icecool a écrit:Ce qui est assez "drôle", au final, avec cette mention "Classique", c'est le télescopage très délicat tissé entre passé et présent, esprit
vintage et aventure moderne (..), ce
Spirou Classique retourne aux "sources" de la série, du moins dans les années 1950-1960 (...)
Or, pour nombre de lecteurs et fans, éditeur compris, la période dite "Classique" de
Spirou est clairement synonyme de Franquin (et, dans une moindre mesure, de Fournier) : en résumé, les véritables "Classiques" de la série désignent bien, et prioritairement, les albums de Spirou numérotés de 1 (ou 2...) à 29, qui furent publiés de 1950 à 1980. Dès lors, et même si de nouveaux titres viennent s'intercaler entre les anciens (chose déjà réalisée avec divers titres "Spirou vu par..." ou HS tel
Spirou chez les Soviets), l'appellation "Classique" interroge. Beaucoup plus en réalité dans l'univers
Spirou, passé de mains et mains et repris par un grand nombre d'auteurs, avec autant de périodes successives (pour certains lecteurs, les "Classiques" sont les titres initiés par Tome et Janry, et lus pendant leur enfance/adolescence), (...)
Le classicisme revendiqué est, me semble-t-il, la volonté de rejoindre stylistiquement l'esprit Franquin (associé à Greg), en imitant une recette considérée comme le Graal absolu : un objectif et idéal déjà revendiqué annuellement par les héritiers de Jacobs (idem en ce qui concerne Astérix, etc.), dont les titres se fondent jusqu'au mimétisme dans les interstices du mythe
Blake & Mortimer, (...). Si la mention "classique" désigne désormais une nouveauté cherchant à imiter l'ancien, attention à ne pas nourrir une certaine confusion auprès des lecteurs, en faisant perdre de vue les véritables chefs-d'œuvre littéraires de l'âge d'or de la BD franco-belge. Ces albums de Franquin et Fournier qui mériteraient bien pour le coup une toute nouvelle édition enrichie les désignant pleinement comme... "Les Grands Classiques" ?
Imaginons. Imaginons que le personnage vive encore 80 ans, qu’il ne soit qu’au milieu de son parcours !
On pourra alors considérer qu’entre ses 70 et 85 ans, la maison qui l’héberge, bien qu’ayant moultes fois changé de propriétaire - et lui de tuteur - a souhaité le fêter en une sorte de jubilé permanent, à grands coups de séries dérivées, d’enchainements frénétiques d’équipes d’auteurs, comme une sorte d’embaumement précoce, la mascotte de la maison d’édition centenaire semblant au-delà de l’obsolète. Ses jours étaient comptés.
J’ai relu les indications de Stéphane B. Rien de très précis concernant le cahier des charges : «
un album de Spirou dessiné de manière plus classique tous les deux ans ».
Cela laisse entendre que, niveau scénario, la porte est ouverte. Non ?
Et effectivement, la « manière » plus classique, pourrait couvrir les époques Franquin à Tome & Janry pré Machine qui rêve (oui, bien sûr, en retranchant le passage à vide Nic & Cauvin).
Pensons aux trentenaires et à leurs cadets : ils étaient au mieux au biberon lors de la sortie de Luna Fatale, voire encore séparés dans les matrices génitales de leurs parents… Même les 4 M&M’s, c’est limite l’antiquité pour un adolescent d’aujourd’hui.
Pour ma part, je pense un peu comme Icecool (tchin tchin au fait), qu'il y a une recherche de "canon". Mais par contre, qu'il ne faut pas tortiller mille ans pour le situer à l'âge d'or du héros, entre les doigts de fée de Franquin, de 1952/53 à, allez, 1961.
Je suis né "sous" Fournier, ai grandi avec T&J qui me semblent donc contemporains. Jijé (pour Spirou) et plus encore Rob-vel, c'est de la protohistoire.
Ce sera probablement différent, mais je vois le projet comme ça, en effet à la Blake & Mortimer, voire Astérix (qui n'a lui - mis à part la tragique disparition de RG - pas connu de grandes altérations : même dessinateur, suivi d'un génie métamorphe, mais a conservé une unité de temps, de graphisme et l’inévitable galerie de seconds couteaux).
Espérons juste que les contraintes "clins d’œil", passages obligatoires ne soient pas - comme c'est le cas pour les personnages précités - une entrave à l'inspiration des auteurs. Que les dessinateurs restent dans un classicisme à la Franquin (autant que faire se peut...), cela ne me dérange guère.
Ne dîtes plus : "critique de B.D. biodégradable", dîtes : "exégète"... Y&C