Diddu a écrit:En gros, Télé 7 jours a fait le boulot du journal de Spirou...
Diddu a écrit:En gros, Télé 7 jours a fait le boulot du journal de Spirou...
Diddu a écrit:En gros, Télé 7 jours a fait le boulot du journal de Spirou...
La « Mémoire dans la peau »
Le roman d’espionnage de Robert Ludlum, écrit en 1980, est le premier d’une saga où son héros Jason Bourne - frappé d’amnésie et retrouvé miraculeusement vivant sur une plage - se retrouve impliqué dans une traque anti-terroriste d’envergure mondiale. Portée au cinéma dès 2002 par Doug Liman, l’œuvre aura aussi inspiré au scénariste Jean Van Hamme le synopsis de la série XIII, publiée chez Dargaud à partir de 1984. L’un des principaux motifs du roman de Ludlum est consécutivement la clé principale de sa réussite : outre les pistes propres au récit de type thriller, ce sont les efforts déployés par chacun des acteurs du récit pour connaitre la vérité, et appréhender une partie de la mémoire - physique ou historique - des opérations secrètes en cours, qui font à l’évidence tout le sel de l’œuvre.
Dans les Aventures de Spirou et Fantasio, l’enchaînement d’un album à un autre peut être établi comme un pont plus ou moins temporaire, simple allusion ou prétexte semi-publicitaire parfois amusé. Tome et Janry indiquent ainsi un très direct « Ami lecteur, la Mafia est partout. Nous l’avons dénoncé dans « Spirou à New-York » ! Achète-le si tu ne veux pas qu’il t’arrive malheur » dans l’album Vito la déveine (1991), qui est effectivement une suite partielle donnée au récit new-yorkais, la suite réelle (Luna fatale), n’étant parue qu’en 1995. Dans la saga, les deux seules suites directes concernent ces histoires sans coupures que sont Z comme Zorglub/L’Ombre du Z en 1959-1960 (Franquin, Greg et Jidéhem) et La Frousse aux trousses/La Vallée des bannis en 1988-1989 (Tome et Janry). On notera que Z comme Zorglub comprend malgré tout le mot « Fin » dans l’ultime case du récit, alors que le diptyque de Tome et Janry constitue bien d’office un double album, l’un annonçant la parution du suivant.
Comme le note Benoît Peeters dans son étude des Bijoux de la Castafiore, cet effet d’enchaînement des aventures, nécessaire pour le lecteur, ne peut constituer une fin en soi :
« […] dès que des prétentions réalistes apparaissent dans la série, ces rapports d’enchaînements commencent à se transformer. La constitution d’un espace référentiel vraisemblable exige une stratégie plus subtile. Les personnages cessent d’être de vraies caricatures. Plus question donc de les faire courir tout le temps. Entre deux aventures, un temps d’arrêt est indispensable, si l’on veut que le héros conserve une certaine crédibilité. C’est dès lors une nouvelle conception de la durée qui s’impose. Comme le faisait remarquer Luc Routeau à propos du cycle « Blake et Mortimer » :
"Les albums sont dotés d’une mémoire qui opère sur chaque temps et une histoire parallèle dont chaque album figure un segment prélevé… Le temps continue de s’écouler entre les albums." »
Comme dans Tintin, Spirou suit la double ligne du temps réel et d’un temps de fiction jusqu’ici parfaitement respectueux de la chronologie : les trames « préquelles » offertes par les récents Journal d’un ingénu et Groom vert-de-gris n’ont été que des « éclairages » de la jeunesse du personnage. Le vrai basculement vient, comme on l’a dit, d’un cinquantième album (Spirou, aux sources du Z, Morvan et Munuera, 2008) qui, entre hommage et rupture de ton, pose la question du paradoxe de la loi des séries : de quoi le héros - et donc les lecteurs de ses aventures - se souvient-il exactement ?
A trop affirmer son passif aventureux, le héros risque d’affirmer qu’il est rien moins que mortel, alors qu’il sombrera inversement dans le ridicule et la pure ignorance s’il commence à le désavouer. Dans Spirou, à l’instar d’autres grandes séries « à suivre », chaque épisode sera le plus souvent donné en réalité comme indépendant, le lecteur n’étant pas obligé d’avoir lu les albums précédents pour saisir le nouveau récit. Toutefois, les auteurs tenteront de manière récurrente de retrouver un ordre temporel par le biais de cases-hommages strictement mémorielles : un premier exemple nous est donné dans Panade à Champignac (p.34, c.1), où l’antre du dernier Zorglhomme est immanquablement transformé en musée à la gloire de Zorglub (on y voit un portrait, diverses maquettes de Zorglumobile et fusée lunaire, etc.).
Dans le récit court Gare au cliché ! dessiné en 1981 (La Jeunesse de Spirou, Tome et Janry, 1982, p.34) puis dans Paris-sous-Seine (2004), les duos d’auteurs Tome/Janry et Morvan/Munuera redonnent consciemment au château de Champignac un rôle d’universalité (p.14, c.1) : il est le lieu par excellence (puisque monument historique en tant que tel) de la mémoire de la série. Garage ou grenier champignaciens seront donc un moyen d’entrée non négligeable dans la série, dont la clé « de stockage » consistera en un rassemblement graphique de quelques-uns des objets les plus emblématiques, tous issus des différentes Aventures de Spirou et Fantasio… uniquement dessinées par Franquin (le sous-marin du Repaire de la murène, le costume du Dictateur et le champignon, le masque de La Mauvaise tête ou le souvenir africain de La Corne de rhinocéros). Cette entrée constitue aussi une voie de passage et une porte vers le Merveilleux constitutif de cet univers, comme semble nous le préciser directement Spirou dans Spirou, aux sources du Z : « C’est pas souvent que je monte ici ! C’est une vraie caverne d’Ali-Baba !! » (p.5, c.5).
On voit immédiatement, dans cette analyse des éléments constitutifs de la « matière du héros », ce qui unit le Spirou originel à son concept achevé : c’est, à travers les épreuves du Temps, sa capacité à surgir du placard tel un Diable (rouge) hors de sa boîte. L’armoire contenant ses « effets » (habits, objets ou artefacts) est une Boîte de Pandore constamment ouverte, fermée, vue, lue et revisitée. Cette perception poussée de la saga découle d’une réflexion profonde directement liée au « surgissement » du ou des motifs scénaristiques, le scénariste étant en règle général le premier père adoptif des différents personnages qu’il « met au monde » sur le papier, selon les règles et la conceptualisation maïeuticiennes .
icecool a écrit:C'est surtout un point de vue très "grossier" sur les arcanes profondes de la série : voici - cases à l'appui dans Spirou aux sources du S... - ce que j'en disais en 2014, dans un chapitre intitulé "La Mémoire dans la peau" :
voir notamment le passage remis en gras :
zourbi le grec a écrit:Bon, mettons les pieds dans le plat. Est-ce que cela serait gravissime que la série mère s'arrête même définitivement ?
Très franchement, je ne pense pas.
Spirou est un personnage dont l'adn est ancré dans le passé et il n'arrive pas à séduire le jeune public malgré les manganisation ou autres tentatives de rajeunissement de la série.
L'amateur de Spirou arrive parfois à trouver son compte dans les "vu par" et c'est le principal
icecool a écrit:C'est surtout un point de vue très "grossier" sur les arcanes profondes de la série : voici - cases à l'appui dans Spirou aux sources du S... - ce que j'en disais en 2014, dans un chapitre intitulé "La Mémoire dans la peau" :
voir notamment le passage remis en gras :La « Mémoire dans la peau »
Dans la saga, les deux seules suites directes concernent ces histoires sans coupures que sont Z comme Zorglub/L’Ombre du Z en 1959-1960 (Franquin, Greg et Jidéhem) et La Frousse aux trousses/La Vallée des bannis en 1988-1989 (Tome et Janry). On notera que Z comme Zorglub comprend malgré tout le mot « Fin » dans l’ultime case du récit, alors que le diptyque de Tome et Janry constitue bien d’office un double album, l’un annonçant la parution du suivant.
pierryves a écrit:C'est d'ailleurs complètement [...] de la part de BDgest' de placer Spirou et l'aventure et Spirou & Fantasio, les deux premiers albums de la série, dans les hors-série à la fin au lieu de les mettre en ouverture.
Aigle Solitaire a écrit:Sans oublier le "triptyque" de Nic et Cauvin.
pierryves a écrit:Aigle Solitaire a écrit:Sans oublier le "triptyque" de Nic et Cauvin.
C'est certes un triptyque, mais les albums ne sont pas des suites directes. Pas plus que Le Réveil du Z n'est d'ailleurs la suite directe de L'Horloger de la comète.
Des semaines ou des mois peuvent s'être déroulés entre La Ceinture du grand froid et La Boîte noire, ou entre ce dernier et Les Faiseurs de silence (pourtant intitulé La Boîte noire n°2 lors de sa prépublication dans Spirou).
Les Faiseurs de silence serait la suite directe de La Boîte noire si l'album commençait avec Spirou qui essaie de faire sortir Fantasio de la bulle du Fantajet dans laquelle il est coincé.
Les albums sont indépendants les uns des autres. Il faut certes avoir lu L'Horloger de la comète pour connaître les personnages du Réveil du Z (Aurélien, le snouffelair), mais pas plus qu'il faut avoir lu Spirou et les héritiers pour savoir qui est Zantafio lorsqu'on lit Spirou à Moscou.
Même chose pour Spirou et les hommes-bulles qui n'est pas du tout une suite du Repaire de la Murène.
Mr Hubert a écrit:Basé sur Franquin, mais trop basé sur Franquin. Les rédacteurs ont la fâcheuse tendance de voir Franquin partout même quand il n'a rien à voir ...
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