Je viens de relire les 4 tomes de la série publiée il y a 3 ans et ça a été un plaisir. Après La jeunesse de Picsou (dans laquelle Fantomius s'intègre d'ailleurs à quelques moments), je dirais même que c'est la meilleure sage que j'ai jamais lue parmi toutes les histoires de souris/canards de Disney (Doubleduck n'est quand même pas loin et Darkenblot encore un peu en dessous). Sur la forme, on regrettera la présence de BDs avec seulement Fantomiald qui, la plupart du temps, ne sont là que pour meubler et vendre 4 volumes au lieu de 3. Certaines ont cependant du sens et s'intègrent bien à la continuité de Fantomius mais la première BD de Fantomiald, par exemple, était inutile.
La série a un gros avantage : elle est l'oeuvre d'un auteur, Marco Gervasio, au dessin comme au scénario et cela permet de lui donner une identité propre, conservée tout au long des 4 volumes - alors que Fantomiald a perdu assez vite ses thématiques originelles. On y suit donc Lord John Quackett, un héritier oisif et maladroit, qui est en fait (surprise !) Fantomius, un gentleman cambrioleur qui vole aux riches pour donner aux pauvres (mais en garde aussi un peu pour lui, faut pas déconner
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). Il a à ses côtés un inventeur génial, Albert Trouvetou, arrière-grand-père de qui vous savez, et sa fiancée, Lady Dolluy, qui est également une noble détestant son milieu d'origine et agit sous le nom de Dolly Paprika. A noter que les deux fiancés vivent ensemble (mais font chambre à part, n'exagérons pas) : ça change de Donald et Daisy ou de Mickey et Minnie.
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L'auteur s'inspire de beaucoup d'oeuvres différentes. Evidemment, celles qui étaient déjà présentes au début de Fantomiald, mais de façon plus appuyée : Robin des bois ou Zorro ; mais aussi Hercule Poirot ou Sherlock Holmes pour deux des détectives opposés à Fantiomius. Ou le manga Lupin the third : Lady Moutarde est inspirée de Fujiko Mine d'après l'auteur et le commissaire Pinko, le policier obstiné, souvent ridiculisé mais tenace et droit (la dernière histoire met bien ses qualités en valeur), fait fortement penser à Zenigata.
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D'autres livres ou séries sont évoquées au fil des épisodes, de King Kong à La croisière s'amuse en passant par Belphégor ou James Bond. Mais Fantomius ne se limite pas à une succession de cliens d'oeil, hommages et parodies, ce qui, aussi savoureux qu'ils soient, aurait rendu l'histoire un peu vaine. Il y a des fils conducteurs, atour des cambriolages et tentatives d'arrestation de Fantomius, des personnages récurrents, des relations qui évoluent, des méchants, originaux ou déjà connus, qui sont récurrents, disparaissent et ressurgissent, créant ainsi l'impression d'un univers cohérent et donnant envie de voir ce qu'ils deviennent. Cette cohérence est d'autant plus réussie que, sans trop insister là-dessus, Gervasio se place aussi habilement dans la continuité de Don Rosa.
L'humour est aussi très présent, grâce aux gaffes calculées de Lord John Quackett (Pinko en est souvent la victime) mais aussi aux nombreuses réflexions sarcastiques qu'échangent les personnages. Les dessins conviennent parfaitement à cette ambiance, avec les regards souvent moqueurs des héros, qui nous donnent l'impression de partager leurs pensées et de comprendre ce que les autres personnages ne comprennent pas.
J'espère qu'on aura aussi des numéros spéciaux pour publier la préquelle et, éventuellement, d'autres histoires inédites car l'univers créé par Gervasio est très riche et n'a pas encore tout dévoilé.