Ivanovitch76 a écrit:Dju! On avait eu une petite discussion sur ce topic il y a des mois et des mois où tu voulais te lancer dans des petits trails... Je constate que tu as bien évolué depuis
Aller faire la Diagonale, respect!
Ca me botterait de tenter mais avec 3 enfants encore assez petits, je n'arriverait pas à me ménager suffisamment de plages pour m'entraîner correctement.
Effectivement, les successions de pentes courtes chez nous ne remplacent pas des montées beaucoup plus longues qu'on rencontre inévitablement sur des trails de montagne, mais ça reste une excellente prépa malgré tout.
Perso, le plus long que j'ai fait était un 118km en Croatie où j'ai mis environ 27h00. Dans les difficultés que tu risques de rencontrer, c'est la gestion des coups de mou, tu en auras vraisemblablement et c'est assez compliqué pour le moral, il faut réussir à se remettre sur les bons rails mais ce n'est pas toujours évident. J'ai aussi éprouvé pas mal de difficulté avec l'alimentation au bout d'un moment. J'avais du mal à ingurgiter quoi que ce soit, or c'est nécessaire pour s'éviter la fringale.
Et puis, la fatigue. Dans les dernières heures de course, je sentais que la lucidité commençait à manquer. Les jambes faiblissent et un pas de travers arrive plus vite. Alors avec des temps de course presque doublé par rapport à ça, ça risque d'être d'autant plus compliqué par moments.
J'avais posté sur ce topic un compte rendu de ma course avec mes ressentis à divers moments si ça t'intéresse.
Mais c'est malgré tout une magnifique aventure dans laquelle tu vas te lancer. Et je te souhaite évidemment d'arriver au bout. Quel pied on ressent quand on passe la ligne d'arrivée après des heures de souffrance! Et si ta 1ère réaction après risque d'être "Plus jamais ça", après quelques jours de repos, ça deviendra plutôt "Bon, c'est quoi le prochain?"
Dans tes pérégrinations liégeoises et ardennaises, es-tu venu faire un tour au Trail des Idylles dans la région de Malmedy (et dont je fais partie de l'organisation)?
ah sorry je n'avais pas vu ton post!
Oui de fait j'ai "brûlé" quelques étapes mon 1er trail était un 29km était y a 20 mois (Trail Series Dinant), et je viens donc de finir la Diagonale en 56H (165KM, D+10210m) y a 3 semaines, un rêve!, non sans peine évidemment , en démarrant avec deux blessures (tendon Achille gauche et genou droit) que je trainais depuis mi-septembre qui se sont peu à peu miraculeusement atténuées après 15h de course, pour faire la place à une 3ème (patte d'oie à l'autre genou) dans les 20 dernières heures où il ne m'était plus possible de descendre.
Un enfer total dans une nature à la fois paradisiaque et hostile, un terrain d'une violence et d'une brutalité indescriptibles, bien au-delà de tout ce que j'avais pu imaginer (pourtant fort documenté sur le sujet), mais je n'ai étrangement jamais douté que j'irai au bout. Après 12H de course je l'ai senti, je savais que, sauf blessure grave, j'irai au bout, mais je savais aussi déjà que... je reviendrai l'an prochain, et l'année d'après, et l'année suivante encore pour revivre ça si mon corps continue de me porter!
Une course fantastique, aux décors magnétiques, dans une ambiance unique, où entraide et fraternité sont les maîtres-mots. L'île bat au rythme de cette course toute l'année et l'apothéose est une immense fête partout où l'on passe.
56H où je n'ai pas réussi à dormir (tentative de 30min sans succès), mais où j'ai pu continuer, sans musique que j'avais embarquée pensant que je m'ennuierai, à mener ce combat jusqu'au bout, et où à aucun moment je me suis demandé ce que je faisais là (ce qui m'arrive pourtant régulièrement sur les "petits" trails belges ), bercé par une sorte de transe quasi "mystique".
Je ne comprends pas trop ce qu'il s'est passé en fait, j'ai été lessivé et broyé par la course, presque consentant dans une sorte de douce euphorie. Je n'ai rien compris non plus au parcours que j'ai fait (là encore, malgré ma grande connaissance de la course avant le départ), baladé comme un fétu de paille en pleine tempête, déphasé par la fatigue et sans plus aucun repaire ni de temps ni d'espace (les 3 nuits dehors n'ont pas aidé).
Niveau alimentation j'ai assez bien géré. C'était avec le sommeil mon autre grosse crainte, n'ayant jamais dépassé 12h30 de course. Au final j'ai réussi à un peu manger un peu partout, et sans aucun problème de digestion
Pourtant du poulet-riz à 7h du mat, on a rêvé mieux
Les 10 dernières heures en pleine nuit (je suis arrivé le dimanche au lever du jour) ressemblait à une sorte de marche funéraire où je voyais au bord du chemin, sur les talus, dans les fossés, des corps endormis recroquevillés dans leurs couvertures de survie. J'ai tout fait pour ne pas en être, j'ai l'impression d'être resté assez lucide tout le long, même si la fatigue commençait à fameusement peser, car je ne suis pas sûr que j'aurais réussi à me réveiller...
Une vision assez surréaliste de cette Diagonale qui gagnait en fait peu à peu le combat , à l'usure (35% d'abandon quand même)
Je termine évidemment heureux comme jamais, mais presque triste que ce soit "déjà" fini
Mise à part les tendinites genoux, musculairement 0 Courbatures nada keudal après la course ni les jours après, là non plus je n'ai toujours pas compris
L'engouement des miens, et de beaucoup de clients qui m'ont suivi de loin, mais avec passion, m'a aussi laissé sans voix. Là aussi c'était totalement inattendu dans telles proportions. Pas mal de clients m'ont suivi les 3 jours, et ont même veillé la nuit de mon arrivée pour me voir franchir la ligne en direct sur La Réunion Première . Le côté "inspirant" après avoir été "inspiré" moi-même par d'autres était totalement surprenant, certains qui sont des coureurs du dimanche (voire des carrément pas sportifs) comme moi je l'étais il y a peu m'ont dit avoir eu l'envie en voyant ça de le faire un jour, peut-être, dans leurs rêves les plus fous!
Je n'ai pas marché sur la lune, et n'ai pas gravi le Kilimandjaro en courant et sans oxygène, mais j'ai eu un peu cette impression là à les entendre et à les lire. Dingue! Et tellement beau!
Bref, une expérience fantastique en tous points de vue que je souhaite à tout le monde de vivre un jour, et qu'il me tarde de refaire dans de meilleures conditions et dispositions physiques, et avec désormais la connaissance de l'enfer qui m'attend
Je suis bien intéressé par ton compte-rendu croate , car j'aime en écrire, et en lire! Je vais tenter d'en faire un sur mon Facebook perso comme je fais à chaque fois quand j'aurai remis toutes les pièces de cet immense puzzle à leurs places, si cela te tente, et une vidéo "inside" sans prétention suivra un jour bientôt sur youtube (j'avais pris une gopro que j'ai sorti de temps à autre et je crois que cela peut bien donner).
Le trail des Idylles je l'ai déjà vu passé sur les calendrier Betrail, mais jamais fait. Je ne vois pas encore l'édition 2023...avril? Là je me suis inscrit à Olne-Spa-Olne dans 15 jours, l'Houffatrail en janvier, et Andorra Utmb en juin.
En fait, avec la librairie, j'essaie de trouver des trail les dimanches (et ils sont rares), et mes sorties d'entrainement je les fais de soirée/nuit quand mes petites sont couchées. Là aussi, c'est du sport à caser (d'autant plus en faisant l'hamster jovial durant des heures à Bxl dans des volées d’escaliers où sur l'immense col de 25m de D+ que j'ai dans le parc pas loin )
Un traileur journaliste de la RTBF a aussi fait la diagonale, on a terminé pas loin l'un de l'autre, ils en fait un très beau reportage de 50min: https://www.rtbf.be/article/ultra-trail ... e-11097611 , cela vaut le coup d’œil