de L'Ombre Jaune » 24/02/2018 21:39
Alfred Elton Van Vogt et son cycle non-aristotélicien.
Je peux comprendre que l'objet principal du cycle des À est suffisamment dense pour que l'on se méprenne des intentions de l'auteur, et qu'on lui reproche d'écrire une science-fiction trop hermétique et peu sexy à lire. Personnellement, j'ai apprécié que l'auteur m'ouvre l'esprit à de nouveaux modes de pensée (en l'espèce, les fondements de la Sémantique Générale d'Alfred Korzybski) qui auront influencé peu ou prou les schémas actuels.
Et l'ensemble de l'intrigue n'est pas si illisible que cela.
D'autre part, il a écrit d'autre romans intéressants (A la poursuite des Slans) ou nouvelles (Processus) qui valent la peine, à mes yeux, qu'on s'y intéresse.
James Graham Ballard, le petit Jim perdu dans le camp de prisonniers japonais de "L'empire du soleil" (adapté au ciné par S.Spielberg)
A la suite du film, puis de la lecture du roman, j'ai aimé me plonger dans ses romans et nouvelles dont le principal fil conducteur est la représentation d'un (anti)-héros perdu dans un monde déjà, ou en voie de devenir post-apocalyptique, et qui, en guise de comportement le plus adapté pour en réchapper, adopte un plan de combat totalement à contre-pied et extrêmement atypique, à la limite d'une volonté auto-destructrice, mais qui s'avère paradoxalement salvatrice.
Voir : "Le vent de nulle part", "Sécheresse", "le monde englouti", "la forêt de cristal", pour ne citer que les romans, et l'excellent recueil de nouvelles "Vermillions Sands".
Poul William Anderson, principalement pour son "cycle de la Patrouille du Temps".
Lire cette partie de son oeuvre, c'est une manière de réapprendre l'Histoire dans la plupart de ses évènements phares, de l'Antiquité au monde contemporain, en passant par le Moyen-Âge ou le siècle des lumières, par le prisme d'une organisation future et ayant maîtrisé le voyage dans le temps, vise à surveiller les tentatives d'altération du passé. Sans rentrer dans les détails, je trouve que la logique du concept est bien plantée et argumentée, et les écueils des divers paradoxes temporels inhérents au genre sont savamment expliqués et relativisés. Passionnant.
Chauvinisme, d'avantage pour le Fantastique que pour la SF : Jean Ray, mon très respecté compatriote.
C'est noir, glaçant, avec une très légère teinte d'humour (noir, bien sûr), puisant parfois efficacement dans une mythologie historique de bon aloi, et foutrement bien écrit.
"La croisière des Ombres"
"Le grand Nocturne"
"Malpertuis" (une réécriture plus aboutie et mieux étoffée, par la mythologie, notamment, du précédent)
"Les cercles de l'Epouvante"
J'en passe, et des meilleures.
Et finalement, pour me faire brûler sur le bucher des hérétiques, un brave petit écrivain en paralittérature (tellement et injustement décriée par quelques snobinards de la "belle" littérature) : Henri Vernes, pour ce qui concerne le cycle SF de ses aventures de Bob Morane :
Certes, Henri Vernes est une sorte de kleptomane de la littérature : il n'hésite pas à piquer des bonnes idées. Qui ne le fait pas, plus ou moins volontairement ?
Donc, ok, il exploite clairement l'idée de Poul Anderson, et de sa Patrouille du Temps (il dira sûrement que l'un et l'autre eurent l'idée en même temps, mais bon, Anderson écrit son premier roman du cycle en 1956, et pour Henri Vernes, la Patrouille du Temps apparaît pour la première fois en 1957, dans "les chasseurs de dinosaures", hem... donc heuu..)
Soit, le mérite de Vernes, c'est qu'il exploite le filon pour aussi explorer les différentes époques futures, il ne se contente pas uniquement de planter un décor d'aventures dans un passé à protéger. En ce sens, il est bien plus polyvalent et passionnant à lire qu'Anderson, pour un jeune amateur de sensations fortes que peuvent générer les multiples paradoxes temporels, passés ET futurs. Pour autant, dans cette série interne aux aventures de Bob Morane, l'auteur chevauche plusieurs thèmes en même temps et cela ne lui permet pas autant de profondeur d'analyse des mystères du voyage dans le temps. Très plaisant malgré tout, je me devais de le mentionner :
"les chasseurs de dinosaures"
"S.S.S."
et tout le cycle de Bob Morane contre l'Ombre Jaune dans les méandres du temps.
EDIT
Pour être complet, il me faut rajouter, au rayon "Fantastique", tout le cycle "Ananké" (qu'il faudrait orthographier "Anankè"), qui envoie Bob Morane et ses potes dans un univers parallèle aux multiples mondes se succédant dans une progression concentrique, et où on y accède pour la première fois par une "porte" invisible et piégeuse.
Ce dernier cycle a reçu le prix du "Best european cycle" de l'eurocon (Convention européenne de la Science-Fiction), dans la catégorie "Fantastic and Fantasy award", en 1978.
L'Ombre Jaune est la Vie, mais elle est aussi la Mort. Elle peut sauver l'Humanité, mais elle peut aussi la Détruire.
, j'y ai renoncé assez vite pour part, ne voulant pas y laisser trop de neurones.
