Riusma a écrit:Ah oui, "Quartier Lointain", en deux tomes, c'est juste sublime. Une de mes plus belles lectures
Il existe également une version en un seul tome, cartonné sous jaquette, plus agréable à lire que les deux volumes souples. Ce fort monovolume respecte davantage l'original puisque les premières pages (cinq au total) sont en couleurs conformément à l'édition japonaise.
L'autre chef d'oeuvre, équivalent à "
Quartier Lointain" pour la richesse et la subtilité de son scénario, c'est "
Le Journal de mon père", également paru en volume cartonné sous jaquette, en plus de l'édition souple. Là aussi, on bénéficie d'une jaquette et des premières planches en couleurs.
En revanche, mais ce regret concerne tous les albums de Taniguchi parus dans la collection "Ecritures" de Casterman, exception faite du premier tome du
Gourmet solitaire qui existe en "version occidentale" dans la collection Ecritures et en "manga classique" dans la collection Sakkha (avec sens de lecture droite vers gauche, jaquette, format de base),
on peut déplorer que Casterman n'ait toujours pas offert à ses lecteurs la possibilité de découvrir
Quartier Lointain et
Le journal de mon père (ces deux notamment en priorité parce que ce sont les deux grands best-sellers de Jirô Taniguchi) dans une version manga classique, avec notamment le sens de lecture originel. Car, comme on peut le constater avec "Le Gourmet solitaire", certaines cases sont inversées et d'autres non. Autrement dit, selon qu'on lit le même manga dans la collection Sakkha ou dans la collection Ecritures, on voit tel ou tel profil du personnage. Sauf qu'il ne s'agit pas vraiment de l'autre profil. A cause du renversement de l'image, c'est comme si dans un bouquin sur la peinture, on nous présentait le tableau de la Joconde inversé. La joue gauche de Mona Lisa deviendrait comme par miracle sa joue droite. Et le paysage à l'arrière plan, notamment la rivière et le pont à droite du personnage, se trouveraient du côté gauche, etc... Serait-ce respectueux de l'oeuvre ?
Un autre one-shot de Jirô Taniguchi que je recommande à tous et notamment à ceux qui ne connaîtraient pas encore l'oeuvre de ce mangaka disparu en début d'année, c'est "
Un zoo en hiver" (collection Ecritures uniquement, hélas).
Le récit tourne autour de la profession de mangaka dans les années 60, avec un éclairage également sur le travail des divers assistants. Les éléments autobiographiques (apprentissage du jeune Hamaguchi) se combinent habilement avec la fiction. Il sait rendre ses personnages attachants, pas seulement celui ayant le rôle principal. La psychologie des personnages secondaires est toujours soignée et leur comportement trouve toujours une explication. On se retrouve à tourner les pages, fasciné, incapables de mettre un terme à sa lecture. Ou alors, si on le fait, c'est pour prolonger le plaisir.
Comment se désintéresser de ce qui tourne autour du métier d'auteur quand on aime la BD ? Jirô Taniguchi nous conte ce qu'on devine être ses débuts dans la profession avec un art consommé de la narration et du découpage.
Peut-être aurions-nous retrouvé un jour, si le destin avait laissé à Taniguchi quelques années de répit et une meilleure santé, le personnage de Hamaguchi au delà de sa phase d'apprentissage ?