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Schuiten - Blake et Mortimer

La Franco-belge classique, reboot, reprises et grands auteurs

Que pensez-vous du Blake et Mortimer de Schuiten ?

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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede Mr Degryse » 21/06/2019 17:07

Message précédent :
On parle bien du même Jacobs qui était tellement cohérent que alors que la mémoire de Mortimer a été effacé à lin des mystères des grandes pyramides et bien il parle à Guinea Pig-Olrik dans la marque jaune de la grande pyramide, le cheik Abdel Razek et la chambre d’Horus… pas mal pour un mec plongé dans l'oubli.

Celui qui souvent change le nom et l'orthographe des protagonistes d'une page à l'autre etc

Celui qui change dans le même albulm les dessins de la bage de mortimer et qui apprait disparait de son doigt d'une vignette à l'autre etc.

ETC ETC
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede Mr Degryse » 21/06/2019 17:15

Le maniaque du détail qui dans la première édition de l'énigme de l'atlantique marquait sur une carte Amérique du sud sur le continent nord américain
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede Mr Degryse » 21/06/2019 17:21

Le maniaque du détail qui dans le piège diabolique fait côtoyer le williamsonia ( datant de 150 millions d'années crétacé) et le platéosaure vivant lui au trias supérieur ( 100 millions d'années avant). et les tyrannosaure du crétacé vivaient en amérique et en Asie pas en Europe

Et on ne parle pas des multiples inversion droite gauche , de couleurs, etc sur certaines cases

Bref, même votre génie maniaque faisait des boulettes
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede danielsansespace » 21/06/2019 17:53

danielsansespace a écrit:Emma Peal dans Blake et Mortimer, je signe tout de suite!

Emma Peel, effectivement pas "Peal", pardon, bien que ...
The name of the character derived from a comment by writers, during development, that they wanted a character with "man appeal".

Voilà, j'ai recentré le débat.

Mais j'aime beaucoup le long commentaire de Cabarezalonzo sur l'avion, merci pour ses lumières!
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede Cabarezalonzo » 21/06/2019 18:49

Oui, on parle bien d'Edgar Jacobs, Mr Degryse. Toutes ces choses ont en effet été relevées par les Amis de Jacobs. ;)

Comme je suis quoté in extenso par le Joker dans le post qui vient juste après, je supprime le contenu de mon post pour ne pas faire doublon avec le quote du Joker. ;)
Afin de ne pas rendre plus indigeste mon intervention par un doublon, je la supprime tout en en assumant le contenu. [:fantaroux:2]
Dernière édition par Cabarezalonzo le 21/06/2019 19:20, édité 2 fois.
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede LeJoker » 21/06/2019 19:01

Cabarezalonzo a écrit:Oui, on parle bien d'Edgar Jacobs, Mr Degryse. Toutes ces choses ont en effet été relevées par les Amis de Jacobs. ;)

Doit-on rappeler que ces bourdes relèvent de l'étourderie et de la tête dans le guidon d'un homme qui faisait une grosse partie du travail seul (même s'il bénéficiera sur le tard de l'aide de Forton sur le plan graphique et à ses débuts de la verve et de l'imagination de Van Melkebeke pour l'Espadon) avec l'obligation de livrer ses planches à date imposée pour une publication hebdomadaire ?
Quand on connaît les conditions dans lesquelles Jacobs a dû, après s'être converti vers la quarantaine de l'art lyrique à la BD, produire ses huit albums (je m'arrête à Sato 1), on ne peut qu'être admiratif et faire preuve d'une certaine indulgence vis-à-vis des quelques erreurs (qui ont toutes été justement relevées depuis fort longtemps) commises.
On pourrait considérer que sur le plan littéraire, Jacobs était un véritable écrivain, un romancier talentueux qui enrichissait son texte d'images et non l'inverse. Au bout de quelques pages, sa double narration a quelque chose d'incantatoire. Je comprends qu'on puisse ne pas aimer ce style, mais en revanche, j'admets moins qu'on le dévalorise, d'autant plus que Jacobs n'est plus là pour se défendre.
Beaucoup de gens auront profité de son talent (je ne tiens pas Schuiten pour un profiteur, mais malgré tout, si son album était un Cités Obscures, le tirage n'aurait pas été le même. Mais le scénario de Peeters aurait eu l'avantage d'être un véritable CO).

Pour en revenir à la séquence avec le Pilatus, on peut relever de multiples autres incohérences. Il n'y a rien qui tient la route dans cette partie du récit (Je serais curieux de savoir ce qu'en pense JYB).
Cet avion monomoteur rapide est conçu pour être piloté seul. Cela ne signifie pas qu'on puisse le piloter seul, en toutes circonstances, sans être inconscient. Dans le cadre d'une mission de largage et de navigation nocturne avec d'éventuelles perturbations électro-magnétiques, être deux en place avant ne serait pas inutile.

En tout premier lieu, ce vol est hautement improbable parce que Blake est censé le faire sans l'assentiment de ses supérieurs, et donc des autorités. Donc, dès après son décollage, ça devrait mal tourner pour le capitaine euh le colonel du MI5.

Un vol de nuit, qu'il soit placé sous le régime des règles de vol à vue (VFR, mais encore faut-il que la météo le permette) ou des règles de vol aux instruments (IFR) doit impérativement faire l'objet d'un plan de vol sous la forme d'un formulaire à remplir et à déposer au moins une demi-heure avant le décollage. Ce qui laisse le temps à ceux qui en prendront connaissance de se poser quelques questions.
Même dans les pays qui tolèrent des vols locaux VFR sans PDV, dès lors que le vol a lieu de nuit et de surcroît avec franchissement d'espaces aériens de différents Etats, on ne peut faire l'économie de cette formalité administrative.

Si Blake ne s'y soumet pas, son vol sera clandestin et en totale infraction. Mais son décollage ne passera pas inaperçu et il risque d'être sommé de se reposer ou d'être intercepté par la propre chasse de son pays.
S'il se soumet au dépôt du PDV, et que l'itinéraire choisi est validé, il devra respecter (même s'il vole en dehors des voies aériennes réservées aux avions de ligne) une route plus ou moins balisée entre le Royaume-Uni et Bruxelles. Si les radars de Bruxelles sont inopérants, quid de ceux des Anglais et des Français ?
Certains vont dire : Blake n'a qu'à pas activer le transpondeur de son appareil. Oui, ça le rendra invisible aux "yeux" d'un radar secondaire où son code transpondeur à quatre chiffres n'apparaîtra pas. Mais ça n'effacera pas la signature radar de l'avion et un spot apparaîtra sur les écrans de contrôle des radars primaires (les militaires Anglais, Français et Belges auront tôt fait de repérer le Pilatus du Colonel Blake) dès son décollage. Il ne s'apprête pas à survoler un coin perdu de la Dordogne ou de la Corrèze mais à voler à découvert dans un espace aérien étroitement contrôlé (car à fort trafic).

Si le choix avait été d'effectuer un vol IFR (instrument flight rules pour un vol aux instruments), Blake serait tenu de se conformer aux caps et aux niveaux de vols choisis pour lui par les contrôleurs aériens des centres de contrôles qui jalonnent son parcours.
Il devrait bien entendu activer le transpondeur de son avion et les autorités britanniques comme belges (ainsi que les forces de l'OTAN) pourraient suivre son vol et à un moment se poser des questions sur la finalité de son vol. Pour le cueillir à un moment ou à un autre.
Et encore eût-il fallu qu'un certain nombre d'instruments à son bord comme ceux des installations au sol fonctionnent parfaitement. [*]

Voilà. C'est tout.
Ce vol dans le Dernier pharaon mène à une impasse totale.

Si on veut couper davantage les cheveux en quatre, on va dire qu'il faudrait effectuer le vol à basse altitude pour passer sous la couverture radar (mais on peut néanmoins être repéré par des radars volants, les Awacs, qui sillonnent l'espace aérien européen) sur un avion rudimentaire qui soit le plus furtif (léger, en fait, une structure en bois et toile) possible. L'avion léger (un ULM le cas échéant) serait en revanche au minimum deux fois plus lent. Mais ça me semble néanmoins peu crédible.
Dans tous les cas, il serait quasiment impératif d'avoir deux types chevronnés à bord en plus de Mortimer (deux paires d'yeux et deux cerveaux pour analyser et calculer) et pas un seul : un pilote et un navigateur.

[*] C'est le problème de l'avionique embarquée. Le Pilatus PC-12 semble doté d'une avionique dernier cri (entièrement numérisée) qui n'était pas celle équipant le même appareil dans le milieu des années 90.
Et cet anachronisme (involontaire, on le devine) rend le vol et le choix de l'appareil encore plus mauvais de la part des auteurs.
Bilal, pour son BUG, a pris soin de ressortir des oubliettes un avion qui ressemble à un vieux Dassault Flamant et ne dépend pas le moins du monde des progrès en électronique. Compas (boussole, bille, horizons artificiels, altimètres, anémomètres, jauges, instruments gyroscopiques divers équipant l'avion dessiné par Bilal sont en mesure de fonctionner parfaitement malgré le bug informatique planétaire qu'il a imaginé.
Pour ce Dernier pharaon, le problème se pose dans les mêmes termes que pour BUG. Même si les effets du rayonnement n'ont qu'un effet limité et réduit sur Londres et ses environs, tout pilote qui doit accomplir une mission (clandestine ou non) de largage redoutera un possible dysfonctionnement à mesure que l'avion s'approchera de la dropping zone. Plus l'avion sera rapide et sophistiqué, plus il sera dangereux.
Dans l'avion totalement informatisé (et véloce) de Blake, non seulement les instruments de navigation peuvent être perturbés mais également ceux qui fournissent d'autres paramètres vitaux pour la conduite de l'avion (vitesse, régimes moteurs, niveaux de pression, jauges, etc...) qui s'affichent tous sur les écrans du tableau de bord. Autrement dit, toute navigation comme tout contrôle de l'avion dans les limites de son domaine de vol sont plus qu'aléatoires.

On se croirait dans une histoire avec Mickey et Pat Hibulaire déguisés en humains vieillissants.


Tout l'écrit d'un Blake et Mortimer sans images. Confirmation, c'est indigeste. :D
Du coup, on savoure mieux les vrais Blake à la relecture. Merci Cabarez.
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede Cabarezalonzo » 21/06/2019 19:21

My pleasure... :twisted: [:fantaroux:2]
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede Le Tapir » 21/06/2019 19:26

C'est là que tu réalises que Alonzo est un pilote aguerri :ouch:
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede toine74 » 21/06/2019 20:24

Ocatarinetabelatchixtchix a écrit:...
Voilà un excellent commentaire et c'est justement ce que je voulais expliquer à Mr Degryse qui me reprochait d'avoir dit que Jacobs était un génie. C'est là toute la grande force de cet auteur d'avoir réussi à créer une série figée dans son époque et qui continue de cartonner plus de 60 ans après celle-ci.

C'est justement à la durée du succès que l'on reconnait le talent d'une série et de son auteur et non suite à un succès instantané peut être plus important mais éphémère.


Sauf que Jacobs ne figeait rien dans son époque, c'est la reprise voulue par Dargaud qui a décidé (sans doute après quelques études de marché) de geler BM dans les années 50. Chaque tome signé par Jacobs se déroule à l'époque de sa création, de la fin des années 40 aux années 70 pour Sato. De plus, certain l'oublie, mais le succès de librairie est venu par le reboot. Du temps de Jacobs, BM se vendait sans être un hit ou un flop. Dans les années 90, Jacobs était tombé dans l'oubli et largement inconnu du grand-public. C'est le battage marketing superbement organisé et le nom de Van Hamme qui ont fait le décoller les chiffres. (la qualité du boulot des dessinateurs-repreneurs est également à souligner, Ted Benoit en premier évidemment).
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede Cabarezalonzo » 21/06/2019 20:46

Le Tapir a écrit:C'est là que tu réalises que Alonzo est un pilote aguerri :ouch:

:lol:

Nul besoin d'être un pilote aguerri ni même simplement du dimanche pour voir le côté farfelu de cette expédition nocturne.

Je voulais juste souligner que l'écriture d'un scénario, ce n'est pas de la tarte. Surtout quand on veut intégrer des séquences techniques comme savaient le faire (au risque de se planter parfois) des auteurs tels que Charlier ou Jacobs.
Je voulais dire que même si en se mettant à trois on parvient à rendre foireuses des séquences comme celles pointées à propos du Dernier pharaon, on peut apprécier à sa juste valeur le travail auquel se livrait le solitaire Jacobs en mettant un point d'honneurt à tout expliquer dans les moindres détails. Avec les périls que cela comporte, mais le travail fourni n'était pas le même. Dans son choix du placement d'une caméra imaginaire, Jacobs se montrait particulièrement doué. D'un niveau assez comparable à Hergé et à Charlier, ces champions de la clarté, du découpage, du choix des plans, etc...

En se livrant à un rapide calcul, je me demande s'il ne faudrait pas que ce Dernier pharaon comporte entre 120 et 130 pages pour réunir le même nombre de vignettes que dans un album de Jacobs de 62 pages ? Et peut être 150 pages, voire plus, pour offrir un texte avec un nombre de mots comparables.
Ces cases et ces textes supplémentaires, c'est en large partie ce qui rend un récit plus fluide et plus compréhensible.
De même que si Jacobs attachait autant d'importance à certains détails destinés à faire vrai, c'était pour renforcer l'effet de surprise au moment où le fantastique le plus débridé surgirait.
Jacobs était un homme de la scène qui aimait les coups de théâtre (et possédait un don pour la mise en scène). D'où ce travail incessant de recherches d'attitudes et de poses pour les reproduire sur le papier.

L'œuvre globale de Jacobs inspire le respect. Celle de Schuiten également, pour d'autres raisons.
Il a manqué la santé et la motivation à Jacobs pour peaufiner son histoire de Sato. Et Schuiten aurait eu besoin d'un scénariste plus technique et plus méticuleux pour se rapprocher de l'écriture élaborée de Jacobs.
N'oublions pas que l'expression "ligne claire" (bien qu'inventée par une bande de dessinateurs underground hollandais pour qualifier un style graphique dérivé d'Hergé et de Mac Manus), lorsqu'elle fut utilisée par les théoriciens de la BD François Rivière, Numa Sadoul, Bruno Lecigne et autres pour analyser les BD d'Hergé, de Jacobs, de de Moor et de Martin, recouvrait deux aspects :
- un dessin épuré, au trait sûr et efficace, non surchargé pour être parfaitement compréhensible (impliquant un gros travail d'études et d'esquisses en amont pour ensuite éliminer et trier) ;
- et une écriture très élaborée, ciselée, qui ne doit pas être moins limpide que le graphisme, donc très travaillée tout en subissant l'épure nécessaire. Ce qui ne signifie pas de rechercher systématiquement une économie de mots, car le texte doit comporter toutes les explications requises à la compréhension du récit.
Cet impératif de clarté était d'autant plus indispensable que le quatuor (Hergé, Jacobs, de Moor, Martin) s'inscrivait dans un courant de la BD où l'écriture comporte plusieurs niveaux. Si on considère que tel personnage (allez Rastapopoulos, au hasard) correspond à tel autre dans une mythologie ou des textes sacrés (Seth, pas par hasard), les attributs physiques auront de l'importance mais également le moindre mot proféré devra à chaque fois correspondre à la personnalité cachée du personnage dans l'œuvre cryptée. L'aventure, sans son ésotérisme et ses références, devait pouvoir être lue et appréciée dès l'apprentissage de la lecture. Mais on devait ensuite pouvoir la relire à tous âges en y prenant du plaisir, en faisant sans cesse de nouvelles découvertes, des rapprochements inédits, parce qu'on est passé à côté de certaines choses pourtant très visibles, comme dans la Lettre volée d'Edgar Poe, mais que nous ne voyons pas grâce à un savant travail de présentation, d'illusionnisme, de prestidigitation (suivez mon regard tourné vers Les 7 boules de cristal, d'Hergé et Jacobs ?)
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede JYB » 21/06/2019 22:47

Suite au long post de Cabarezalonzo sur les erreurs dans certaines scènes disons aéronautiques du dernier B&M Le dernier pharaon, et suite aux posts multiples de Mr Degryse sur des erreurs et étourderies que Jacobs a pu commettre dans ses propres albums, voici une question importante, voire capitale (une question qui porte sur les reprises de toutes les grandes séries en général, pas seulement de B&M, que je ne vise pas en particulier ici, mais aussi de Buck Danny, Tanguy, Corto Maltese, Astérix, Lucky Luke, Alix, Michel Vaillant, etc., la liste est longue et l'éventail large) : des repreneurs, au dessin et/ou au scénario, d'une série emblématique de la BD européenne peuvent-ils se permettre de faire des étourderies, des erreurs, voire de rater un scénario ou de moins bien dessiner que les Grands Maîtres dont ils sont devenus les successeurs ? Et surtout peuvent-ils se permettre ces erreurs et ratages sous prétexte que les Maîtres en question ont eux aussi pu en commettre au cours de leur carrière ?

En d'autres termes : des auteurs contemporains qui reprennent une série célèbre et ancestrale ne sont-ils pas tenus de faire un "sans faute" ? (ceci parce que la série célèbre est tellement appréciée par un grand nombre de lecteurs et de fans que ces repreneurs ont le devoir de bien faire : on les attend au virage...). Mon avis est qu'en effet, leur devoir impératif est de faire un quasi "sans faute" à chaque fois.
Des repreneurs peuvent-ils rater un scénario ? Il y a toujours un lecteur d'une reprise de nos jours pour pardonner un scénario raté, sous prétexte que le créateur originel a pu pondre lui-même, un jour, une histoire mauvaise ou moins solide que d'habitude. Mon avis est que là aussi, le devoir de chacun (repreneurs, ayants droit, éditeur, éventuel comité de lecture, le Pape s'il le faut et si les autres que j'ai cités n'y arrivent pas) est de veiller à ce qu'aucun scénario raté, aucun dessin bâclé, ne soient publiés, pour ne pas ternir la notoriété de la série et des personnages dont ces repreneurs ne sont pas les créateurs.

Et pourtant, on voit des albums (de reprises) se faire descendre en flammes pour des erreurs, des faiblesses, etc. Je parle d'erreurs et faiblesses parfois graves et évidentes. N'y a-t-il personne pour empêcher que ces erreurs et faiblesses soient publiées ? Les fans n'attendent-ils pas des reprises nickel ? Les repreneurs ne sont-ils pas tenus de faire au moins aussi bien que les meilleurs albums que les Maîtres décédés ont publiés de leur vivant ? S'ils n'y arrivent pas, pourquoi ne laissent-ils pas tomber l'affaire ? N'est-ce pas de la facilité pour un repreneur de prendre pour modèle un album raté qu'aurait réalisé autrefois le Maître décédé, et de se dire : "Le Maître a raté telle histoire en 1954 ou telle autre en 1962, moi aussi je peux rater la mienne en 2019, ce n'est pas grave, nul n'est parfait..." ? Alors, c'est ce qu'on appelle "tirer la qualité" d'une série "vers le bas", en toute conscience, alors qu'en outre, un repreneur n'est jamais tout seul face à sa feuille blanche.
Qu'un Jacobs, un Charlier, un Martin, etc., aient fait moins bien un jour, c'est humain, chaque artiste a ses passages à vide. C'est le propre de toute vie artistique qui dure des décennies. Mais là, on est dans le cas d'oeuvres réalisées par leurs propres créateurs. Un créateur peut faire ce qu'il veut de son oeuvre, de son "enfant", y compris rater un jour un album. Mais dans le cas d'un repreneur ? A-t-il le droit de rater un album d'une série qu'il s'est proposé de reprendre ? Peut-on le laisser rater un album, et l'éditeur et les ayants droit doivent-ils publier cet album raté ? N'est-on pas davantage dans l'exploitation commerciale d'une marque connue, avec des enjeux énormes - trop énormes pour les repreneurs ?
Je ramasse les copies dans deux heures.
JYB
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede Alexander » 21/06/2019 23:28

Cette question, aussi intéressante soit elle, ainsi que les considérations sur le perfectionnisme jacobsien, ne sont guère appropriées dans le cas précis qui nous occupe dans ce sujet.
Il ne faudrait surtout pas occulter qu’il s’agit ici d’une libre interprétation, d’une appropriation, d’un album dérivé, d’un hors-série, d’un « Blake et Mortimer vu par », d’un spin off, appelons le comme chacun l’entende, mais tous ces (à peu près) synonymes indiquent bien que les auteurs ici ne sont pas des repreneurs, qu’il y a un champ des possibles qui leur est ouvert, que les contraintes sont moindres que dans le cadre d’une reprise, d’une suite, d’une poursuite, appelez ça comme vous voudrez également.
Il est tacite que certains éléments de l’œuvre originale peuvent, doivent, se fondre dans l’univers du créateur qui a été invité à cette re création, mais il n’y a pas d’exigence de fidélité absolue.
L’éditeur et les ayant droits ont souhaité donner leur accord pour que l’œuvre soit, certes réussie, mais hybride.
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede nexus4 » 22/06/2019 00:18

Sans oublier les contraintes feuilletonesques et productivistes de l'après guerre à la fin des années 50.
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede Cooltrane » 22/06/2019 00:19

toine74 a écrit:
Ocatarinetabelatchixtchix a écrit:...
Voilà un excellent commentaire et c'est justement ce que je voulais expliquer à Mr Degryse qui me reprochait d'avoir dit que Jacobs était un génie. C'est là toute la grande force de cet auteur d'avoir réussi à créer une série figée dans son époque et qui continue de cartonner plus de 60 ans après celle-ci.

C'est justement à la durée du succès que l'on reconnait le talent d'une série et de son auteur et non suite à un succès instantané peut être plus important mais éphémère.


Sauf que Jacobs ne figeait rien dans son époque, c'est la reprise voulue par Dargaud qui a décidé (sans doute après quelques études de marché) de geler BM dans les années 50. Chaque tome signé par Jacobs se déroule à l'époque de sa création, de la fin des années 40 aux années 70 pour Sato. De plus, certain l'oublie, mais le succès de librairie est venu par le reboot. Du temps de Jacobs, BM se vendait sans être un hit ou un flop. Dans les années 90, Jacobs était tombé dans l'oubli et largement inconnu du grand-public. C'est le battage marketing superbement organisé et le nom de Van Hamme qui ont fait le décoller les chiffres. (la qualité du boulot des dessinateurs-repreneurs est également à souligner, Ted Benoit en premier évidemment).


En effet, j'ai souvenirs que la première partie des 3 Formules (lues en prépub dans Tintin Hebdo) se passait durant les 70's...

Il y a fort à parier que si Jacobs avait fait encore deux ou trois albums avant sa mort, on ne l'aurait sans doute pas vu faire du Moonwalking avec Michael Jackson, mais on aurait sans doute vu des R5 ou des Range Rover (plutôt que des Land Rover) dans ses BDs, tout come Martin faisait avec Lefranc et Hergé avec Tintin. Par contre BDM à bien dû placer 3 Formules ch2 dans les 70's pour cause de continuité.

Et oui, c'est bien la charte de la reprise qui a décidé de figer le tout dans les 50's.
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede Thierry_2 » 22/06/2019 10:20

Cooltrane a écrit:
toine74 a écrit:
Ocatarinetabelatchixtchix a écrit:...
Voilà un excellent commentaire et c'est justement ce que je voulais expliquer à Mr Degryse qui me reprochait d'avoir dit que Jacobs était un génie. C'est là toute la grande force de cet auteur d'avoir réussi à créer une série figée dans son époque et qui continue de cartonner plus de 60 ans après celle-ci.

C'est justement à la durée du succès que l'on reconnait le talent d'une série et de son auteur et non suite à un succès instantané peut être plus important mais éphémère.


Sauf que Jacobs ne figeait rien dans son époque, c'est la reprise voulue par Dargaud qui a décidé (sans doute après quelques études de marché) de geler BM dans les années 50. Chaque tome signé par Jacobs se déroule à l'époque de sa création, de la fin des années 40 aux années 70 pour Sato. De plus, certain l'oublie, mais le succès de librairie est venu par le reboot. Du temps de Jacobs, BM se vendait sans être un hit ou un flop. Dans les années 90, Jacobs était tombé dans l'oubli et largement inconnu du grand-public. C'est le battage marketing superbement organisé et le nom de Van Hamme qui ont fait le décoller les chiffres. (la qualité du boulot des dessinateurs-repreneurs est également à souligner, Ted Benoit en premier évidemment).


En effet, j'ai souvenirs que la première partie des 3 Formules (lues en prépub dans Tintin Hebdo) se passait durant les 70's...

Il y a fort à parier que si Jacobs avait fait encore deux ou trois albums avant sa mort, on ne l'aurait sans doute pas vu faire du Moonwalking avec Michael Jackson, mais on aurait sans doute vu des R5 ou des Range Rover (plutôt que des Land Rover) dans ses BDs, tout come Martin faisait avec Lefranc et Hergé avec Tintin. Par contre BDM à bien dû placer 3 Formules ch2 dans les 70's pour cause de continuité.

Et oui, c'est bien la charte de la reprise qui a décidé de figer le tout dans les 50's.

j'avais lu que toute les reprises devaient respecter un cahier des charges mis en place par van Hamme dès l'affaire Francis Blake. Le fait de figer la série dans les années autour de la marque jaune (ou un peu avant comme le baton de plutarque, je crois), mais pas après
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede Cooltrane » 22/06/2019 13:05

Thierry_2 a écrit:
Cooltrane a écrit:
Et oui, c'est bien la charte de la reprise qui a décidé de figer le tout dans les 50's.

j'avais lu que toute les reprises devaient respecter un cahier des charges mis en place par van Hamme dès l'affaire Francis Blake. Le fait de figer la série dans les années autour de la marque jaune (ou un peu avant comme le baton de plutarque, je crois), mais pas après
Schuiten & co ont pû travailler sans cette "contrainte"


on peut mettre cela (le "figeage" dans les 50's) sur le dos de JVH, puisqu'il est coutumier des chartes: voir XIII Mystery et (j'extrapole sans doute un peu) probablement avoir eu un avis donné (ou condition sine qua non) au moment de la vente de Totorgal et ses mondes à venir.

A noter que Le Dernier Chapitre échappe aussi à cette règle.
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede vincecarter » 22/06/2019 14:04

Ne manquait plus qu'une intervention de JYB pour parachever ce sujet, qui à n'en pas douter fera date dans l'histoire de l'analyse de la Bande dessinée Franco-belge! [:flocon:2]
Avec Mogwaï, arrive beaucoup de responsabilités. Je ne veux le vendre à aucun prix!
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede arnaze » 22/06/2019 14:41

Alexander a écrit:Il ne faudrait surtout pas occulter qu’il s’agit ici d’une libre interprétation, d’une appropriation, d’un album dérivé, d’un hors-série, d’un « Blake et Mortimer vu par », d’un spin off, appelons le comme chacun l’entende,

Oui en fait l’éditeur aurait juste dû indiquer sur la couverture: "Ceci n'est pas du Blake et Mortimer" (puisqu'on est dans le surréalisme cher à Magritte), cela aurait évité tout débat et n'aurait pas abusé le lecteur lamda qui ne lit pas les forums ni les interviews des auteurs, soit à peu près 80% :D
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede danielsansespace » 22/06/2019 15:05

Cooltrane a écrit:
Thierry_2 a écrit:
Cooltrane a écrit:
(...)

A noter que Le Dernier Chapitre échappe aussi à cette règle.

A noter aussi que Gunzig avait avoué ne pas connaître ce « dernier chapitre ». Cela en dit long aussi sur les respect des chartes ou pas. Les auteurs ont fait ce qu’ils voulaient un peu au hasard des dessins, essayant d’imaginer l’histoire au fur et à mesure qu’elle se dessinait, inventant des dialogues a posteriori, d’où l’aspect onirique sans autre logique qu’une sorte de poésie automatique, nourrie des propres références de ses auteurs, mais en aucun cas construite sur un cahier des charges...
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede zourbi le grec » 22/06/2019 16:33

vincecarter a écrit:Ne manquait plus qu'une intervention de JYB pour parachever ce sujet, qui à n'en pas douter fera date dans l'histoire de l'analyse de la Bande dessinée Franco-belge! [:flocon:2]

Oui, cela vaut son pesant de cacahouètes ;)
C'est bon de savoir que certaines personnes peuvent déterminer qu'une bd est ratée ou pas en tout objectivité :D
Dernière édition par zourbi le grec le 22/06/2019 20:11, édité 1 fois.
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Re: Schuiten - Blake et Mortimer

Messagede Ocatarinetabelatchixtchix » 22/06/2019 17:42

arnaze a écrit:Oui en fait l’éditeur aurait juste dû indiquer sur la couverture: "Ceci n'est pas du Blake et Mortimer" (puisqu'on est dans le surréalisme cher à Magritte), cela aurait évité tout débat et n'aurait pas abusé le lecteur lamda qui ne lit pas les forums ni les interviews des auteurs, soit à peu près 80%


Exact, et cela m'aurait aussi permis de ne pas gaspiller inutilement 18 euros dans cette BD
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