L'enterrement de Spirou vous aurait elle plus choqué que son "anmésie" ?
Oui, mais ce n'est pas facile d'expliquer pourquoi...
On pourrait se dire que c'est justement le propre des héros éternels que de ne pas... mourir. Parce que ça heurte une logique... que l'on reproche justement à ASDZ. A savoir : si Spirou n'a pas 16 ans + 70 ans = 86 ans aujourd'hui, c'est qu'on est parti sur une base d'immortalité. Donc la mort est illogique.
C'est exactement comme les BD de super-héros ou de magies : ces pouvoirs-bidons, là, c'est impossible, MAIS si on les suppose possibles, il faut au moins qu'une certaine logique sous-tende leur fonctionnement. Sinon, c'est la porte ouverte à tous les n'importe quoi. Et on ne peut plus suivre.
Bien entendu, pour tout autre type de BD au cours temporel préservé, la mort du héros ne gêne absolument pas. Buddy Longway est quasiment clamsé au début de la série, et tout est OK. C'est normal : il VA vieillir. Idem pour des séries plus courtes, ou pour Sillage : elle vieillit, donc elle VA mourrir. On peut donc jouer sur ça. Même la mort d'un Dieu, à la limite, ça pourrait s'envisager, parce qu'il existe des mortels dans l'histoire et que donc il est tout à fait possible qu'il le devienne lui-même.
Mais pas Spirou, ni Tintin, ni Buck Danny, etc... C'est trop tard : ils sont dans le fil "immortel", ils ne peuvent donc pas mourir. En ce qui concerne Lapinot, par contre... je laisse les spécialistes en discuter.
Et pour des cas comme Lucky Luke ou Astérix, des BD historiques, à la limite ça passerait, parce qu'ils n'ont pas progressé en même temps que notre cours temporel contemporain. On n'a donc pas le sentiment d'une immortalité, mais de la lecture de tranches de vies issue d'une période naturelle de leur vie (même s'il faudrait plusieurs vies pour faire tout ce qu'ils ont fait !).
Mais on atteint là la limite (et peut-être la faille) de ma démonstration

! Je peux juste dire que pour qu'un héros soit immortel, il faut que son décors corresponde depuis longtemps à celui que le lecteur a derrière sa fenêtre même s'il grandit et vieillit lui-même. (et c'est peut-être ce qui dérange Yann qui voudrait voir Spirou rester dans les années 50...)