Cette vision caricaturale du gros éditeur avide me semble erronée et mal informée
C’est justement parce qu’ils arrivent à vous faire penser cela, qu’ils arrivent à vous vendre n’importe quoi. Tu sous estimes grandement le cynisme des commerciaux et en particulier chez Dupuis. Chez Bamboo c’est pas mieux. Tu me dis « mal informé », bien au contraire. E t si tu savais qui était ces gens, si tu les connaissais ou les avez connus, tu verrais que la plupart des éditeurs de collection, ou ceux qui sont à un poste stratégique, même si certains sont de réels fans de BD (mais très rares), travaillaient on va dire de manière générique « dans la finance et le business » avant d’atterrir chez ces éditeurs. Et ils ont un regard purement commercial avant d’être artistique. Qu’ils vendent des BD ou des godasses, c’est kif kif et votre petit cœur de fan ils n’en ont que faire.
Même quand ils créent quelques collections pour sortir du lot de leur catalogue, comme chez Bamboo par exemple avec la collection « grand angle », ou chez Dupuis avec Air Libre, c’est faire d’une pierre deux coups car c’est justement donner l’image aux lecteurs qu’ils essaient de faire des trucs plus artistiques par (même si la BD l’est réellement) quand en fait, derrière cette facade, il y a toujours une idée derrière la tête qui elle, est moins artistique. Ils utilisent autant les auteurs que les lecteurs pour parvenir à leurs fins.
Alors comment est née cette série ?
Elle est le fruit de la cogitation d'un éditeur, oú de sa rencontre avec un auteur.
A ce stade, il n'est nullement question de marketing.
C’est évident. Un éditeur publie un projet et attend de voir si ça marche. Et si ça marche ben là il l’exploite jusqu’à la mort, et ce qui était au départ un beau projet artistique devient purement commercial. C’est d’autant plus visible sur la série Spirou tant ils se cherchent en cherchant le nouveau bon filon grâce au personnage.
Un bon livre n'arrive jamais par un calcul commercial mais parce que des gens ont pris plaisir à bien faire leur boulot
Ah ! C’est vrai et faux à la fois. T’as des directeurs de collection qui ont le melon parfois plus gros les auteurs et qui crée une série en se disant « ça sera la future Untelle série » (en référence à une connue et qui marche bien). Bien souvent ils se plantent d’ailleurs. Donc tu vois, désolé de te décevoir,,mais parfois c’est bien une stratégie dès le départ, que la BD soit ensuite réellement artistique ou non.
Par contre là où je suis d’accord avec toi c’est qu’au final, c’est le public qui décide ce qui en fait qu’une BD marche ou non malgré tous les calculs en amont de l’éditeur.
En effet, du fait de leur originalité, ces albums ne sont parfois pas ce qu'attendent les fans et ils ne font donc pas l'unanimité. Ce sujet en est la meilleure preuve
Pour le grand public, le vrai fan, continuera certainement d’acheter certainement parce qu’il ne veut pas un « trou » dans sa collection que constitue son univers favori. Après, comme je l’ai dit, ce n’est pas parce le succès escompté n’est pas toujours au RDV que ça n’a pas été calculé à l’avance par les commerciaux.
Alors oui, exploiter une licence qui marche est un acte commercial (XIII Mystery, les mondes de Thorgal, Spirou par, la jeunesse de Blueberry...) mais la manière de sélectionner et produire ces albums n'est pas "commerciale avant d'être artistique " comme le dit Baba.
Ah bon ? Explique moi comment stp alors.
En effet, le sacro-saint marketing vend ces albums pour ce qu'ils sont
Les lecteurs l'achètent donc en connaissance de cause, il n'y a pas de tromperie sur la marchandise.
C’est exactement ce que j’ai dit et répété depuis le début. C’est pourquoi j’ai bien dit que certains sont des "pigeons consentants" et non pas des "pigeons" tout court.
Enfin, cette collection n'a pas exactement le même public que la série mère. Elle va donc élargir le lectorat du personnage, sans que les lecteurs de la série mère ne se sentent obligés d'acheter ces albums "à part".
Il n'y a donc pas de piège, pas de captivité
Ben si. Ce qui a été fait avec la série mère qui se meurt doucement, et c’est parce qu’ils s’en rendent compte, qu’ils refont une série sur le côté. (Tout en espérant que ca relancera la série mère en même temps). En gros, on prend les mêmes et on recommence mais sous une forme différente, on crée une collection annexe et ça repart. La stratégie est exactement la même, sous couvert que c’est parce que c’est un dessinateur à chaque fois différent que ça fait plus « artistique » et pas commercial. Il suffit aussi de se pencher sur le choix des auteurs pour comprendre que ces des auteurs qui ont leur public aussi. Ce n’est pas Tartenpion. Le réel risque aurait été de recommencer à zéro. Là, on a des têtes d’affiches qui reprennent une icône. Et même avec ça, comme tu dis, l’accueil reste mitigé quand même. C’est dire s’ils sont pas doués les commerciaux de chez Dupuis ou que c’est le public qui devient de plus exigeant ?
Enfin, pour connaître les gens du marketing, je peut assurer qu'ils ne portent pas de costard 3 pièces,
C’était une image…(vu que vous aimez les BD)
et que ce sont des gens passionnés et motivés par la qualité du travail réalisé, mais ce ne sont pas eux, rappelons le, qui sélectionnent et suivent ces projets. Leur rôle se situe en aval, ils doivent juste les vendre
.
On n’a pas du côtoyer les mêmes commerciaux et ce que tu dis sur le fait qu’ils ne sélectionnent pas et ne suivent pas les projets et partiellement faux. Ils sont totalement intrusifs dans ce processus et encore plus si le projet est validé, pour mieux vendre leurs « produits ».
Enfin, Dupuis prendrait moins de risque qu'un petit éditeur ?
Je n’ai jamais soulevé cette question me semble t il. Mais pour y répondre, la question n’est pas une prise de risque mais de moyen, et clairement Dupuis en a plus (donc peut se permettre de prendre des risques) contrairement à un petit éditeur
S'il fait des choix artistiques très exigeants, et que le succès commercial n'est pas au rendez-vous, cet état de fait va perdurer, de même que s'il enchaîne des livres à l'intérêt discutable...
Dans ce cas là, un blockbuster peut s'avérer salvateur
C’est exactement ce que j’ai dit dans mes précédents messages
Vu depuis ma librairie, je peux attester du nombre de livres risqués qui sont produits par les éditeurs du groupe Média.
Oui sauf que le groupe Média a des moyens que n’a pas l’Association et Consorts. La différence est là et elle est de taille
Je pensent qu'ils publient autant voire plus de jeunes auteurs que bien des indés. Ces livres ne sont jamais (ou presque) rentables. Ceux-là, Baba ne doit pas les voir.
Si c’est mais ça, c’est un autre sujet. Là tu débordes du débat initial à savoir si « les Spirou de… » sont purement une démarche commerciale ou non.
Ces titres là ne seraient pas envisageables sans les blockbusters. En effet, un jeune auteur qui publie un livre chez média bénéficie d'une vraie rémunération, contrairement à ce qui se pratique chez pas mal de petits éditeurs (oú chez des gros qui ne sont pas aussi corrects).
Ok, mais encore une fois, c’est un autre sujet
Bref, la scission petits éditeurs sympas et artistiques, prenant des risques, et gros éditeurs en cravate comptant ses billets en publiant de la merde commerciale ne tient pas la route, cette vision est simpliste, caricaturale et fausse.
Je ne le pense pas pour les raisons évoquées dans ce message et les précédents. L’argument de dire, « il publie des tas de BD qui pourtant ne marchent pas et ne sont pas rentables » ne fait pas d’eux des philanthropes pour autant. Ils espérent bien que chaque série marchent. Parfois oui, parfois non. C’est la stratégie, comme celle de Delcourt et Soleil, on publie un max et on verra qui sort du lot. Et n exploitera à mort celui qui sort du lot, ce qui nous permettra de publier des nouveaux et dans ces nouveaux, encore un sortira certainement du lot et ainsi de suite.
Ce qui corrobore ton explication, sauf qu’elle n’est que l’explication d’un
résultat et non pas d’une
démarche. La différence est là et c’est ce j’essaie en vain d’expliquer.