran, parfois assez librement, parfois avec une fidélité littérale presque absolue.
La différence avec ce qui se passe pour la BD franco-belge n'est donc pas tant de format, me semble-t-il, que de public visé. C'est devenu une tarte à la crème de le rappeler mais au Japon la BD et le dessin animé visent, et touchent, massivement, tous les types de publics. Chez nous la BD s'est - un peu (quels sont et restent les titres phares ?...) - détachée de l'étiquette "jeune public", et le dessin animé quasiment pas. De plus s'il y a bien une "école" française (pas au sens institutionnel) du dessin animé sur grand écran, qui fait d'ailleurs de temps en temps d'assez jolies choses, son public reste restreint et elle n'a pas l'air de beaucoup s'intéresser, apparemment, à la BD.
Le résultat, ce sont ces séries télé que tu appelles "cucul la praline" pour les adaptations de BD jeunesse (
Lucky Luke,
Spirou,
Lou...), et un passage à la version "live", exercice hautement casse-gueule, dès qu'on bascule du côté des salles de ciné, en particulier avec des héros touchant un public un peu plus âgé (
Blueberry,
Largo Winch,
Adèle-Blanc Sec, le projet du
Peter Pan d'après Loisel...).
Ou alors, pour les titres les plus résolument "adultes", il faut généralement que ce soit la volonté de l'auteur et qu'il s'implique fortement dedans (d'où le fait qu'une forme "dessinée" soit conservée), et que ce soit pour un titre dont le succès a déjà dépassé les frontières habituelles du lectorat de base :
Persépolis ou
Le Chat du rabbin. Le genre de titre avec une touche de "conscience sociale" et/ou de rapport à l'actualité, éventuellement un peu d'autofiction, et une forme "avant-gardiste raisonnable mais pas trop", qui rappelle de temps en temps au lecteur de Télérama que ah oui tiens c'est vrai, la BD ne s'est pas arrêtée à
Astérix.