de Marsufan » 17/02/2025 17:49
Je respecte infiniment le travail d'Elric que j'apprécie, et, je le répète, j'ai beaucoup aimé La baie des cochons. Et après avoir relu son interview publiée sur le site de La Ribambulle ( merci d'ailleurs à celui qui a mis le lien sur le site ), je dois dire que j'approuve avec le recul son choix d'absence de décors pour certaines cases, alors que je le lui avais reproché dans un message précédent ( je viens de relire l'album récemment ). Dans l'interview, Elric déclare à un moment : " Janry est super fort pour choisir les moments et suggérer des décors (... ) pendant 4 pages, il n'y a quasiment rien (...) pas de décor, pas de fond " ou plus loin :" Mais je refeuilletais les Jo, Zette et Jocko... Le Testament de M. Pump et Destination New York. Quand on feuillette ça, c'est hallucinant de voir comme c'est épuré. Moi, j'adore ça. "
Je suis assez d'accord avec lui : pas la peine de mettre du décor dans toutes les cases: exemple : dans La baie des cochons page 39 case 4 : la disparition du décor est justifiée par la nécessité de mettre en valeur Mister Enterit agripper brutalement le bras de Fantasio ; ici, c'est la colère de Mister Enterit et la surprise de Frantasio qui doivent être mises en avant, d'où ce choix pertinent et efficace de faire disparaître le décor qui, du coup, n'a ici plus aucune utilité.
Par ailleurs, selon moi, l'épure est bien justifiée quand il s'agit de faire passer le dialogue ou la communication entre les personnages AVANT le décor, parce que ce dialogue apporte alors des informations essentielles, à la fois sur l'intrigue et sur la psychologie ou les sentiments / émotions / réactions des personnages ( comme au théâtre d'ailleurs : dans un tout autre registre, certaines adaptations de Molière ou de Racine se passent délibérément de décors, c'est un choix de mise-en-scène, afin de mieux faire ressortir les passions des personnages ; même chose au cinéma, avec les deux adaptations de Dune par Denis Villeneuve, deux films incroyablement épurés et dépouillés, une partie de la critique le lui a d'ailleurs reproché, et pourtant, ça fonctionne...). Non seulement cette absence de décors renforce la présence et la force des personnages de la BD, mais elle permet aussi de fluidifier la lecture de l'album.
Une dernière remarque : comme cela a été déjà dit plus haut et très justement par un intervenant, il s'agit du PREMIER SPIROU dessiné par Elric, donc, oui, il faut lui laisser du temps ; les albums suivants seront encore meilleurs ( d'ailleurs, quelque chose me dit qu'Elric fera beaucoup de Spirou classiques, une intuition comme ça...).
Alors, oui, vivement son Seccotine et son Zorgrad !