Thierry_2 a écrit:silverfab a écrit:Brian Addav a écrit:
En gros, tu viens d'écrire qu'en 2024, l'imaginaire populaire est raciste.
L' "imaginaire populaire" je ne sais pas mais le peuple...quand tu regardes les résultats et le succès de l'extrême droite dans on ensemble...
l'imaginaire populaire d'une époque peut devenir problématique à une autre époque, parce que la société change. Et heureusement.
Il faut avoir un recul critique sur l'imaginaire populaire au fil des ans. Il faut être capable d'admettre que certains contenus et représentations sont devenus inacceptables, selon nos standards actuels. Mais cela ne signifie pas qu'il faut les effacer ou refuser de reconnaître les qualités d'oeuvres qui ne rentrent plus dans les critères d'aujourd'hui.
finalement, pourquoi est-ce qu'Hergé, dans Tintin au Congo, a remplacé la leçon sur "votre patrie: la Belgique" un leçon de calcul ? Il ne faisait que représenter la réalité. Pourquoi a-t-il effacé les caricatures juives de l'étoile mystérieuse ? N'aurait-il pas dû refuser de céder à la bien-pensance ?
Tout ça rejoue en fait la question du rapport entre art et politique (au sens large).
Ce n'est pas tellement une question de liberté d'expression, de censure mais plus globalement d'intrusion du politique dans l'artistique. Ou plus précisément, ces questions de liberté d'expression, de censure ou que sais-je sont les manifestations ici brutales d'une intrusion du politique dans l'artistique. Ou plutôt encore, là où l'on appréhende sans doute plus facilement une intrusion de nature politico-économique, quand on passe à une intrusion politico-morale comme celle qui nous occupe, ça grince sérieusement.
On le voit bien dans les discours (je ne parle par de ceux qui éructent bêtement d'un côté comme de l'autre). Il y a d'un côté une militance qui n'a en fait rien à foutre de l'art et qui poursuit des buts strictement politiques (et aussi une contre-militance qui récupère la situation) et de l'autre des amateurs qui se focalisent uniquement sur l'aspect artistique (Brian est ici l'exemple parfait).
Il n'y a aucun dialogue possible si d'un côté comme de l'autre il n'y a pas une volonté de dépasser ces deux aspects qui sont idéalement étrangers l'un à l'autre mais en pratique inévitablement intriqués.
Idéalement, l'art ne doit avoir que faire ni du politique ni des considérations morales ou idéologiques. L'art, c'est l'art. Laissez-le en paix, merci pour lui. Mais on sait que ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Que l'art est soumis à toutes sortes de contingences, dont certaines liées au fait qu'au moment où il est produit, il fait partie de son époque.
Quoiqu'il en soit et quoi que l'on pense de ce qui nous occupe ici, l'art qui compte finit souvent heureusement par se frayer son chemin et sortir de son époque. Et la grande trieuse fait son oeuvre et aura rapidement jeté cette Gorgone bleue dans l'oubli.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"