J'ai fini ce WE
L'artfeact de
Jamie Sawyer : ça ne m'a pas fait beaucoup réfléchir, mais j'ai bien aimé (malgré tout)
Le roman derrière cette immonde couverture putaclic en édition poche (vous avez le droit de vomir : les 5 soldats sont des copier-coller
) est le premier de la trilogie (+ 1 nouvelle) "Lazare en guerre".
Alors oui : c'est un space/planet opera sans suprise, ultra référencé MAIS sans fausse note et -et c'est finalement ce qui le sauve- dont la narration est très efficace. Si le pitch est un véritable pot-pourri de thèmes de SF (qu'on pourrait qualifier selon votre sensibilité de "bourrin" ou de "bas-du-front"), l'oeuvre se révèle plus sympathique que ce que laisse présager son résumé aux allures de tacos-cinq-viandes-suppléments-oeuf-et-3-fromages.
Je vous explique.
Le capitaine Conrad Harris, hanté par la perte d'un être cher, est devenu une légende dans le programme phare de la faction des humains gentils : les opérations
Avatar simulantes, des clones augmentés occupés par les consciences des soldats d'origine plongés à l'abri dans des cuves, et envoyés à la mort par pelletées dans les pires situations, au cours de la guerre qui oppose l'Humanité à une horrible race alien (oui, oui, vous êtes autorisés à imaginer morphologiquement ces
Aliens là
). Au point qu'il a gagné le surnom de
Lazare à force d'y mourir à répétition (voire d'y prendre goût ?...). Fort de ses états de service, il se fait envoyer avec son unité en mission aux frontières de l'espace hostile pour enquêter sur la disparition inquiétante d'une équipe de scientifiques partie étudier un mystérieux artefact.
Et c'est tout ?
Ben oui.
Vous êtes donc prévenus, les prochaines heures de lecture respecteront à la lettre le plan de vol.
Le cerveau en roue libre, la manette des gaz à fond et le doigt crispé sur la gâchette, on va donc dézinguer de la bestiole par paquets de douze, perdre des chéries, des vaisseaux et des bidasses, affronter des terroristes (la faction des humains méchants qui sont là, eux aussi, pour apporter leur lot de cruauté et de... méchanceté. Pourquoi ? Parce que !), des traîtres et un big boss, une planète hostile et une technologie inconnue...
On peut aussi penser que l'auteur s'est arrété là parce qu'il n'y avait plus de place pour d'autres clichés
Au passage, on a le
droit devoir, de convoquer toutes les références SF et classiques qu'on connait, c'est un vrai festival
Outre les évidences contenues dans le résumé, on pensera à
Au coeur des ténébères de Joseh
Conrad donc bien sûr à
Apocalypse Now, la copine s'appelle
Marceau (elle est française
), un vaisseau alien est surnommé
Le Grand blanc, etc... Ca continue tout du long !
.
Les personnages sont caractérisés à l'avenant, attachants juste ce qu'il faut, chacun dans leur rôle, bien dégagé autour des oreilles, On a souvent l'impression d'être immergé dans la tête des acteurs d'un film de James Cameron (vous savez, un certain épisode deux...)
Je regrette un peu l'absence d'humour, à part parfois un gloussement involontaire devant un énième poncif
Enfin, le bouquin n'a bien entendu pas de fin propre, ce n'est qu'un vulgaire premier épisode d'une trame plus ample déjà pensée, voire pré-écrite, voire déjà devinée, dont les suites révèrelont la vision d'ensemble.
Tadaaaah !!!
Ouf...
Non, ne vous sauvez pas encore, moi je me suis accroché et j'ai bien fait, il y a des trucs à sauver et c'est ce qu'on va voir tout de suite. Donc, pourquoi ai-je finalement apprécié ?
Parce qu'à aucun moment, il n'y a tromperie sur la marchandise.
Par exemple, les références s'accumulent mais elles sont bien digérées et pertinentes. Tant qu'à s'inpirer, l'auteur a copié ce qui se fait de mieux et de plus populaire, sans trahir l'esprit des originaux, avec un respect louable qui frôle la fanfiction. De plus, le récit, écrit à la première personne, plonge le personnage principal dans des états d'âme qui lui confèrent une psychologie assez fouillée. Le style, cinématographique, est bien entendu direct et tourné vers l'action mais il est emprunt de noirceur plus que d'héroïsme primaire et réserve quelques suprises. Le thème de la mort, ici celle répétée via les "simulants", est bien développé et les péripéties apportent leur lot de défaites qui font mal sans épargner les différents protagonistes.
Il faut reconnaître que parfois, il n'y a pas de mal à vouloir se reposer le cerveau, avoir envie d'apaisement ou, au contraire, de se défouler. Dans ce dernier cas, rien de tel que de se faire transporter dans un univers hostile pour défourailler ses fusils à plasma et lutter pour sa survie et le triomphe de son alliance militaire.
Si c'est ce que vous cherchez, alors ce roman en est le gratin honnête, régressif et canaille, comme une partie de Space Crusade, de Warhammer ou de FPS. Le genre de plat simple et roboratif que l'on est un peu honteux de commander, et dont on est finalement content d'être venu à bout, tout en lâchant un discret rot et desserant la ceinture d'un cran ou deux...
Ca ne gagnera jamais de Hugo, ce n'est pas aussi fin et distancié qu'un
Vieil Homme et la guerre ni aussi ambigu qu'un
Etoiles, garde à vous, mais ça a le mérite d'une cohérence solide, de références jouissives et d'un jusqu'au boutisme assumé. Bien plus plaisant, par exemple, qu'une lecture précédente,
Braises de guerre, qui avait les mêmes atours mais s'est révélée inepte
Par un temps caniculaire, sur la plage ou dans les transports, pendant quelques heures seulement, d'une traite ou en pointillés, ceux qui préfèrent lire plutôt que regarder des vidéos en streaming pour simplement se divertir en auront pour leurs frais.
Et c'est déjà bien.
Ah, si, j'ai trouvé encore 2 intérêts au bouquin.
J'achète mes livres en format poche et ça me ferait un peu mal au huc d'investir dans les suites en broché vu la durée de lecture réduite du bouzin. Donc il va me falloir attendre un peu, mais ce n'est pas grave : je n'aurai alors aucun mal à me souvenir de l'épisode précédent
Un dernier avantage est que les films sont déjà sortis, eux...