Message précédent :Je ne peux que me rallier aux points de vue exprimés juste avant par Genug et Eye of doom. Sans oublier Ocata qui vient d'enfoncer le clou !
Je plussoie, jeux pluçoient (?), je plus soit.
Les conseils d'Eye me semblent destinés à tout le monde, tout qui ne connaît pas très bien l'œuvre de Tillieux et qui hésite à se lancer.
Ocata ne tergiverse pas, n'y va pas par quatre chemins et son avis se veut pourtant généraliste et universel, il s'impose à tous et n'appelle pas la moindre discussion.
Mon intuition me dit que la réponse de Genug prend en considération ta personnalité sur le forum et tes centres d'intérêt, il introduit en quelque sorte de l'intuitus personae comme diraient les juristes.
On a tous lu tes interventions enthousiastes à propos des innombrables passerelles qu'il existe entre les créations de Tillieux
(lesquelles interagissent même avec une certaine production de Greg, le pompeur inspiré qui avait trouvé un modèle en Tillieux, tout comme Tibet, quand tous deux --Greg et Tibet-- livraient des planches encore graphiquement assez faibles aux HA de Fernand Cheneval) et il est difficile de ne pas te dire d'y aller. Tu le regretterais lorsque ces bouquins ne seront plus disponibles et ils n'ont pas vocation à être réédités ad vitam æternam. Ne viens-tu pas de nous dire que tu avais apprécié L'Aventure des Héroïc-Albums édité par l'Age d'or ? (moi aussi, au passage).
Pour cette unique raison, le Bob Bang est certes un péché de jeunesse, mais il devrait te procurer quelques satisfactions (là où il pourrait être snobé par d'autres). De plus, BB est un personnage qui se démarque pas mal dans la vaste production de Tillieux. Et c'est déjà un personnage qui s'impose au sein des HA. Avec sa casquette de marin, BB est une sorte de Tintin avec le couvre-chef et les fonctions de Haddock. Mais qui vit des aventures trépidantes, très mouvementées à la Tillieux (dont le modèle à suivre était Hergé, cqfd).
Aussi, après les louables efforts de Michel Deligne et un premier album par l'Elan sans recours à la couleur et sans les précieux programmes non-stop, cette fois-ci l'édition adopte le standard de qualité de l'intégrale Félix. C'est arrivé de façon inespérée. Tous les amateurs de Tillieux en sont, si je puis dire. D'autant plus que les précédentes tentatives, avec leur qualité de reproduction bien inférieure, se vendaient et se vendent pour l'instant toujours à des prix supérieurs au BB de l'Elan 2021 bien qu'offrant une qualité moindre.
Pour Balourd, Eye a tout dit. C'est du travail de commande mais justement, on voit comment dans cet exercice difficile et casse-gueule de la prévention des accidents sur le lieu de travail, malgré un contenu didactique, Tillieux (comme plus tard Chaland et Cornillon dans des travaux confidentiels et un peu comparables) parvient à déclencher des éclats de rire. Et graphiquement, dans les dernières années de Balourd (à l'instar de ce qui se passa avec Félix), Tillieux a atteint une virtuosité confondante qu'il est difficile de faire l'impasse. Et ces accidents sur le lieu de travail, on peut aussi les commettre dans un cadre domestique. Ce n'est pas plus drôle et souhaitable dans la vraie vie, c'est souvent un drame terrible. Mais dans l'univers de César où personne ne meurt, ça débouchera sur des situations cocasses et des gags souvent irrésistibles comme Tillieux en avait le secret.
Le premier album, souple et incomplet, m'avait ravi. C'est dire.
Ange Signe. Je n'ai pas lu (mais j'ai vu diverses planches de diverses époques) tous les épisodes de ce clone de Félix, mais seulement ceux publiés par l'Elan en deux albums souples épuisés (et repris dans le gros volume sorti l'an dernier) et j'en arrive au même constat qu'Eye. Au niveau scénar, il n'y a rien à dire, c'est au minimum égal à quelques vieux Félix et au mieux équivalent ou supérieur aux meilleurs Félix, ainsi de La Grotte au démon vert. Pour la Grotte au démon vert, Tillieux reprend du Félix mais avec un niveau technique qui a évolué, tant sur le plan de l'écriture (et en plus il n'est pas limité par les 12 pages des HA) que dans le traitement graphique. Cet aspect là, ce côté work in progress, est fascinant à examiner pour l'amateur (qu'on valorise en le qualifiant d'éclairé
), même s'il n'est pas spécialement complétiste.
Mais, hélas pour ses lecteurs, Tillieux n'avait pas (plus) le temps de remettre sur le chantier autant d'épisodes de Félix qu'il l'aurait voulu et de s'y atteler seul. Il dut pour plusieurs récits confier un travail d'adaptation graphique à des assistants qui, ça semble une évidence ou tout au moins un avis quasi unanime, furent rarement à la hauteur. A un point tel que certains épisodes de l'avatar Ange Signe sont inférieurs graphiquement (mais pas au niveau texte) que leur première mouture sous la forme primitive Félix. Ce constat pourrait tenir un profane éloigné. Mais l'amateur ou le complétiste passeront outre, l'un par indulgence pour un auteur qu'il admire et malgré tout afin de connaître cette partie du travail (alimentaire) méconnu ou oublié de Tillieux, l'autre pour ne rien manquer du Maître.