
je sais qu'il y en a qui vont être intéressé par ce livre (pas encore sorti en librairie, mais je l'ai reçu via Babelio)
James Baldwin (I am not your negro) y parle de cinéma, des films qu'il a vu, en les passant par le prisme de son identité noire.
Un part autobiographique, une part de critique cinéma. D'ailleurs, certains extraits de ce livre ont été repris dans "I am not your negro".
J'aurai envie de dire que ce livre souffred 'un défaut majeur. Ce cinéma dont nous parle Baldwin est essentiellement constitué de films des années 30, de films qu'il a vu gamin et ado. Les noms des acteurs me sont parfois familiers. Je connais quelques films, en ai vu l'un ou l'autre (dont Furie de Fritz Lang, qui m'avait marqué). La manière dont il décortiquent certaines scènes pour faire écho à sa condition de noire ou pour montrer la vision complètement irréaliste de la société américaines lorsqu'il s'agit des couches les plus pauvres, donc essentiellement noires, sont parfois difficiles à suivre parce qu'il part d'une référent que je ne connais pas. Je comprends son point de vue mais sa démonstration reste parfois abstraite.
Il consacre ensuite toute une partie à 3 films avec Sydney Poitier (the defiant ones/la chaîne, devine qui vient diner -dont je n'ai gardé aucun souvenir- et dans la chaleur de la nuit) qu'il analyse de nouveau à travers un prisme racial et mettant en évidence la différence de perception entre les publics.
On est clairement en présence d'un livre pour cinéphiles, option Hollywood avant 1970, qui est prêt à redécouvrir des films sous une perspective différente. C'est à la frois très marqué par son époque dans les films critiqués. Et pourtant, il est difficile de ne pas trouvé un écho très moderne dans les critiques de récentes de Spike Lee et d'autres sur Green Book. Difficile aussi de ne pas trouver ironique l'anecdote à propos d'Ava Gardner, qui se demandait sérieusement si elle pouvait jouer Billie Holiday au cinéma.
« Mon amie Ava Gardner m’a demandé un jour si je pensais qu’elle pouvait incarner Billie Holiday au cinéma. Je dus lui répondre que, même si elle avait sans doute tout ce qu’il fallait pour ça - elle était assez courageuse, honnête et belle -, il était presque certain qu’on ne le tolérerait pas, puisqu’il était de notoriété publique que Billie Holiday était noire et qu’elle, Ava Gardner, était blanche. Ce n’était pas vraiment une plaisanterie, ou alors une plaisanterie amère, car je connais assurément certaines filles noires bien plus blanches qu’Ava. »
La dernière partie du livre est d'ailleurs consacrée à Lady sings the blues, le film consacré à Billie Holiday avec Diana Ross. Il y démonte tous les raccourcis et approximations du scénarios et comment ils dénaturent complètement ce que fut la vie de Billie Holiday, surtout concernant tout ce qui renvoie a ses originales raciales et sociales.