reddef a écrit:Je ne sais pas comment cela se passe en Belgique mais en France, depuis que Sarkozy a été ministre de l'intérieur puis président (et les suivants n'ont rien arrangé), il y a une dégradation des conditions de travail de la police national. Il faut faire du "chiffres" avec moins de moyen et de plus en plus de pression de la hiérarchie. Nous sommes passés de la protection de la population au contrôle de celle-ci.
L'exemple flagrant est la gestion des manifs. Gendarmes et CRS sont formés à cela mais comme ils sont en sous effectifs, on balance la BAC qui sont de purs cow-boys habitués à traquer les délinquants des zones et pas du tout à contrôler un mouvement social de rue. Résultat, ils provoquent à mort et ça dégénère très vite.
Sur ma ville, les manifs des Gilets Jaunes ont toujours virées en nawak une fois que la BAC intervenait, au grand désespoir de pas mal de gendarmes et CRS qui gèraient le truc (du moins, pour ceux avec qui j'ai pu échanger).
Je reconnais que les situations policières françaises et belges ne sont pas complètement comparables.
En Belgique, depuis cette malheureuse réforme des polices en 2001, nous n'avons plus de force de police militaire, la Gendarmerie a été dissoute. Et l'ensemble de leurs membres se sont retrouvés dans une sorte d'infâme gloubi-boulga, qui 20 ans après, est toujours aussi indigeste. Il y avait majoritairement de la coopération (malgré l'affaire "Dutroux" qui mit le feu aux poudres politiques) entre la Gendarmerie et les divers autres services de police, mais le monde politique d'alors, majoritairement socialiste, ne supportait pas de ne pas avoir un contrôle total sur la Gendarmerie. Là où un commissaire de police aurait bien voulu enquêter sur des malversations d'un élu de sa ville mais où il se faisait bien vite "recadrer" par son bourgmestre (maire) de tutelle, l'adjudant-chef de la brigade du coin, ou le commandant du district de la Gendarmerie du coin n'avaient de comptes à rendre "qu'au" ministère de l'Intérieur, à celui de la Justice et à celui de la Défense nationale. Très peu aux élus de sa ou leurs communes, dont ils avaient la gestion du territoire.
Chez nous, un Lallemand et sa déclaration, de nos jours il se serait fait suspendre (ça a été le cas récemment pour un commissaire responsable du maintien de l'ordre).
Nos policiers sont contrôlés par trois différents services : le comité P (composé principalement de juristes civils), l'Inspection Générale des services de police, et les comités de contrôle interne.
Chez nous, c'est quasi l'inverse de chez vous : les policiers qui sont attirés dans des guet-apens dans des cités, seront systématiquement accusés de violences policières s'ils se défendent. Le mot d'ordre durant les manifestations, c'est sans exagérer, ne rien faire, se laisser taper dessus, dans certaines limites, et donner une belle image de policier imperturbable.
L'impunité est grandissante, les auteurs de violences sont relâchés plus vite que le temps de rédiger le PV.
A part pour les unités des forces spéciales de la police fédérale (ex-groupe "Diane" de la Gendarmerie) et quelques unités d'appui spécialisé (un peu vos BRI) les policiers chez nous, ça fait peur de voir comment la majorité d'entre eux seraient incapables d'oser encore essayer de se défendre, de saisir un bâton téléscopique ou une arme à feu s'il le fallait. Alors, défendre les citoyens...