Coldo3895 a écrit:Les Nouvelles de Maupassant
Divelord a écrit:Et/ou beaucoup de temps, c'est le cas notamment des Compagnies des glaces : la série complète fait quand même 99 bouquins
thyuig a écrit:
La faute à l'avalanche de livres qui ne cesse de croître et d'encombrer ma table de nuit, mon lit et le dessous de mon lit, j'ai passé quelques temps sans prendre de nouvelles du jeune Jim Hawkins. Ici, ça se compterait même en années.
Lorsque j'ai lu ce roman pour la première fois, j'avais dix ou onze ans. L'amiral Bembow et la fameuse litanie de l'aveugle battant le pavé, tout me paraissait authentique et bien meilleur que n'importe quel film ou série qui traitaient de la piraterie. J'étais le jeune Jim et moi aussi, je craignais Silver autant qu'il me fascinait. En fait, dans l'esprit de Stevenson qui destinait l'île au trésor à son jeune neveu (en fait, le fils de sa femme), je tombais pile dans la cible. Oh, bien entendu, à l'époque je n'avais que faire du style, du narrateur et de la concordance de l'action. Non, je voulais découvrir le trésor et mater la mutinerie. le roman faisait absolument sens pour moi.
Maintenant que je lis à nouveau, mon regard, élargi, se porte autant sur le roman de Stevenson que sur le Moonfleet de Falkner ou l'Ancre de miséricorde de Mac Orlan. J'ai la vue plus large même si, autant l'avouer, je vois moins bien. Pour autant je peux plus facilement juger des qualités littéraires indéniables de l'Île au trésor.
Comme je l'expliquais, il y a d'abord ce coup de génie, cette immersion franche et totale dans l'histoire puisque nous la vivons par les yeux du jeune Jim Hawkins. Il est aussi naîf que le lecteur et même si étonnamment courageux pour son âge, ses nombreuses bévues font avancer le récit et renforce sa position dans l'histoire.
J'imagine que des cohortes d'universitaires ont déjà disserté sur le sujet et je n'ai pas grand chose de plus à dire, sinon que l'immersion opère dès les premières pages. Celles-ci sont d'ailleurs indéniablement les meilleures du roman. Je parlais de l'aveugle, Pew, mais il y a aussi l'ouverture du coffre, le vieux capitaine Billy Bones et son addiction au rhum, la tache noire ! La situation de huis-clos où l'on sent l'Amiral Bembow vibrer sous la pression de la piraterie. La première partie est magnifique.
Mon regard de presque quarantenaire oppose un autre sentiment à la suite du roman que je trouve plus décousue et dont on dirait presque qu'elle a été écrite au fil des mots, à mesure que l'intrigue faisait sens dans la tête de Stevenson. Je me garderais bien de dire qu'elle est vacillante ! Non, elle se tient, mais aurait gagné à être plus massive dans certains passages : notamment le voyage en mer complètement éclipsé ou le récit de Ben Gumm un peu expédié.
Pour le reste, l'Île au trésor reste un fameux roman d'aventure auquel peu de livres peuvent se targuer de rivaliser en terme de forme et de contenu. Bien entendu, des yeux adolescents sont préférables à qui voudrait en profiter pleinement.
BOBetBOBETTE a écrit:Je l'ai lu il n'y a pas un an !
J'abonde dans ce sens.
En fait, j'ai eu en +/- 5ans, une passe d'aventure insulaire avec:
Deux ans de vacances, l'ile mystérieuse, Robinson Crusoé, Vendredi ou les Limbes du Pacifique (j'ai pas lu Vendredi ou la Vie sauvage mais je ne sais pas si c'est fort différent).
Le Complot a écrit:Tiens je note ce bouquin de Robert Merle, je n'ai lu qu'un de ses bouquins mais c'est du sublime.
BOBetBOBETTE a écrit:Le Complot a écrit:Tiens je note ce bouquin de Robert Merle, je n'ai lu qu'un de ses bouquins mais c'est du sublime.
Tiens, je crois que je vais lire l'île, comme j'aime bien R.Merle.
N'oubliez pas Fortune de France qui est spectaculaire!
Avec l'île, le premier questionnement consisterait à se demander si au demeurant, enlever 250 pages au roman pour le ramener à 450 n'aurait pas permis de le faire basculer de la catégorie "bon livre" à celle des chef d'oeuvre.
Le roman de Robert Merle est passionnant, certes, mais à la façon de certains écrivains humanistes, il est parfois légèrement redondant. Je pense particulièrement ici aux romans d'Ursula le Guin qui languissent quelques fois dans des eaux chargées de paresses littéraires : l'auteur explique, le lecteur écoute et l'action n'avance pas - on peut tout à fait goûter à ça, j'en suis moi-même extrêmement friand-.
Robert Merle agit un peu de la même façon, il n'a de cesse de réexpliciter sa thèse, en l'enrichissant, en la détournant et en l'enjolivant. N'empêche qu'elle reste la même : quelles lois pour vivre ensemble ? Où la liberté de l'autre s'arrête-t-elle ? Jusqu'à quel point peut-on ou doit-on prôner la non-violence ?
Au départ du roman, il y a l'idée simple d'une mutinerie sur un bateau qui va condamner les fautifs à un exil loin des yeux et des oreilles de l'Angleterre. Ce sera l'île,ridicule caillou perdu entre la micronésie et l'île de Paques. Déserte, elle va devoir accueillir lesm utins britanniques mais aussi des Tahitiens embauchés à Bora-Bora pour cet exil fantastique. 15 hommes et 12 femmes et avec eux, dans chacun de leurs gestes, dans chacune de leurs positions, cet être qui caractérise en plein leur différentes cultures. Etre un homme, un marin, et une fois à terre ne plus avoir de capitaine. Etre un Tahitien, être un chef sur son île et recevoir des ordres d'un simple matelot Britannique Etre une femme et devenir l'objet d'un chantage, se transformer en bien exploitable, se marier, être répudier, subir, incarner l'ordre ?
Le roman de Robert Merle interroge tout ça aux travers de personnages au fantastique charisme, tous habités par des idées complexes sur la façon dont cet exil devrait se dérouler. C'est beau et ça questionne et pourtant, c'est écrit avec la verve de London, Melville, Swift et Stevenson. Ce roman d'aventure parle de la liberté et de la contrainte Il est beau, et c'estpresque un chef-d'oeuvre.
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