Journal d'un Assasynth T.6 : Télémétrie Fugitive Un opus mineur, à coté du précédent qui avait une toute autre ambition. Là on se contente d'une enquête policière à la sauce Assasynth dans une station orbitale. C'est sympathique, toujours agréable, souvent drôle par le regard que l'androïde pose sur l'espèce humaine, ses limites et ses incohérences. Un plaisir de retrouver un héros de série, mais ca ne va pas plus loin.
Les Voyageur T2 -: LibrationDans le premier livre on suivait l'équipage d'un tunnelier qui perçait des trous dans l'espace temps. Au fil des pérégrinations, Becky Chambers présentait son univers, avec ses codes, ses races, leurs sociétés, leurs croyances. Comme je l'avais dit il y a avait un petit coté Star Trek à égrener les particularités de différentes civilisations (en bien plus moderne). Pour le T.2, l'univers étant posé, on part dans une toute autre direction. On suit les chemins croisés de deux personnages secondaires du T1. D'une part l'IA du vaisseau qui va, de façon illégale, quitter le bâtiment pour intégrer un corps synthétique et vivre sa vie (et la découvrir). De l'autre, une tech croisée au tome précédent qui va l'accompagner tout au long de son émancipation et, dans des chapitres croisés, dont on va suivre la jeunesse sur le mode Robinson Crusoé/Seul au monde revisité science-fiction, avec pour seule éducatrice une IA. C'est très bien fait, un peu lent mais on ne s'ennuie jamais, avec un final un peu plus trépidant. La partie Robinson est sympa mais n'apporte pas grand chose comme réflexions si ce n'est la perception que l'on a du monde où un vaisseau abandonné dans une décharge sert de caverne de Platon. La partie la plus intéressante est celle de l'IA qui, à l'opposé, découvre le monde, son corps et ses limites, en immersion totale, sensitive et intensive dans la cohue d'une ville portuaire. Le résumé parle de sororité, et pour cause, le seul male de l'affaire est un bègue qui intervient très peu.
Un bon gros pavé, de la bonne grosse SF.
Nous Sur la chaine YT crypto-bolchévique BLAST, la série de vidéos Planète B tente de revisiter la littérature de SF sous l'angle politique. Dans la dernière mise en ligne, l'intervenant présente côte à côte
1984 - Le Meilleur de monde - Kallocaïne - Nous. Connaissant les deux premiers j'ai jeté mon dévolu sur
Nous. Ecrit en 1920 par un russe, on le décrit comme le prélude à 1984 et... c'est vrai. C'est même très intrigant de voir, au delà des nombreuses similitudes, comment on a pu écrire si tôt, après seulement 3 ans de révolution (et certes 30 ans de concepts intellectuels et politiques), comment on a pu décrire le monde qui s'annonçait. C'est de l'anticipation, une société mathématique dans un futur lointain où chaque individu est l'unité d'une machine unique, œuvrant au destin commun. Tout
1984 y est en germe (ou encore
Les Monades Urbaines de Silverberg), les jeux sémantiques (pas au point des oxymores, mais quand même), la destruction de la vérité, comme le contrôle permanent des individus, les délations et le peu de place laissée à la vie privé (la télé n'existant pas encore il n'y a pas de "télécran" mais de grande membranes pour écouter les passants). On y voit bien également à quel point l'optimisation du productivisme est un objectif commun aux deux idéologies pourtant concurrentes que sont le communisme et le capitalisme. Que le Happiness Manager d'aujourd'hui n'est pas si éloigné de l'optimisme exalté du travailleur soviétique.
Le style est un peu étrange, a la fois avant-gardiste et surranné. Mais, à y bien penser, ca pourrait être du Damasio.
1920 quand même... Bordel, quel visionnaire.