Mon avis sur l'album:
- Tout d'abord le dessin. Y'a de gros soucis de constance. Les personnages n'ont pas la même tête, ni ne font la même taille d'une case sur deux. Parfois les proportions de leurs corps changent également. Les décors ont également de gros soucis. C'est clairement pas le point fort de Yoann, ils sont simplistes et sans personnalité. Repensez aux décors de Jidéhem, Fournier ou Janry qui fourmillaient de détails! Ici la matière (roche, bois, etc) est toujours représentée pareil : des hachures, des hachures, etc ... En plus il y a beaucoup de problèmes de faux raccords dans cet album : des décors qui changent (exemple : page 3 le tableau devient une bibliothèque et le canapé simple sur lequel es assis Spirou devient un canapé en coin), des personnages qui changent de position, de taille,... Heu? Y-a t-il eu une relecture ? Tout ça donne l'impression que l'album a vraiment été réalisé à la va-vite... C'est dommage car quand Yoann dessine à la Toto l’Ornithorynque, c'est super classe ! On sent que Yoann se force, c'est vraiment pas son truc l'encrage... Et puis j'ai un souci avec sa gestuelle (cf. plus bas dans le spoiler). Et les couleurs faites avec Photoshop, même si elles sont mieux que celles des albums précédents, ne valent pas du tout celles peintes à la main de Stuff, qui, il faut le dire, était vraiment en harmonie avec le dessin de Janry.
- Le scénario : je note là une amélioration par rapport à l'album sur la lune et le précédent. Mais il y a toujours quelque chose qui me gêne. Je ne ressens pas l'enjeu qui pousserait Spirou et Fantasio à partir risquer leur vie. Tout est trop facile.
Bordel ! Vito menace de zigouiller Seccotine s'ils ne coopèrent pas ! C'est pas rien, quand même! Mince! Quand même! Et là, pouf ! Vito disparaît ! Spirou & Fantasio coopèrent immédiatement, et tout se déroule comme sur des roulettes. Plus de menace de la part de Vito, pas assez machiavelico dans cet album (d'ailleurs où sont passé ses mots en italiens et sa façon théâtrale de parler?). Et pareil pour son oncle, qui disparaît après les premières pages. La séquence dans la snipper alley est une bonne idée, mais gâchée par la gestuelle de Yoann. Bon sang! C'est si facile que ça d'éviter les balles ? Je n'ai pas ressenti d'intensité dans cette scène... Y'a un soucis, tout se passe trop facilement.
Pourtant il y a vraiment des bonnes idées! L'humour est plus présent qu'avant, Poppy Bronco donne lieu à plusieurs gags assez cools et badass, Spip qui se la joue bad-boy aussi, c'est clair pour moi, ils volent carrément la vedette dans cet album! Et puis la séquence dans le labyrinthe est trop courte. D'ailleurs, où est le labyrinthe montré dans les premières pages ? L'idée des énigmes méritait plus qu'une page pour se développer, et le passage au village s'étale sur trop de pages et ne fait pas avancer l'intrigue car il manque d'enjeux. Dommage, car comme dit plus haut, les gags sont cools !
J'ai aussi trouvé que certains personnages n'avaient pas leur comportement/caractère habituel.Vito, tout d'abord, ne s'exprime pas tout à fait comme dans les albums de Tome & Janry, où il abusait d'expression italiennes, de faux sanglots, et autres trucs assez théâtraux pour exagérer sa méchanceté mais aussi son ridicule. Je l'ai presque trouvé trop gentil dans cet album.En fait, ce n'est pas uniquement à cause du dessin qu'on peine à savoir que c'est lui. Et pourquoi Spirou et Fantasio se laissent faire au début de l'album ?! Et pourquoi on n'a pas de nouvelles de Seccotine à la fin?
De plus, c'est vraiment cool de revoir Prunelle et Gaston de retour dans un album de Spirou, adaptés à la modernité (Prunelle avec un PC portable, une photocopieuse...), mais il y a un soucis. Il me me semble pas que Gaston soit un voleur. Ça m'a donc étonné qu'il veuille voler les gaufres de Fantasio. Dans un album de Gaston, ça aurait été plutôt l'inverse : Fantasio, Prunelle, Lebrac et compagnie auraient été attirés par l'odeur de gaufres venant du bureau de Gaston, et auraient essayé subrepticement d'en piquer une, car ils sont le symbole de la négativité dans Gaston. Ce au quoi Gaston aurait riposté en inventant un stratagème pour manger tranquillement ses gaufres au fond d'une cachette un peu comme celle qu'il s'était fabriqué avec les archives de la rédaction.
Certains peuvent penser que c'est du pinaillage mais tous ces petits détails font que c'est du Spirou sans être du Spirou, alors qu'il suffirait à Yoann et Vehlmann d'être un tout petit peu plus attentionné et l'album serait bon ! Car disons-le, au final, ce que je retiens de cet album, c'est Poppy Bronco, qui mérite des histoires courtes dans le journal de Spirou pour lui tout seul !