
La gueule ravagée par un incendie après l'attaque de son tank en Tchéchénie, le jeune bidasse Kostia, de retour chez lui, se met à boire, boire, boire, boire, boire, s'énivrant de vodka....à mort, comme une manière de russe.
Il suit en cela les préceptes d'un directeur d'école, peintre raté, pour qui il faut avaler le breuvage sans simagrées, en permanence et à hautes doses. Et qui lui enseigne comment ouvrir ses yeux au monde, pour mieux le voir, et ainsi le dessiner ( car Kostia est un surdoué du coup de crayon )...
A l'occasion d'une virée à travers le pays avec deux camarades du tank ( pour retrouver le quatrième ), Kostia "commence à voir", ce qui l'amène à "vivre".
Ce court roman est une rafale soiffarde :
- de vodka, en premier lieu. Elle sort par tous les pores de notre héros, comme par tous les recoins de son appartement, pour ne pas manquer. Un simple achat est constitué de dizaines et dizaines de bouteilles, qui sont essaimées partout, jusque dans la salle de bain.
- de mots. Les 120 pages sont jetées en un paragraphe. L'auteur passe d'un pan de la vie du héros ( depuis sa jeunesse jusqu'à aujourd'hui ) à un autre sans répit pour le lecteur. Il vous écrit 15 lignes sur un évènement actuel ? A la 16ème, sans sauter de ligne, il est revenu 10 ans en arrière pour en narrer un autre. C'est une permanence tout du long, comme pour ne pas laisser respirer.
- de pacifisme, sans qu'il y ait besoin d'en rajouter.
Remarquable écrivain russe, qui allie fond et forme dans un agencement parfait. J'espère pouvoir m'atteler un jour à son recueil de nouvelles, "Fox Mulder a une tête de cochon" !