Samuel73 a écrit:Je l'ai reçu hier et je l'ai lu rapidement - il faudra que le reprenne. C'est effectivement souvent assez laid, notamment par l'abus de gros plans sur des visages déformés au-delà des limites acceptables pour un ensemble qui se veut globalement réaliste et même par moment documentaire. Certaines perspectives paraissent également très exagérées et plusieurs planches sont construites de façon peu satisfaisante.
Mais il y aussi de magnifiques paysages, notamment de la Nouvelle-Calédonie, des atmosphères enneigées quasi-magiques, des intérieurs de toute beauté. Au niveau du récit, c'est riche au point d'être touffu, avec toujours le même système de longs retours en arrière qui construisent un va-et-vient permanent entre les époques assez stimulant pour éviter l'ennui. Heureusement, car le didactisme de certains passages est franchement maladroit : les interminables explications fournies par Clara dans le train sont des copier-coller de manuels d'histoire, et les quelques dialogues avec des représentants de différentes classes sociales porteurs de mémoires différentes, même épicés de débuts d'affrontements verbaux, ne suffisent pas à les animer. Mais à d'autres moments, peut-être parce que le contenu transmis est moins bien connu, la grande et la petite histoire sont habilement mêlées : dans le voyage de la Virginie ou lors des séquences en Nouvelle-Calédonie, qui m'ont parue mieux traitées sur le plan narratif que celles de Paris, je ne me suis pas ennuyé.
Les trois principales figures historiques qui apparaissent durablement dans le récit y connaissent des fortunes diverses : Rochefort est allègrement massacré, physiquement et moralement, Louise Michel est idéalisée avec grâce (et ça fait plaisir), Nathalie le Mel est traitée correctement mais un peu trop vite -et il faut, je pense, connaître d'assez près l'histoire des mouvements sociaux du XIXème siècle pour saisir la teneur de ses querelles avec Louise Michel.
Quant au contenu romanesque, on "marche" ou pas. Je n'ai pas marché pour ma part, l'histoire mouvementée de Zabo-Clara-Klervi ne m'a pas intéressé ni ému, et j'ai trouvé la fin franchement décevante, à la limite du ridicule. Je pense que cela tient pour une part aux deux personnages féminins, qui n'ont pas réussi à me toucher comme l'avaient fait auparavant Isa ou Mariotte.
Malgré ces réserves, c'est tout de même une belle lecture, un brin trop longue, un brin irritante, mais pleine de plaisir et de découvertes.
n'ayant pas l'expertise sur les crises sociales du XIXè (mais les grands noms ne m'étaient pas inconnus), j'ai tdm trouvé +/- les mêmes défauts (les pages de gros plans de "tronches" et planches trop "didactiques") et qualités (trop peu de grands espaces, mais superbes quand il en a).
En effet, la fin frise le ridicule (je ne l'avais pas vu venir, non plus)
D'ailleurs si c'est le cas, il y aurait inceste Nanot+Klervi
Bon, je n'ai pas trouvé ce 3è cycle moins bon que le 2è, mais c'est clair que les productions récentes de Bourgeon n'ont plus l'aura de perfection des 80/90's.
Mieux vaut tapis Persan volé que tapis volant percé (Uderzo.... et oui, pas Goscinny)