J'ai fini
Le grand livre de
Connie Willis, et j'ai a-do-ré
Après la bataille (voire même avec une génération de retard
), je découvre donc cette autrice et son univers des
Voyageurs temporels d'Oxford.
Jusqu'à maintenant, je n'avais jamais été attiré par ces pavés ni, d'une façon plus générale, par le thème du voyage dans le temps qui m'a toujours paru un peu suranné (par exemple, je n'ai jamais lu
La patrouille du temps de
Poul Anderson). Sur un changement d'humeur, avec un peu de courage et une vague envie de "nouveauté" par rapport à mes goûts habituels (inspiré aussi par vos retours dans ce topic
), j'ai donc tenté le coup en commençant par le premier ouvrage de ce gros cycle... Et bien m'en a pris !
Une jeune historienne d'un futur assez proche revient dans le temps pour visiter le Moyen-âge et étudier les rites de Noël de cette époque. Hélas, un imprévu l'envoie à une date légèrement différente, en pleine arrivée de la grande peste au Royaume-Uni, tandis qu'à son époque, ses collègues affrontent une épidémie de grippe qui amène le confinement de la ville.
Si le bouquin fait parfois un peu son âge (la gestion des coups de téléphone fixes !), son charme réside dans l'enchaînement des situations, tour à tour logiques, incongrues, hilarantes, émouvantes ou dramatiques, conduisant à des imbroglios inextricables, sources inépuisables d'un suspens "à l'ancienne" haletant. Le tout est complété d'une caractérisation parfaite des personnages dans tous leurs travers, leur bassesse ou leur héroïsme. Bien que l'autrice soit américaine, on jurerait lire une pièce de théâtre ou la retranscription d'un film britannique, pleine de "non-sense", d'auto-dérision et d'humour anglais. Enfin, de très beaux passages humanistes, gonflés d'une foi humble et sincère, tout en retenue pudique, parachèvent le récit et portent l'émotion à son comble
Le style, très simple, est extrêmement efficace, avec des phrases courtes et énormément de dialogues bien écrits et traduits (excepté bizarrement plusieurs erreurs de genres de pronoms liés à une écharpe
).
Je rapprocherais cette écriture ultra-immersive de celle d'une
Loïs Mc Master Bujold, y compris dans le déroulé et l'emballement des péripéties, et les ellipses pudiques et émouvantes de celles d'un
Joe Haldeman.
Enfin, on s'aperçoit que la gestion de la pandémie de grippe est plutôt brillamment anticipée au vu de celle récente du COVID, entre la recherche des cas contacts et les pénuries occasionnées
dont celle (déjà !!!) du papier toilette en guise de running gag
C'est donc une certitude, je lirai le deuxième livre du cycle de l'autrice,
Sans parler du chien, au sujet duquel vos avis ici m'ont incité à sauter le pas et à me lancer dans ces lectures
Comme quoi ça fait du bien de varier ses lectures, et un grand merci à vous pour vos conseils !