]Je connais pas Jacques Expert, mais ça a l'air bien alléchant .
Pour ma part suite à 100 valises, à la même époque et sur la même thématique du voyage, mais dans un tout autre style:
Travels with Charley, in search of America. Edition anglaise Pan books 1965
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Charley est un compagnon à quatre pattes, un genre de caniche assez gros d'après sa description et les photos.
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Lire dans une langue étrangère sans être totalement bilingue, même lorsqu'on comprend presque tous les mots (mais il y a forcément des expressions, des idiotismes ou des termes familiers inconnus pour un lecteur même de bon niveau en anglais) demande un effort plus conséquent généralement. Personnellement, il me faut redoubler d'attention par rapport à un livre en français.
Steinbeck, en 1960, après des années de bourlingues et d'écriture sur l'Amérique (Les raisins de la colère, A l'est d'eden, des souris et des hommes etc.) effectue un voyage en solitaire à la rencontre de l'Amérique profonde, dans un camping car aménagé sur un pick-up (Rocinante) accompagné de son chien. Comme un voyageur anonyme, il parcourt 10.000 miles entre les deux côtes en quelques mois (septembre à décembre).
Charley n'apparait pas dans le titre par hasard, le chien est un personnage essentiel du livre, il renvoie à Steinbeck sa condition humaine face à la nature et aux autres hommes et ils forment tous les deux une sorte de couple.
(J"ai lu par ailleurs que contrairement à ce qu'on pourrait penser en lisant le livre, la femme de Steinbeck avait accompagné à plusieurs reprises son mari sur le trajet).
Une première partie en Nouvelle Angleterre en automne puis le midwest et les grandes plaines, la Californie, le sud et retour vers Long Island . C'est un journal de bord qui relate simplement ses rencontres et réflexions sur le peuple américain, la transformation du pays et l'évolution des moeurs , des populations, des rites, de la langue, bref de l'évolution (radio, TV, mobil-home, transport, ville et technologie etc) et aussi de la disparition d'une Amérique qu'il imagine encore comme celle de son enfance. Une Amérique qui s'accroche encore à son mythe et qui peut encore faire rêver. Simple, humain.
A partir du Montana, Steinbeck est moins observateur d'un peuple mais entre plus en contact avec la nature sauvage, et participe à sa manière au mythe fondateur de l'écrivain du Montana.
La cote Ouest, la Californie où il retrouve ses racines est décrite non plus en spectateur mais avec ses souvenirs et des réflexions sur sa propre vie, son passé, son futur et de nombreuses pensées sur la mort
La phrase tiré d'une de ses lectures (de Thoms Wolfe) "You can't go home again" donne à tout ce passage assez court une teinte de nostalgie et une certaine tristesse.
Viennent ensuite des passages plus courts mais non moins intéressants sur le Texas, un état et un état d'esprit à part (avec "orgie" de Thanksgiving dans un ranch de riches fermiers) et la nouvelle Orléans, avant le retour.
Steinbeck est le témoin volontaire de la désegrégation et de la tension autour de l'épisode des élèves noirs escortés par les US marshalls dans les écoles de blancs (épisode célèbre par les archives de l'époque et du tableau de Norman Rockwell)
Steinbeck conçoit que dépeindre les Américains est une tâche impossible comme décrire un ensemble cohérents à partir d'une nation et pourtant il y a plus de points communs que des différence apparente entre ses sujets.
Pas trop prenant au début mais une fois entré dans l'esprit road book, une lecture agréable et unique qui donne envie de prendre la route.