Extraits choisisLes États-Unis sont désormais ce pays où un riche retraité blanc se transforme en tueur de masse, où un policier peut affirmer que « oui, ici, on ne tue que les Noirs », où le Klu Klux Klan défile en public, où les affrontements raciaux ne cessent de se multiplier, où l'emprisonnement est devenu une industrie, où les inégalités sociales n'ont jamais été aussi fortes, où la santé et l'éducation fonctionnent comme des machines à discriminer. Et les États-Unis sont ce pays dont le président injurie via Twitter ses adversaires, menace de « rayer de la carte » un pays (la Corée du Nord) par l'arme nucléaire si besoin, menace d'en envahir un autre (le Venezuela), sermonne ses alliés dans des termes insensés, revient ou menace de revenir sur des accords internationaux qu'il a lui-même signés (accord sur le climat, accord nucléaire avec l'Iran, rétablissement des relations avec Cuba).
Bref, les États-Unis réunissent aujourd'hui quelques-uns de ces critères que George W. Bush déclarait retenir en 2002 dans son fameux discours sur les « États voyous » (rogue States) et « l'Axe du mal » : des États en crise, instables, agressifs, construits sur la violence, déchirant les règles communes.
Les fusillades de masse se multiplient à un rythme exponentiel depuis une quinzaine d'années. Comment ne pas voir, en écho, qu'il en est de même pour les violences policières, pour les crimes racistes et pour des politiques d'incarcération de masse ? « Au début des années 1970, nous avions 300 000 personnes derrière les barreaux. Nous en avons aujourd’hui 2,3 millions, auxquelles il faut ajouter 7 millions de personnes en sursis ou en liberté conditionnelle », explique à Mediapart l’avocat Bryan Stevenson. « Cette incarcération de masse m’inquiète pour la conscience et la nature même de notre nation », ajoute l'avocat.
Les États-Unis sont aujourd'hui ce pays où un homme noir sur trois âgé de 18 à 30 ans se trouve en prison ou en liberté conditionnelle. Où la « guerre contre la terreur » justifie le maintien en détention, en violation de toutes les normes de droit américaines et internationales, de près de cent personnes dans la base de Guantanamo. Où le président excuse les manifestations de l'extrême droite raciste à Charlottesville.
Bref, on ne peut rien y faire
Qu'est-ce qu'un « mass shooting » ? Un événement au cours duquel sont tuées ou blessées au moins quatre personnes… Depuis Orlando, donc, 585 personnes ont été tuées et 2 156 ont été blessées.