J'ai édité pour ne pas trop en dire, désolé pour ceux qui auront lu la première version de mon avis de lecture...
Et voilà, je viens de finir Eversion d'Alastair Reynolds : je l'ai dévoré et adoré !


4ème de couverture (que je mets sous une bannière spoiler car je recommande de ne pas trop en savoir avant d'entamer la lecture) :
Un médecin, sans doute, à bord de la goélette Demeter, à l’orée du XIXe siècle, perdu dans les eaux norvégiennes en quête d’un Édifice dont il ignore tout ? Ou plutôt à la fin de ce même siècle, non loin du pôle Sud, sur la trace de ce même Édifice, prêt à rejouer un désastre annoncé ? À moins qu’il ne soit dans les entretoises d’un dirigeable, quelques dizaines d’années plus tard, en route pour le cœur de la Terre, sur la piste, toujours, de cette structure cyclopéenne mystérieuse ?
Silas Coade est médecin, et il se peut qu’il ne cesse de mourir à jamais, ici, là ou ailleurs… À moins d’envisager l’inenvisageable, et d’affronter l’impensable.
Difficile d'en parler sans spoiler

Sachez qu'il s'agit d'un récit d'aventure, dont la facture, classique de premier abord, va se déployer habilement et révéler une structure complexe surprenante, intimement liée à l'intrigue. C'est très malin, à la limite de la frustration mais prodigieusement stimulant, jusqu'aux révélations finales, quand les derniers fils se dénouent et que la compréhension devient totale.
La langue, bien servie par une traduction parfaitement réussie, est à l'aise dans l'expression des sentiments les plus complexes et nuancés, comme dans les passages les plus laconiques et efficaces, le rythme s'accélérant lui aussi avec l'urgence de la situation et le jaillissement des émotions. Le récit va jusqu'à oser mêler avec astuce plusieurs genres littéraires de l'imaginaire, sans oublier quelques hommages, clins d’œil et traces d'humour. Cela peut paraître beaucoup en si peu de pages, mais l'exercice est, selon moi, totalement réussi.
Comme Lobo, je connaissais Alastair Reynolds pour son Cycle des inhibiteurs, que j'ai lu en totalité il y a plusieurs années, dont j'avais aimé le style et les descriptions, mais qui m'avait déçu à cause d'intrigues inabouties pour finir par me perdre totalement dans une vision d'univers trop baroque et chaotique ; et ce, malgré des passages dantesques et des idées foisonnantes, au point que je ne m'en souvienne que de quelques bribes (un comble pour un total de près 4000 pages !

Sur un court récit, il a su ici m'accrocher, me séduire, m'emballer, puis, enfin, (et c'est ce qui me pousse à tant d'éloges) : m'émouvoir.
Bravo à l'auteur !
Vous aurez compris que je recommande.

