Alonzo Cabarez a écrit:on peut déplorer que Casterman n'ait toujours pas offert à ses lecteurs la possibilité de découvrir Quartier Lointain et Le journal de mon père (ces deux notamment en priorité parce que ce sont les deux grands best-sellers de Jirô Taniguchi) dans une version manga classique, avec notamment le sens de lecture originel. Car, comme on peut le constater avec "Le Gourmet solitaire", certaines cases sont inversées et d'autres non. Autrement dit, selon qu'on lit le même manga dans la collection Sakkha ou dans la collection Ecritures, on voit tel ou tel profil du personnage. Sauf qu'il ne s'agit pas vraiment de l'autre profil. A cause du renversement de l'image, c'est comme si dans un bouquin sur la peinture, on nous présentait le tableau de la Joconde inversé. La joue gauche de Mona Lisa deviendrait comme par miracle sa joue droite. Et le paysage à l'arrière plan, notamment la rivière et le pont à droite du personnage, se trouveraient du côté gauche, etc... Serait-ce respectueux de l'oeuvre ?
Je partage évidemment ce point de vue, même si je comprends aussi que Casterman ait envie de s'adresser au public le plus large possible, y compris celui qui ne sait pas lire de droite à gauche. Néanmoins, dans la préface de L'homme qui marche (ça aussi, c'est pas mal, même si c'est juste un homme qui marche), on dit que Taniguchi a supervisé lui-même cette francisation, en redessinant (de mémoire) certaines mèches sur certaines cases pour que le personnage soit toujours coiffé pareil. Du coup, si l'auteur adapte lui-même, ça n'est pas totalement irrespectueux. On peut se demander pourquoi il se livre à une telle compromission, mais c'est lui qui le fait.